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Michel Kamga : « le cinéma est une grosse machine… On doit faire un sursaut au Cameroun »

Acteur puis producteur, il se donne les moyens de s’affirmer comme une figure indispensable. Beaucoup d’idées et de participations jonchent son parcours. Son visage est connu des films et séries des chaines de télé nationales. Le film « Le colis » qui se déroule en deux parties déjà est de son ressort. C’est sur le plateau de tournage du Colis (2) baptisé Cercle infernal que Michel Kamga a bien voulu s’ouvrir à nos diverses questions.

Bonjour Monsieur Kamga, comment allez-vous ?

Je vais à très petits pas. Je vous souhaite bonne année (sourire) !

Bonne année 2014 ! Vous avez commencé comme acteur. Ensuite, vous avez enchaîné comme producteur-réalisateur. Serait-ce possible de savoir brièvement quels sont les marches que vous avez arpentées jusqu’ici dans le cinéma camerounais ?

Je dois dire que je commence d’abord sur les planches, c’est-à-dire comme acteur de théâtre et survient au Cameroun, la télévision ! Et nous pensons à faire un téléfilm, « La succession de Wabo Deffo » qui est le premier film dans lequel j’interviens, je crois que c’était dans les années 80… Depuis lors, je peux dire que j’ai évolué comme bourgeois dans plusieurs pièces, dans plusieurs films, téléfilms, qui ont été diffusés à Canal 2, à CRTV… Je peux dire que la toute dernière série dans laquelle on est passé, c’est « Excellence », parce qu’avant ça, il y’a eu plusieurs. Très succinctement, on a eu « La belle, le riche et l’école » ; « Ex Silence » ; la série qui est passée sur plusieurs chaines « Au cœur de l’amour »… Les films dans lesquels j’ai intervenu, le tout dernier c’était « Le colis (1) » ; « La poudre aux yeux » qui est passé à la CRTV ; « A titre posthume » à Canal 2… Il y’en plusieurs, je crois qu’on peut s’arrêter là…

Nous sommes sur le plateau du tournage du film « Le colis (2) », dont vous êtes le producteur…

Oui, je suis le producteur et j’ai aussi pris un tout petit rôle là dedans, sans qu’il soit le rôle principal…

Vous êtes face à la caméra depuis vos plus jeunes années. Vous avez été dans « La succession de Wabo Deffo » qui est un chef d’œuvre, un classique pour beaucoup dans l’univers du cinéma au Cameroun. Aujourd’hui, quelles sont les perspectives que vous avez par rapport au cinéma camerounais, par rapport à votre carrière ?

Si je devais regarder le cinéma camerounais dans son ensemble, je dirai qu’on a l’impression qu’il est entrain de faiblir, de baisser… Tout simplement comme vous le savez, toutes les salles de cinéma sont fermées au Cameroun ! Ce qui n’encourage pas bien entendu le développement du cinéma camerounais mais ce n’est pas une raison pour que nous baissions les bras. C’est ma philosophie à moi. Ce n’est pas parce qu’on a fermé les salles qu’on doit dire alors tout est fini pour le cinéma. Je crois qu’il faudrait qu’on comprenne que le cinéma est une grosse machine… Même à côté de nous, tout le monde voit ce qui se passe au Nigéria, à Nollywood ! On peut dire que le Cameroun devrait faire des efforts dans ce sens là… Le Cameroun devrait songer au développement de notre cinéma. Je dis ça comme ça ! Lorsque je vais au département ministériel qui est le nôtre, et qu’à ce niveau je me rends compte et on me dit que nous sommes entrain d’emménager une salle parce qu’il n’y a pas de salle au Cameroun ; celle-ci devait être opérationnelle en septembre 2013 ! Nous sommes en janvier 2014, on n’a toujours pas une date précise de l’ouverture de cette salle. On a cette impression qu’il y’a une espèce de tâtonnement. Enfin bon, je dis ça comme ça ! Nous autres qui faisons dans la production du cinéma, ce que nous visons c’est quoi ? C’est les festivals, c’est les salles à diffuser… Mais si déjà dans notre pays, nous ne pouvons pas les diffuser. Pour diffuser un film comme par exemple celui qui a précédé celui-ci, on est obligé d’aller à l’Institut français alors que nous avons notre Centre Culturel ! Pour y accéder ce n’est pas très facile. On va vous demander une caution de 300 000 F Cfa… Mais je crois que ces mesures n’encouragent pas. Surtout qu’on ne voit pas quel est l’apport réel du ministère. On vous demande la constitution du dossier, on va vous donner un coup de main, vous constituez le dossier, puis finalement vous ne savez pas ce que ça devient. S’il y’a à financer, peut-être qu’on finance les gens qui ne font pas du cinéma et ceux qui font du cinéma, on ne les encourage pas. Je n’accuse personne mais je suis obligé de dire un peu ce que je vois. Voilà en gros ce que je pense là-dessus mais je ne veux pas que vous prenez cela comme un découragement. Au contraire, c’est plutôt un sursaut qu’il faut faire. Il faut penser malgré tout à faire des films, même s’ils ne sont pas parfaits, qu’on les fasse quand même ; parce que c’est à force les médiocres qu’on finit par faire les parfaits, de meilleurs…

Vous êtes en plein tournage du film « Le colis (2) ». Brossez un peu sa quintessence.

Le 2 est bien sûr la suite logique du 1. Ce que nous avons eu à lister c’était le trafic d’organes humains, de drogue, de tous les stupéfiants… C’est ça qui est à l’origine de ce que nous avons traité dans « Le colis (1) » ; la lutte contre le trafic d’organes humains, contre la drogue…Et maintenant, dans « Le colis (2) », c’est une suite de la fin du colis (1). Nous essayons de montrer  que nous devons prendre les armes au besoin pour lutter contre ce genre de chose dans notre pays, contre cette organisation maléfique. Et, il se trouve que la plus grosse personne de cette organisation se trouve être un ministre. Alors, à la fin ce ministre va mourir parce que nous voulons mettre une croix sur ces choses là, ces trafics là. Mais comme chaque vengeance appelle une autre vengeance, c’est ça qui est à l’origine du Colis (2). Le ministre étant mort, est-ce que l’organisation pour autant meurt aussi ? Est-ce que ceux qui étaient dans l’organisation avec le ministre vont rester bras ballant ? Etant entendu que ce trafic là est pourvoyeur de gros sous, les gens ne vont pas laisser tomber très facilement. Ceux qui étaient avec le ministre vont suivre sa fille qui prend la relève pour recommencer le trafic. Mais comme nous sommes également intercéder pour lutter contre cela, nous disons tant que vous vous lèverez, nous essayerons de vous rabaisser. Nous essaierons d’effacer cette situation dans notre pays, tout au moins à notre niveau, au moins culturellement.

Donc à travers le film, on peut dire que vous vous insurgez contre les mauvaises mœurs au Cameroun et culturellement aussi ?

Voilà ! C’est exactement cela… Vous avez très bien compris. A travers le film, nous luttons contre ceux qui pratiquent ces choses là ; contre ceux qui violent, tuent nos enfants pour prendre les organes ! Ceux qui prennent leur sang, qui font dans la drogue et tout ça, nous ne voulons plus de ça chez nous… Voilà notre objectif à nous. Et nous espérons que ceux qui regarderons le film, comprendrons le message et puis, qu’ils seront avec nous pour qu’au besoin, on prenne les armes pour lutter contre toutes ces pratiques là.

Merci M. Michel Kamga…

C’est moi qui vous remercie.

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