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Joel Bilik Atangana : « Le sang versé dans mon pays ne passera pas par moi… »

Figure emblématique du mouvement hip hop camerounais, et vos prises de positions dans des débats justifient votre réputation aujourd’hui, celle d’un homme engagé et toujours prêt à défendre les valeurs

Vous êtes une figure emblématique du mouvement hip hop camerounais, et vos prises de positions dans des débats justifient votre réputation aujourd’hui, celle d’un homme engagé et toujours prêt à défendre les valeurs. Vous venez d’ailleurs présenter un concept qui se veut national : Zéro Bain de Sang dans mon Bled.

Oui, Zéro Bain de sang dans mon bled est un gros projet, et je remercie déjà tous ceux et toutes celles qui l’accompagnent depuis ses débuts. Pour revenir à sa genèse, Zéro Bain de sang dans mon bled en tant qu’idée m’est venue au moment où le Cameroun tout entier était plongé dans l’effervescence des élections présidentielles de 2011. J’avais fait le constat que le paysage socio-économico-politique de notre pays était menacé de troubles et il y avait comme ce parfum de propagande qui visait à déstabiliser le triangle national. Les manifestations se faisaient plus ressentir sur les réseaux sociaux, et étant un internaute et activiste, je n’ai pas voulu laisser passer cela. Je prends l’exemple de Patrick Nganang qui à ces moments était très actif, et avec le soutien de ses amis, n’hésitait pas à brandir une image sombre du Cameroun. Ce dernier faisait état d’un pays qui serait en guerre et dans la misère, et qu’il faille absolument changer le « système »par les armes.  Je n’adhère pas à la chose politique, mais en tant que camerounais, je me suis érigé contre ces propagandes, car en laissant passer ce genre de choses, les conséquences seront très lourdes pour nous. C’est une question de bon sens et de logique, car il est inadmissible que le Cameroun connaisse ce qu’on a vécu en Lybie, en Côte d’Ivoire, ou encore en RCA. Nous savons tous ce que c’est, alors nous ne saurons plonger dans ce genre de plan.  C’est vrai, le projet a un peu dormi, mais là il vient de prendre un nouveau souffle. Il y a tout un forum Zéro bain de sang dans mon bled sur les réseaux sociaux, que j’anime personnellement avec le concour de SANDY MBARGA basée en France , pour interpeller les camerounais d’ici et d’ailleurs, puis il y a un projet musical qui arrive, autour duquel on a réuni pas mal d’artistes, et bien sûr on n’a pas négligé le côté spirituel de la chose.

Le forum compte combien de membre ? Et dites-nous en plus sur le projet musical qui en quelque sorte est le véhicule du projet.

Nous comptons déjà près de 3500 membres actifs sur le forum. J’avais voulu matérialiser ce projet en créant une association, mais il y a un ami, Francis Mbé, très touché par la démarche, qui m’a proposé son studio Black Feeling Recordz gratuitement, non sans reconnaitre en moi un grand mobilisateur. C’est ainsi qu’il me suggéra  de faire un disque qui saura mieux sensibiliser un grand nombre. J’ai donc accepté volontiers. Voilà comment on s’est orienté vers la musique. Et à partir de là, on saura mieux faire entendre notre message aux médias, aux mécènes, à la population, aux politiques. Nous allons sensibiliser la population, et le message est clair : « Le sang versé dans mon pays ne passera pas par moi ». Mais le message va au-delà car il est aussi question de conscientiser les africains ; nous ne devons pas laisser passer les terroristes, brisons la guerre, brisons les conflits, alors j’appelle à un mouvement citoyen, j’appelle à un soulèvement contre les colons qui reviennent en force.

Les colons, vous dites ?

Oui, ce sont eux qui revendent des armes à des factions de terroristes ; nous savons très bien ce qui se passe, avec l’envoi des militaires en Afrique et l’établissement des bases militaires sur notre terre, mais j’ai une question pour vous : a-t-on jamais vu une base militaire africaine sur le sol Européen ? Pourquoi est-ce que l’Occident établit-il des bases militaires en Afrique selon vous ? C’est une nouvelle colonisation qui est en marche. Les africains doivent se réveiller, et il faut absolument que l’on dégage ces bases militaires occidentales. Ce n’est pas à eux de gérer nos problèmes.

Revenons au projet musical, jusqu’ici combien de titres déjà enregistrés ?

Nous avons déjà quatre titres, et avons en projet d’en faire cinq ou sept. Mais sous le conseil de mon ami et chargé de communication du projet, Idrissou Arabo de kamerhiphop, kamermoov et culturebene, il était question de nous limiter à trois voire quatre titres dans lesquels interviendront plusieurs artistes, car nous avions déjà posé des voix témoins, là nous sommes à la phase des enregistrements. Nous avons déjà les accords de Foly Dirane, Thierry Olemba, Merveill’o, Aïjo Mamadou, Féros, LAB’l, Steeve Bikim, Tata Mentong, Boudor, Sumalek, Racin Sagath, Sanzy Viany, Michel Mbarga ,Urich Nanga ,Quincy Bad ,Cindy vox ,Stephanie MEUKAMNGANG ,Guespa Idol ,et bien d’autres grands nom qui vont s’ajouter la listes est ouverte et aussi des personnalités comme Idrissou Arabo, Hans Mbong, Dariche Nehdi, Sylvain Mbarga, Miguel Lafleur. Dj Bilik invite également des leaders d’opinion, des Bayam Sellam, tous les Camerounais, et surtout les ONG qui pourront financer ce projet afin que le maximum de public ait un support de sensibilisation. Nous voulons compter sur tout le monde : Les médias, les leaders d’opinion, les Bayam Sellam, etc. Les clips seront bientôt réalisés,des gadjets ,des cartes postales ,des concerts , et notre but sera de toucher les ONG et le gouvernement afin de multiplier autant de cd possibles, minimum 100 000 exemplaires et les distribuer gratuitement au plus grand nombre. Tout le monde doit prendre conscience, sinon comment allons-nous cheminer vers l’émergence sous la menace de la guerre ? Comment allons-nous gérer nos familles ?

Nous ne saurons boucler le chapitre musical de cet entretien sans toute fois faire allusion à la récente Répartition Spéciale (02 septembre) ; quel est l’avis de Dj Bilik à ce sujet ?

Je suis très remonté par rapport à cette histoire, déjà parce que le Ministère des arts et de la culture n’a pas qualité à répartir les droits d’auteurs, mais surtout parce qu’il a nommé un comité pour le faire et celui-ci est loin d’être légal. Ce comité est un parti pris, émanant d’un syndicat que tout le monde connait, le SYCAMU (Syndicat des musiciens camerounais). Les membres dudit syndicat ont pris le soin de s’octroyer de gros montants. Ce que j’ai d’abord trouvé flou, c’est que dans un communiqué l’on dise que c’est une répartition qui datait de décembre 2012- 2013, ensuite il s’est dit que cela venait du Chef de l’Etat, puis il nous est parvenu qu’il s’agissait d’une répartition venant de la CRTV, qui datait de 2012-2013. Moi ce que je voudrais savoir c’est : De quels droits se prévalent ces gens qui ont choisi d’allouer des montants spécifiques à tel ou tel artiste ? Sur quelle base l’ont-ils fait ? Ceux qui ont eu ces montants exorbitants ont-ils été réellement diffusés à outrance ? Comment se fait-il qu’on n’y retrouve pas les noms de Talla André Marie, Sultan Oshimihn, , CORRY , BLICK BASSY ,de Merveillo’o ,de SHAHMAN de red zone ,Dj Bilik qui pourtant au-delà d’être artiste est un producteur  et éditeur depuis plus de 15 ans,Benjamin Lokoua également un producteur de la place avec plus de 8 albums , Thierry Olemba ? On a donné des sommes vraiment dérisoires à des artistes qui tournent depuis des années. Regardez Chantal Ayissi, Féros du Bantou Pô-Si ou encore Valsero, One Love ; qui ont reçu des sommes minables… Ces mêmes gens qui fustigeaient le gouvernement hier, qui chantaient « Les voleurs de la République » -le concerné va se reconnaitre-, ce sont eux qui viennent imposer leur système et leur vision comme s’ils étaient des maitres du droit d’auteur, et font leurs magouilles. Moi je suis Dj Bilik, depuis 20 ans je développe le hip hop au pays, je le finance, j’ai produit des dizaines d’artistes à mes fonds propres en les formant dans le métier du show bizz et vous justifierez comment, le fait que je ne figure pas, ni mes artistes, sur cette liste ? Même des messieurs comme Louis Tsoungui qui a fait de Mapane Record un label prodigieux du hip hop au Cameroun, n’y figure pas non plus, alors que dans ce comité qui avait la charge des répartitions, se comptait un certain Krotal qui est du milieu hip hop, un frère d’arme depuis vingt ans. Benjamin Lekoua a produit au moins neuf albums, mais son nom non plus n’y figure. Bobby Shamahn de Red Zone également ne s’y retrouve pas. J’ai donc posé la question : Est-ce parce que je suis affilié à la Cmc que mon nom n’y figure pas ? On m’a répondu Non ! Il se pourrait que certains membres de la CMC aient été coptés pour toucher ces droits ; alors pourquoi il n’y a pas mon nom, ni celui du groupe SUMANJA ? J’ai investi des dizaines de millions dans la production, l’organisation des spectacles, l’édition, et eux ils touchent des grosses sommes… Incroyable ! Je vois ce qui se passe, et l’avenir nous dira des choses ; voilà ce que j’avais à dire sur ce volet.

Votre mot de fin ?

Je terminerais en tirant la sonnette d’alarme ; les africains doivent être très prudents. La lumière verte brille sur l’Afrique, d’où les convoitises. La lumière verte c’est la Vie, LE SAINT ESPRIT. Ouvrons les yeux, tournons nos regards vers  le Seigneur car Dieu peut passer par des obstacles pour ramener à l’ordre un peuple qui lui a tourné le dos. Merci à Culturebene d’être venu, ainsi que kamermoov, et ne cessez de soutenir le projet Zéro Bain de Sang dans mon Bled.

 

Par Dariche Nehdi

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