Les autorités sud-africaines ont interdit mardi dernier l’entrée sur leur territoire à un prédicateur chrétien américain dont les propos homophobes ont suscité une levée de boucliers de la communauté gay sud-africaine qui s’était mobilisée contre sa venue.
Il comptait « conquérir des âmes », il est reparti sans même avoir pu essayer. Steven Anderson, de la Faithful Word Baptist Church dans l’État américain d’Arizona, était attendu ce week-end en Afrique du Sud. Mais l’annonce de sa visite avait suscité un tollé et une pétition en ligne contre sa venue avait recueilli plus de 60 000 signatures.
Conséquence de cette levée de boucliers, le ministre de l’Intérieur Malusi Gigaba a annoncé que « Steven Anderson et les membres ou proches de son église » étaient « interdits d’entrer en République d’Afrique du Sud. » Alarmé par la mobilisation contre la venue du pasteur américain, le ministre a déclaré : « Nous avons le devoir d’éviter tout préjudice et toute manifestation de haine, quelle que soit sa forme, contre les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transsexuels (LGBT) ».
Insultant envers les victimes du Bataclan et d’Orlando
Le prédicateur, adepte d’une lecture littérale de la Bible, suscite régulièrement la controverse. Il a notamment qualifié les homosexuels de pédophiles. Il avait prié en 2009 pour la mort du président américain Barack Obama en raison de ses convictions pro-avortement et qualifié les victimes de l’attentat du Bataclan à Paris en novembre 2015 de « fidèles du diable » avant de se réjouir de la tuerie survenue dans une boîte de nuit gay d’Orlando, aux États-Unis.
Dans un entretien accordé plus tôt mardi à la radio locale sud-africaine Cape Talk, Steven Anderson avait accusé l’ancien archevêque sud-africain Desmond Tutu, prix Nobel de la paix et défenseur de la communauté homosexuelle, d’être un « pervers (…) en robe rose », en référence à la couleur de sa chasuble. Réagissant sur Facebook à l’interdiction qui le vise, il s’est dit « désolé pour les personnes vivant en Afrique du Sud ».
L’Afrique du Sud, progressiste en matière de droits des LGBT
Les Américains n’ont pas besoin de visa pour entrer en Afrique du Sud, mais le ministre Gigaba a expliqué avoir révoqué l’exemption de visa pour le prédicateur. « Si on l’intercepte à n’importe quel point d’entrée du pays, il sera arrêté puis expulsé. Nous ne le voulons pas dans le pays », a-t-il assuré. L’Afrique du Sud, qui a légalisé le mariage gay en 2006, est un des pays les plus progressistes en matière de droits des LGBT.
Steven Anderson doit se rendre prochainement au Botswana voisin, où l’homosexualité reste un crime.
Avec AFP
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