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Souley Onohiolo : « La gestion collective est-elle une malédiction ? »

Grand Reporter au quotidien le Messager et  très avertis sur la question de droits d’auteurs, le journaliste Souley Onohiolo nous livre son analyse relativement aux dénouements du côté du Premier Ministère dont l’implication ou non des personnes composant les comités (ad hoc et de suivi) qui en principe se présentaient comme des solutions miracles pour enfin assainir le secteur. Pour lui, c’est un éternel recommencement, et la gestion collective est comme frappée d’une malédiction ; la sortir de l’ornière demeure utopique, malgré tous les efforts apportés…

Vous êtes très renseigné sur la question des droits d’auteurs pour avoir non seulement écrit mais aussi pu observer leur évolution depuis plus d’une quinzaine d’années ; aujourd’hui, il ne serait pas incongru de penser que nous ne sommes peut-être pas sortis de l’auberge avec la tournure que prennent les choses au Premier Ministère. Quel est le regard du journaliste que vous êtes, y relatif ?

Le comité ad hoc arrive au moment où nous sommes en plein dans l’enlisement total, je dirais même dans le chao. C’est-à-dire qu’on ne sait plus où on va, aucune des sociétés de droits d’auteurs n’a d’agrément, des sommes colossaux ont été spoliées, la CPMC est devenue un tonneau des danaïdes, il y a des clans qui se forment et s’affrontent, etc. Mais arrive enfin une solution qu’on applaudit vivement : la mise en place d’un comité ad hoc ; on s’est tous dit : « Cette fois-ci tout va s’arranger car le gouvernement s’est enfin saisi du problème et a eu la bonne idée de réunir les différentes parties en conflit dans le but de trouver un modus vivendi qui permette aux uns et aux autres de sortir de l’impasse. Au sein de ce comité ad hoc on retrouve quand-même les expertises, les ressources humaines pertinentes  et compétentes…

Jusqu’ici tout semblait rouler pour tout le monde, jusqu’à la création d’un autre comité dit de suivi… Une situation qui, on comme l’ont remarqué certains, ne fait pas l’unanimité vraisemblablement !

Il faut souligner qu’effectivement, la situation se complique lorsqu’on crée le comité de suivi d’assainissement de la gestion des droits d’auteurs. En effet, lorsque le SG des services du Premier Ministère, Louis Paul Motazé, constate la composition dudit comité et procède à son installation, c’est avec stupeur qu’on se rend compte qu’il manque certain acteurs. C’est de ça dont il est question, et ça a commencé à jaser. C’est curieux, parce que ceux dont les noms ne figurent pas dans la composition de ce comité sont en réalité ceux-là même qui forcément devaient y être. On ne comprend plus rien. Ne perdons pas de vue que le comité est là pour régler un problème précis ; les autres membres, notamment ceux des ministères, sont ès qualité, mais ceux qui sont des responsables, c’est-à-dire des syndicats, sont des représentants des ayants droits. Il est vraiment dommage que certaines choses qui doivent être faites pour le bien des principaux concernés, c’est-à-dire des ayants droits, soient faites en leur absence !

On n’est vraiment pas sorti de l’auberge, monsieur Onohiolo…

C’est peu de le dire ! A un moment on se dit que les choses commencent à avancer, mais par la suite elles se compliquent, comme si certaines personnes voudraient inventer l’ordre protocolaire. Pourtant on sait très bien que le Président de la République empêché peut désigner un représentant, et dès lors que ce dernier a mandat, le problème ne se pose pas ; alors pourquoi faire la fixation sur les présidents des syndicats ? Et vu que le président du SYNAPROM est entre deux villes, il dit : « Je ne peux pas être là tout le temps, alors je vous envois telle ou telle personne », et ça arrive au moment où on a tellement braillé, parce qu’on nous a laissé croire à un moment qu’au niveau du ministère du travail on n’avait pas la liste des syndicats agréés, or entre le premier ministère et le ministère du travail il n’y a qu’un seul pas. Pourquoi au Premier Ministère, lors de la mise en place du comité ad hoc on a accepté travailler avec  ces syndicats sans toute fois exiger d’eux de faire venir leurs ayants droits quitte à ce qu’on vérifie s’ils sont en ordre ? Ce sont des arguments qui ne tiennent pas.

Si nous vous avons compris, la venue de ce comité de suivi qui, comme vous l’avez signalé plus haut n’a tenu compte de certains syndicats, serait alors hypothétique ou fonce droit au mur ?

Ce qu’il faut retenir de cette situation c’est que le comité risque travailler pour rien ; déjà je puis vous dire qu’on ne sortira pas de la crise, ce à cause de deux fautes. La première est d’avoir  décapité le SYCAMU qui a un fort potentiel en termes de membres. Deuxièmement, ils auraient pu faire avec le SYNAPROM qui a également une force en termes de membres et qui est un mammouth en termes de représentation syndicale. Ecarter ces deux syndicats  dans ce processus important c’est très dangereux, parce que si ces deux se mettent ensemble, le comité n’aura rien. Le syndicat de monsieur Angoula Angoula est tout petit en termes de représentativité, pareil pour les autres syndicats retenus. Or, les vrais syndicats qui parlent pour le bien des ayants droits, ne sont pas présents ; c’est vraiment très curieux ! Voilà pourquoi d’aucuns semblent voir  un rapprochement entre le SYCAMU –malgré le fait qu’il soit suspendu- et le SYNAPROM. Si ces deux se mettent ensemble, ça va être très compliqué, le comité fera du sur place, et l’univers des droits d’auteurs revivra son éternel recommencement. Voilà pourquoi un jour je m’interrogeais si finalement le droit d’auteur n’est plus ni moins qu’une malédiction ? Pourquoi à chaque fois qu’on a le sentiment d’avoir trouvé une solution de sortie de crise, qu’il y ait toujours quelque chose qui vienne compliquer l’avancée du processus. En plus, admettons quand-même que si on a pu atteindre un certain niveau dans cette nouvelle aventure, c’est bien parce que le SYNAPROM a mené en amont un travail et a critiqué le fonctionnement du droit d’auteur ; ses efforts se sont fait sentir à tel point que le gouvernement s’est impliqué à travers la Primature. Mais le plus dangereux dans cette affaire, c’est de laisser croire –et là je suis convaincu que les artistes ne vont pas l’accepter- qu’il y a bien là une tentative de récupération ou plutôt de l’étatisation du droit d’auteurs en dépit de l’existence de la loi 2000 et du décret portant application de Novembre 2001. Ce sera alors dommage de se rendre compte qu’on ait abattu tout ce gros boulot pour rien !

 

 

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