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André Mirabeau MAHOP : « En Guinée Equatoriale, je signais des autographes presque tous les jours… »

Journaliste à Canal 2 Internationale et à la radio Sweet Fm, celui qu’on qualifie déjà de jeune loup aux dents longues dans le milieu de la presse sportive camerounaise, revient ici sur son séjour en Guinée Equatoriale lors de la dernière coupe d’Afrique des nations de Football. Plus d’un mois après cette prestigieuse compétition, celui qui rêvait d’être footballeur professionnel dit avoir vécu une expérience magnifique au pays d’Obiang Nguema. Avec sa jeune carrière de journaliste, André Mirabeau MAHOP démontre chaque jour l’étendue de ses talents. Il dévoile également dans cet entretien, les coulisses de la présence de Canal 2 à la CAN, et nous parle de son programme « KICK OFF » qui a déjà été primé plusieurs fois lors des cérémonies de récompense de la presse sportive.

 

Que représente la  couverture médiatique de la CAN pour un jeune journaliste comme toi ?

Pour un jeune journaliste comme moi c’était  d’abord un challenge, parce qu’il faut dire que je n’étais pas au courant à un mois de la compétition que je devais y aller ! Dont entre l’euphorie de la participation et les défis qui nous attendent, on a de la peine à régler ses émotions. Entre la fête d’un jeune que je suis de partir vivre la plus grande fête du football sur le continent  et le fait de savoir qu’on est attendu au tournant, c’est un peu compliqué. Mais après on se dit que c’est le foot, on en parle depuis près de 15 ans. Il suffira de donner le meilleur de soi et d’être sérieux comme d’habitude. Mais au déla c’est une aventure passionante, vous avez l’impression que la télé est un miroir, tout le temps vous êtes à l’antenne. Ca devient finalement un jeu, mais un jeu ou il faut être sérieux. Donc au final l’expérience était belle, elle était magnifique. Surtout représenter Canal 2 International qui au passage est très connu en Guinnée Equatorial. On était presque des vedettes, c’est tout le monde qui voulait prendre des photos avec nous. Vous savez bien que cette chaine regorge de nombreux journalistes. Tout le monde ne pouvait pas partir, On n’a que retenu trois journalistes. Faisant partir de ces trois, on savait déjà qu’on était attendu au tournant. Au final, on espère avoir satisfait nos nombreux téléspctateurs avec les nombreux retours qu’on a reçus.

En Guinée Equatoriale, on pouvait vous suivre tous les soirs de CAN avec Bouba Ngomena et Divine NTARIKE. Alors comment était organisé le travail sur le terrain et quel était votre rôle dans l’équipe ?

On était comme je vous l’ai dit 3 journalistes, mais nous étions dans une équipe de 7. A savoir 2 caméraman, un infographe, un chef plateau. C’était assez bien organisé, tous les matins il fallait faire une conférence de rédaction, pour savoir où il fallait aller, ce qu’il fallait faire au cours de la journée. Etant le plus jeune de l’équipe, j’étais entre guillemets le « pompier de service » (sourire). Donc il fallait courir dans les interventions les plus rapides. S’il y avait une conférence de presse qui tombait de façon expresse, c’est moi qui devais assurer rapidement, s’il y avait une situation urgente je courais. C’est normal j’étais le plus jeune, j’étais toujours sur le « Qui vive ». Bref il fallait toujours être prêt. Dans l’équipe chaque journaliste devait produire des reportages au quotidien pour meubler le programme « AU CŒUR DE LA CAN » qui était produit chaque soir. Nous étions donc 3 sur le plateau, et je ne pouvais pas venir jouer encore le rôle de présentateur puisque Bouba NGOMENA et Divine NTARIKE co-présentaient déjà. Du coup je jouais le rôle de Chroniqueur-consultant pendant l’émission. Ceci nécessitait un travail de recherche en amont. Il fallait se renseigner sur l’historique, les joueurs, les statistiques, etc … En plus de la présence des invités, ces éléments venaient en appui pour illustrer et renseigner le téléspectateur sur les différentes sélections et sur tout ce qui entourait la compétition. Dans l’ensemble on faisait le terrain en journée et l’émission en soirée.

Et si on vous demandait de poser un regard général sur cette compétition dont l’organisation a été sauvée de justesse par la Guinée Equatoriale ?

En oubliant l’incident de la demi finale du jeudi 05 février entre le Ghana et la Guinée Equatoriale, la CAN était une fête populaire. On ne dirait pas que la Guinée Equatoriale avait pris 2 mois pour organiser cette compétition. Tous les stades étaient prêts, par-dessus tout ce qui était rendu. Les lions indomptables que nous avons particulièrement suivis se sont entrainés au stade de La Paz, il était bien sécurisé. C’est vrai que la pelouse n’était pas la meilleure de la planète mais c’était une très bonne pelouse. Les Lions sont allés du côté de Luba à la sortie de la ville de Malabo, la pelouse était acceptable, le stade était bien sécurisé avec des gradins modernes. Ils résidaient au SOFITEL, un hôtel de luxe situé en zone présidentiel. Condition d’hébergement, condition de sécurité, condition de transport tout était bien. C’est vrai que les journalistes ont eu des petits soucis avec les accréditations au départ, mais on peut se dire que l’organisation n’a pas eu suffisament de temps. Tout est rentré dans l’ordre par la suite. C’était vraiment une très bonne expérience, la compétition a été très bien organisée. La Guinée Equatoriale pour moi a réussi son pari.

Depuis le 12 mars 2014, les télespectateurs de Canal 2 International peuvent regarder vos chroniques de sport dans le programme « Canal Matin ». Il se dit que vous avez en quelque sorte révolutionné cette rubrique de l’émission ! Quel est le retour que vous avez de vos prestations ?

Sincèrement en prestant à Canal 2 depuis un an, Je n’avais pas encore eu les retours que j’ai eu ces derniers temps. C’est vrai qu’en me rendant dans certaines villes du Cameroun les gens me disent qu’ils apprécient le dynamisme avec lequel la rubrique de Sport est faite désormais, et qu’il faut continuer  dans la même lancée. Je reçois tout de même quelques critiques notament sur le football étranger. Mais c’est en Guinée Equatoriale que j’ai remarqué que j’étais regardé. Je ne vais pas dire que j’étais une super star, ce serait volé la vedette aux footballeurs. Mais j’ai vécu une expérience impressionnante et il n’y a qu’a demandé à mes collègues. Je prenais les photos à tout coin de rue avec des inconnus, des gens qui ne m’identifiaent que par mon nom et par mon image à la télé. Je signais des autographes presque tous les jours. C’est juste que les gens apprécient la façon avec laquelle la rubrique de Sport est faite à Canal Matin,  Ils apprécient le rythme et le personnage. Ce n’est diffusé que 3 fois par semaine et beaucoup ne s’en rendent même pas compte. C’est à Malabo que j’ai eu les vrais retours de mon passage à Canal Matin. Des gens me rappellaient même des anecdotes que j’avais raconté et dont je ne me rappelais plus. Du coup je me suis dit que je suis attendu au tournant et qu’il faut donner le meilleur de moi à l’avenir. S’il se dit que j’ai innové c’est vrai, c’était difficile les premiers jours, mais j’ai identifié les failles dans ce qui était fait ailleurs et j’ai rectifié le tir. Le défaut de la télévision au Cameroun c’est qu’elle dit plus qu’elle ne montre. Ce qui fait que quand je suis entré dans l’optique d’innové après avoir appris à faire comme les autres, je me suis lancé comme défi de montrer tout ce que je dirai dans cette rubique. Et du coup j’ai appris l’infographie et le montage vidéo pour toujours traduire en image ce que je dis à l’antenne.

A Sweet Fm, où vous travaillez à la rédacton centrale, vous animez surtout « KICK OFF », un programme consacré au football tous les lundis.Vous le définissez comme « La très haute définition du football camerounais » Est-ce que ce n’est pas prétentieux de votre part ?

Il faut toujours mettre la barre très haute pour peut être réussir à ne pas la sauter, ou sauter et impréssionner tout le monde. Quand Renaud Lavillenie (champion du monde du Saut à la perche, NDLR) met la barre à 6mètres 7, il est conscient que son record c’est peut être 6mètres 2. Après il se dit que s’il réussi à franchir la barre, il va battre un nouveau record ! C’est ce que j’ai fais, et je savais que mettre « La très haute définition du football camerounais » à la création de mon programme ce serait peut être prétentieux puisqu’il n’a encore fait aucune preuve. Mais 4 ans après on peut se dire si ce n’est pas la très haute définition, c’est au moins la définition du football camerounais pour l’instant, parce que c’est l’un des programme qui vend  ce sport au plan local et international. C’est déjà quelque chose et peut être dans 10 ans ce sera la très haute définition.Mon objectif c’est de promouvoir le football camerounais. C’est ce qu’on fait au fil des années. Chaque saison est un nouveau défi, on pense à apporter de nouvelles choses, créer de nouvelles rubriques, mettre un peu plus de piment pour tendre vers la perfection.

Cette émission qui est à sa 4ème saison a été recompensé plusieurs fois lors de la « Press sportive Award », organisée par l’Association des journalistes sportifs du Cameroun. Qu’est ce que ça te fais toi et ta jeune équipe de recevoir toutes ces récompenses ?

Personnellement ça ne me fait pas grand-chose, je suis juste content pour toute l’équipe. Si ce n’était que pour moi, en toute sincérité je ne postulerais pas pour les prix. Parce qu’on connait le langage camerounais, « il faut donner la bière à tout le monde ». Donc cela me met un peu sous le feu des  projecteurs et je préfère éviter. Mais pour l’équipe uniquement je suis toujours prêt à postuler et à gagner. La première année (2012) on a gagné le prix de la meilleure émission de sport, l’année d’après on a reçu le prix du meilleur montage audiovisuel, et  l’année dernière on a été triplement primé avec une fois de plus la distinction de meilleure émission et meilleur montage. Donc c’est dire qu’il n’y a pas de hasard et tout ceci est le fruit du travail de toute l’équipe.  « KICK OFF » c’est un peu plus de 10 personnes qui bossent pour les scénari des films, les reportages, les documents, la participation comme invités, consultants ou techniciens. Tous ont la même envie : servir le meilleur du football aux auditeurs tous les lundis. Donc je tire un coup de chapeau à toutes les personnes qui m’accompagnent dans cette aventure.

Vous qui êtes régulièrement au contact du football camerounais, quel regard posez-vous sur ce sport ?

Le football camerounais va très mal. On a vu l’élimination lamentable des lions cadets recemment, on a également vu comment l’équipe nationale a déçu avec toutes les potentialités qu’elle avait à la coupe d’Afrique, On voit comment le championat camerounais n’a pas de niveau. Panthère du Ndé a perdu à domicile face à un club Rwandais lors du tour préliminaire de la coupe de la CAF. Le spectacle des clubs de Ligue 1 est pathétique tous les week-ends et les spectateurs désertent les stades. Et bien le football se porte mal parce qu’il est tout simplement mal géré. Si une maison n’a pas à sa tête un bon chef de famille, certainement cette famille ira dans tous les sens. Chacun veut tirer la couverture de son côté, et à la fin la couverture se déchire et c’est ce sport qui est finalement sacrifié sur l’autel des interêts personnels. Donc je pense que le casting doit être refait. Il faut qu’on trouve des bons dirigeants à tous les niveaux. J’ai la chance ou la malchance d’avoir visité tous les secteurs du football camerounais, et à tous les niveaux il est entre guillemets pourri. Il est mal organisé et si rien n’est fait ça ira de mal en pire

Comment expliquez-vous votre passion pour le football ?

Dans la vie tout le monde a toujours une passion. J’aurais dû être passionné par la cigarette, l’alcool, le cinéma ou autre chose !(Rires) Le football tout simplement  parceque j’ai joué au football. J’ai disputé les championnats organisés par les sociétés brassicoles, j’ai joué la Ligue départementale du Wouri en classe de 3ème et de 2nde. J’arrête de jouer en Terminale, tout simplement parce que mes parents m’ont demandé de choisir entre le foot et l’école. J’ai choisi de continuer avec les études. Mais même en choisissant l’école je me suis dit que je ne sortirai pas du stade. Du coup j’ai décidé que si je ne suis pas coach je serai au moins journaliste. Après j’ai vu que la formation pour devenir coach dans ce pays est trop compliquée, et j’ai opté pour le journalisme. Donc en faisant première année à l’Université, je savais que j’allais travailler dans le monde de la presse. La preuve mes parents ont voulu m’inscrire en Science Economie, j’ai refusé et je suis allé faire communication malgré le fait qu’on était 600 dans l’amphithéatre. Dès la première année  je savais que je devais virer en journalisme. En 3ème année il était prévu que j’entre à l’ESTTIC, malheureusement mon papa est décédé la même année. Du coup j’ai dû continuer à l’Université de Douala. Bon à savoir, mon thème de soutenance en Master 2 était « La violence, symbolique dans le football camerounais ». C’est tout vous dire ! Si quelqu’un soutient sur le football cela prouve combien ce sport compte pour beaucoup dans sa vie. J’ai toujours voulu être dans ce domaine. Et pour moi couvrir un évènement comme la Coupe d’Afrique des Nations c’est vive sa passion. Le football c’est tout simplement ma vie.

Propos receuillis par Cédric TACHAGO

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