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Comme Ateba Eyene, mon ami veut devenir Franc Maçon

Mon ami je l’estime beaucoup, surtout à cause de la clarté de son raisonnement, aussi bien que la liberté de son esprit. Et rassurez-vous, il ne se laisse pas enfermer dans la tour substantialisée du savoir pour le savoir, il sait le mettre au service de l’environnement dans lequel il évolue. Il est un engagé dans le sens citoyen du terme, il est créatif et sait prendre des initiatives qui ne cessent de surprendre.  Mon ami, depuis le lycée, a toujours été fasciné par les savoirs ésotériques, les sagesses anciennes, et les grands hommes de l’histoire. Avant la classe de terminale, on l’appelait l’évangéliste, parce qu’il avait une culture de la Bible rare chez le corps pastorale et ses membres. Il digérait l’ancien Testament, et se laissait diriger dans le la Nouvelle Alliance. Ses modèles de foi étaient toujours des bâtisseurs. Il avait un enivrement pour Noé et son arche, pour Nimrod qu’il qualifiait de plus grand bâtisseur de l’histoire avec sa fameuse tour de Babel. Il avait beaucoup d’admiration pour Salomon et l’immense maison qu’il a construite pour le Seigneur. Dans le Nouveau Testament, il était épris des valeurs christiques contenues dans les béatitudes, aussi par les idées de l’au-delà, la fin du monde, la résurrection, la discipline, la dialectique de l’esprit et de la chair, l’amour du prochain, la charité, le pardon. Son obédience chrétienne ne le limitait pas, il cherchait à comprendre d’autres religions, il partageait certaines  et rejetait beaucoup d’autres.

En classe de terminale, l’évangéliste sera baptisé d’illuminé. Ce sobriquet viendrait de notre enseignant de philosophie, qui ne cachait pas son envieuse jalousie pour mon ami. Après l’étude du mythe de la caverne de Platon, mon ami m’avait confié que c’était là le commencement et la fin même de la philosophie. C’est à partir de là, qu’il commençait à nous expliquer la relation étroite qu’il y’a entre la religion et la philosophie, entre Jésus et Socrate. Toutes deux, prônent la sortie des ténèbres pour la lumière. « Que la lumière soit et elle fut », voilà pour lui la plus grande réalisation de Dieu. Cette lumière pour le Chrétien, nous disait’ il, c’est la foi. Qui une fois chez le philosophe devient la raison. Quand s’empressait et dépensait pour avoir les posters géants des stars de la musique et du foot dans nos chambres et sur nos cahiers de cours, il collectionnait les images de tous ces philosophes et des grands hommes de la politique. Il rêvait lui aussi d’une carrière d’homme politique. Malgré le fait que notre prof de philo tenait à nous faire comprendre que la philosophie est incompatible à la politique, mon ami s’est toujours engagé. Et il a attiré la colère de notre prof, quand une fois, il a démontré en plein cours qu’une pléthore de philosophes, de Platon jusqu’au plus brillant dans notre pays, avaient fait de la politique.

C’est alors qu’après notre réussite au bacc, mon ami voulu militer, mais était bloqué quant ’à la chapelle politique à choisir. Son père était dans l’opposition, et ne semblait pas être satisfait de leur médiocre parcours. Et le parti au pouvoir était si critiqué par mon ami, même s’il admirait quelques militants de ce parti qui faisaient preuve de liberté d’esprit. Parmi cette infime minorité, il avait une étonnante estime pour Ateba Eyene, qui représentait à ses yeux, la figure du militant politique. Mon ami était contre les adeptes de ce qu’il appelait le « militantisme panégyriste », qui faisait dire à certains qu’on entre en politique comme on entre en religion. C’est-à-dire, en vouant quotidiennement un sacré culte à son leader charismatique. Pour mon ami, aussi bien en religion comme en politique, le militant aussi bien que le croyant, ne devraient pas mettre leur raison en congés sous prétexte qu’il faut « obéir comme un cadavre ». Ce qui l’impressionnait chez Ateba Eyene, qu’il aimait bien appeler « monsieur Charles », c’est cette facilité à se poser en s’opposant à plusieurs points de vue au fonctionnement même de sa chapelle politique. Il enviait ce courage de prendre la parole, de se servir de la plume, même si c’était souvent avec une certaine légèreté. Ce courage était très mal apprécié par ses pairs, qui faisaient tout pour ne pas fâcher le prince, et ainsi, cherchaient à le flatter soit par le silence ou par « les louanges outrées jusqu’à l’idolâtrie ».

Pendant la dernière étape de la vie d’Ateba Eyene, il était engagé dans un front sans merci contre les forces du mal. Ces adeptes des sectes ésotériques, qui profiteraient de leur adhésion à ces sociétés secrètes, pour agripper la république, en soumettant les autres citoyens à leurs pratiques plutôt malsaines et inhumaines à son gout. Monsieur Charles qualifiait cela de « magico-anal », et était convaincu, et ne ménageait aucun effort pour con-vaincre les uns et les autres, qu’il serait impossible de réussir dans ce pays sans appartenir à ces réseaux. Mon ami avait fini par s’apparenter aux propos de monsieur Charles, qui lui faisaient par le même coup, froid au dos. Il commençait alors à s’intéresser à la Franc maçonnerie et aux autres sectes ésotériques. Il apprendra et confirmera ce que disait monsieur Charles, les plus grandes figures de la science, de la philosophie, de la politique, étaient et sont membres d’une de ces obédiences. Et qu’en réalité on ne pourrait pas y échapper, surtout pour les ambitieux d’une carrière dans l’académie ou la politique.

Ainsi, mon ami commençait à s’interroger même sur son monsieur Charles. Et se demandait à chaque fois, s’il n’était pas lui aussi un membre de l’un de ces réseaux qu’il rejetait par la plus grande énergie. Il se demandait où prenait-il tout ce courage afin de s’attaquer aux gens aussi puissants que ceux-là, sans fards et sans ambages. Ne jouait’ il pas le jeu de l’infiltré, de l’espion, qu’on mettrait au-devant de la scène, pour attirer des âmes sensibles  par la méthode de la contre publicité ? Si non, comment comprendre que ce qu’il interdisait tout le temps pouvait aussi plaire autant ! Il voulait se convaincre à lui-même, sans élément de preuve bien sûr, que son modèle était l’un de ceux-là. En plus ne disait’ il pas dans ses analyses qu’il y’a les bons et les mauvais francs-maçons ? Que la loge en elle-même n’était pas pernicieuse ? Mon ami voulait comprendre que monsieur Charles était du côté des bons et des gentils. Lui aussi il voulait faire partie de ceux-ci, il voulait apprendre dans ce cercle une dimension du savoir que ni la philo ni la religion n’a pu ni voulu lui offrir. Il cherchait un certain prestige et charisme que ni ses diplômes ni son bagage n’auraient jamais comblé. De ce mystère, Il ne voulait plus rester à la périphérie, il voulait désormais le percer et au plus profond. Il voulait donc entrer en maçonnerie comme Ateba Eyene était entré en politique.

Il m’a promis qu’une fois dans les rangs de cette confrérie, il n’agira jamais comme un mouton qui se laisserait béatement guider et égorger par un berger. Que son esprit restera toujours en éveil, il critiquera, il changera les choses à l’intérieur de ces choses même. Parce qu’il est impossible et absurde d’essayer de le faire étant à l’extérieur. Il faut y entrer et faire entendre sa voix. Je comprends d’ores et déjà que les passionnés discours de monsieur Charles, ont agi inversement sur son esprit. Plutôt que de lui faire détester ces sectes, ont plutôt semé de l’attirance vis-à-vis d’elle dans son esprit. Il m’a promis qu’une fois accepté dans les rangs de cette loge, il fera renaitre la véritable franc-maçonnerie de ses tendres cendres. Il ne se laissera pas vautrer dans les pratiques sorcières et meurtrières, il ne se livrera jamais aux pratiques contre nature. Bien qu’il soit le plus hédoniste des épicuriens, il ne peut me garantir de ne point baigner dans une luxure qui friserait la débauche, et les excès de toutes sortes. Il me dit qu’il ne va point quitter l’Eglise, ses cantiques et la scène, et qu’il ne trouvait pas d’incompatibilité entre sa secte et sa religion. D’ailleurs tous les bâtisseurs dont il admirait l’héroïsme dans la Bible, sont, dit’ il, les pères fondateurs de la maçonnerie franche. Voilà pourquoi il ne compte pas cacher son statut après son intronisation, il sera fier de l’être, fier d’y rester.

Félix T. MBETBO

Chroniqueur, monsieur2035@yahoo.fr

Coordonnateur INTELLIjeuneTSIA

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14 commentaires

  1. Les élucubrations du regretté Ateba Eyene sont la démonstration plus criarde qu’il ne comprenait rien au phénomène de l’ésotérisme en général et à la Franc-Maçonnerie et la Rose-Croix en particulier. Ce n’est pas une insulte à sa mémoire mais simplement la constatation du fait qu’on ne peut pas etre omniscient. J’espère que votre ami se rendra compte que la Franc-Maçonnerie c’est une école de vie dont le seul but est le progrès et le bien de l’humanité. Tout le reste n’est que superstition et ruine de l’ame.

    1. disons plutôt que la franc maçonnerie et autres ruine l âme et le combat de Charles aura réveillé notre ignorance une fois de plus merci Charles pour ton combat

      1. En tant que Franc-Maçon je suis habitué à respecter toutes les opinions, y compris celle que vous semblez soutenir. Je vous prie cependant de me croire quand je vous dis que le préjugé est une forme très pernicieuse d’ignorance. C’est ce que je reprochais à Charles Ateba Eyene;quand un intellectuel de son envergure chévauche la superstition et les pulsions primitives du bas-peuple, il le distrait de ce qui compte vraiment et contribue à en renforcer les préjugés et surtout à le maintenir dans l’ignorance.

        1. je voudrais m’inviter a votre discussion en posant la question de savoir ce que la franc-maçonnerie a apporte de positif au Cameroun. Charles Ateba Eyene a il me semble, condamne la forme travestie de la franc-maçonnerie Camerounaise qui n’épouse pas les valeurs originelles de celle pratiquée outre mer. Penser qu’il ait pu introduire ces milieux me parait une insulte a sa mémoire même comme vous vous en défendez. Mais la critique aurait pu avoir tout son sens si de son vivant ,vous lui aviez propose des arguments contradictoires. Ses prises de position sur le sujet ont contribue a alerter la jeunesse de notre pays sur la perversité de ces sectes.

          1. Mr Mannorun (celui qui n’a pas peur):
            Dans l’esotérisme maçonnique au dégré supérieur, ny’a-t-il pas des sacrifices, des pas à franchir, qui nécessitent des dépassements de soi, des trangressions des comportements dont le commun des mortels juge inhumain. voulant atteindre et surpasser l’illuminisme du commun et s’élever aux cimes de la naturalité humaine des pratiques inavouées se font. A votre conscience je m’adresse. Vous serez libre d’etre vrai ou faux.
            Sinon pourquoi tant de famille en désaroi ? Pourquoi pourquoi ces demande de délivrance ? Cela n’engage que vous.
            Et ces Livres de pratiques magiques ?
            Des ex-frères font témoignage.
            Il y a des pratiques mystiques inavouées au publique et au novices.

          2. Les Franc-maçons partagent les memes idéaux où qu’il soient dans le monde. Avant de faire certaines affirmations, il faudrait peut-etre prendre la peine d’approfondir le sujet. La Franc-maçonnerie en général et celle camerounaise ne fait pas exception,n’a pas vocation à faire de la publicité sur son apport dans la société. Les vrais Frères et les vraies Soeurs travaillent dans le silence et ne se lassent pas distraire par le tintamarre et les jugements superficiels du monde,car comme nous enseigne la sagesse africaine,un arbre qui tombe fait toujours plus de bruit qu’une foret qui pousse…

        2. qu’est ce que la franc maconnerie a la camerouse a deja apporté au pays? peu t-on trouvé des valeur dans nos culture ancestrale en defendant celle des autres?

    2. Bonjour, avec tout le respect, je me rend compte que vous n’avez pas lu charles Ateba Eyene. Il ne dit en aucun cas que la Franc-Maconnerie et autres sont le mal incarné. D’ailleurs, il présente l’histoire et le but et le rôle des sectes et loges ( qui est positif et utile au progrès). SAUF QU’il constacte que ses sectes n’ont pas les mêmes logiques, les memes objectifs et rôles au Cameroun. c’est totalement l’inverse de la secte savante. Voila la thèse que défendait Monsieur Charles Ateba Eyene.

      1. Je reconnais ne pas avoir lu Charles Ateba Eyene, et c’est une lacune que j’espère combler très bientot. La connaissance que j’ai de ses idées me vient essentiellement des nombreuses interventions télévisées qu’il a consacrées à l’argument du « magico-anal ». A moins que vous ne souteniez la thèse que ses affirmations publiques contredisent ses écrits, nous devrions pourvoir tomber d’accord sur le fait qu’il a eu toute la latitude et l’espace audiovisuel pour exprimer sa pensée dans toute sa subtilité.La superficialité de ses analyses sur le sujet n’avait pas choqué que moi d’ailleurs. J’en veux pour preuve le débat qu’il a eu avec Ibéa Poincaré de l’Ordre de la Rose-Croix que je vous invite à revoir sur Youtube. On n’aurait pu lui opposer encore davantage d’arguments,mais hélas il nous a quitté trop tot. Paix à son ame.

        1. Je viens grâce à vous, de voir l’entretien avec P.Ibéa que vous m’avez conseillé plus tôt. Tout en étant objectif, j’ai regardé tout l’entretien. Je vous confirme donc qu’il y a adéquation entre la thèse défendue dans son livre et celle défendue dans cet entretien. Je ne m’aventurerai pas à généraliser l’adéquation de sa thèse avec les entretiens audiovisuels qu’il a pu faire. Je pense qu’il est clair dans ses propos: les loges ( Franc-maçon, rose croix etc.) d’après la logique de leur création, ont pour vocation d’élever un pays en mettant leur génie dans les réalisations pour la nation. Il compare ainsi les loges occidentales (qui ont été dans cette logique là et qui peut-être y sont toujours ) à celles du Cameroun qui ne mettent pas leur génie au service de la nation. Il n’est en aucun cas contre les loges, mais contre la perversion des loges par « les mauvais initiés » qui installent des réalités autres que celles attendues.C. Ateba, présente ainsi l’appartenance aux loges comme une nouvelle forme d’ascension sociale. L’appartenance aux loges n’est plus lié à la compétence et au mérite qui jadis était un déterminant fondamental:  » n’était pas maçon, qui le voulait » . Au Cameroun, la simple adhésion d’un citoyen le propulse en haut de l’échelle sociale. Qu’en est-il des compétents qui refuse cette appartenance? Je pense que C.A.E présente cette forme de perversion des loges comme un fléau social, et il essaye de sensibiliser les jeunes à ne pas tomber dans ces pièges.

          Maintenant, du point de vue de la forme, on peut lui reprocher certaines choses, par exemple sa gestualité qui peut être mal interprétée ( d’ailleurs, P.Ibéa l’a bien souligné).

          Mais, je pense qu’en essayant de mettre votre appartenance à une loge de côté, et en essayant être objectif vous verrez qu’il fait bien une distinction des bons et des mauvais initiés. Dans son livre ( que je vous recommande) il s’attaque aux mauvais initiés! D’ailleurs, il présente les bon initiés comme une potentiel vertueux pour une société!

          1. Je vous reconnais une approche pondérée et rationnelle qui facilite un débat constructif. Je prends acte de la distinction que C.A.E pensait pouvoir établir entre une soi-disante Franc-maçonnerie occidentale vertueuse et une Franc-Maçonnerie camerounaise dévoyée.Je trouve ce manichéisme plutot simpliste, puisqu’il serait aisé de retorquer que tous ceux qui se proclament franc-maçons ou sont désignés comme tels par l’opinion publique ne le sont pas forçement,et le fait qu’il y’ait des francs-maçons qui trahissent leurs idéaux(circostance malheureuse dont le Cameroun n’a pas le monopole) n’autorise pas à reduire toute la Franc-maçonnerie à ces quelques brébis galeuses. De façon plus générale je note une fois de plus que pour certains africains, ce qui est positif est essentiellement et forcement occidental,tandis qu’à l’Afrique de nos ancetres on reserve toujours les analyses et les interprétations les plus dénigratores. Ceci dit, je suis curieux de connaitre votre opinion;Y’a t’il toujours selon vous adéquation entre les écrits de C.A.E et ses affirmations dans l’entretien avec Thierry Ngogang du 13 aout 2013 dans lequel il presente son livre?

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