Après dix jours de deuil national, l’Afrique du Sud a rendu un ultime hommage à Nelson Mandela. Ses obsèques ont eu lieu en deux temps dimanche matin dans le village de son enfance, Qunu, où il a été inhumé à midi au moment où le soleil était à son zénith.
La première cérémonie a débuté peu après 7 heures par l’hymne national «Nkosi Sikelel’iAfrika» (Dieu bénisse l’Afrique). Ce sont les premières funérailles d’Etat de l’histoire de l’Afrique du Sud. 4500 dignitaires accompagnaient l’ancien président dans son dernier voyage , dont le prince Charles, le révérend américain Jesse Jackson ou la star de la télévision Oprah Winfrey. Mgr Desmond Tutu a finalement été convié. L’archevêque très critique envers le gouvernement sud-africain actuel et son président n’avait au départ pas reçu d’invitation, ce qui avait provoqué un début de polémique. La France était représentée par Lionel Jospin et Alain Juppé.
La cérémonie stricte, faite de discours, qui mêlait honneurs militaires et rites traditionnels Xhosa, a été loin de l’euphorie qui la vieille avait entouré le trajet du corbillard de Mandela à Mthatha, la capitale régionale. Devant le cercueil, et son parterre d’invités représentant presque toutes les nations de la terre, le président sud Africain Jacob Zuma a rappelé, une fois encore, combien le pays devait au défunt. «Et aujourd’hui plus que jamais nous devons l’écouter. Ses paroles sont souvent comme des versets de la Bible».
Son vieil ami et camarade de lutte contre l’apartheid Ahmed Kathrada a bouleversé l’assemblée en saluant son «grand frère». «Ma vie est face à un vide, et je ne sais plus vers qui me tourner», a poursuivi le camarade de détention de Mandela à Robben Island. Le compagnon d’armes a raconté: «J’avais vu à l’hôpital un homme réduit à l’ombre de lui-même. Il m’a tenu la main, c’était déchirant».
«Tatamkhulu, ta voix sévère va nous manquer…»
La présidente du Malawi Joyce Banda a elle évoqué la manière dont «tout le monde tombait amoureux de Mandela», provoquant une salve d’applaudissements. L’une des petites-filles du défunt, Nandi Mandela, a détendu l’atmosphère en revenant sur les qualités de conteur de son «tatamkhulu» (grand-père). «Il préférait les histoires qui lui permettaient de se moquer de lui-même», a-t-elle rappelé, «Tatamkhulu, ta voix sévère quand tu n’étais pas content de nous va nous manquer…»
Peu avant midi heure française, le cercueil a quitté le chapiteau où se déroulait la première cérémonie pour l’inhumation dans l’intimité. Comme une dernière marque de respect, les télévisions se sont vite éteintes alors que vrombissaient des jets et des hélicoptères rendant les honneurs militaires. «Ce fut vraiment une longue marche vers la liberté», a remarqué, en guise de derniers mots, le révérend Vukele Mahana, reprenant le titre de l’autobiographie de Nelson Mandela. Nelson Mandela a été mis en terre en présence de quelques centaines de personnes, essentiellement des proches. Le président sud-africain Jacob Zuma s’est levé quand le cercueil est descendu dans la tombe.
Sur l’une colline qui entourent les lieux, des guerriers traditionnels Xhosa, la tribu de Mandela, lances et boucliers en main ont eux aussi rendu un hommage armé à leur ancien prince. L’une des rares manifestations d’au revoir de Qunu à son plus célèbre enfant. Les écrans géants, plantés un peu en dehors du village pour accueillir la foule n’ont guère connu le succès. Quelques centaines de personnes, sagement assises et en communion avec «Tata». «C’était une belle cérémonie. Mandela méritait au moins cela. Maintenant qu’il est au paradis il va pouvoir continuer à nous aider», assurait Rohina Bbisa, une commerçante venue d’une ville voisine.
Mavisa, elle n’a rien vu de tout cela. «C’est un grand jour pour Mabiba mais il est normal pour nous», glisse-elle, sans un regard pour l’énorme dôme. Elle est restée dans sa petite maison rouge, comme chaque jour. «Désormais Tata est avec nous pour toujours. J’irai le voir plus tard». Elle ne dira rien de plus, mais sur son visage on lit l’envie que les collines de Qunu retrouvent leur calme, cette paix qu’a tant rechercher Nelson Mandela. L’ancien président sud-africain repose désormais dans un coin du domaine familial, où sont déjà enterrés ses parents et trois de ses enfants.
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