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Françoise Ellong : « Au Cameroun, tout le monde veut être réalisateur »

Comment se passent les ateliers que vous avez commencé à animer ?

Bah ça se passe bien, ça a commencé depuis le 06 novembre et ça se déroule à l’IFC. On fait des journées assez longues tous les jours, même le dimanche ! Et, ça se passe super parce que j’ai dix stagiaires qui sont là, c’est vraiment dix personnalités différentes. Le premier jour c’était assez timide, ils n’osaient pas trop. Ils n’aiment pas trop prendre la parole, etc. ils ont vite compris que l’atelier, je voulais qu’il soit vraiment interactif… Je n’ai pas envie de parler pendant trois heures tout le temps, tout le temps. Le but pour moi, c’est qu’il y’ait beaucoup d’échanges. Depuis le 2ème jour, ça se passe super ; ils sont très impliqués, ils comprennent vite les choses. Comme on est plusieurs, il y’a un brainstorming qui se passe. C’est-à-dire que les idées fusent de partout, on fait des débats. Ils apprennent énormément, j’apprends énormément aussi parce qu’il ne s’agit pas juste de transmettre les choses. Il s’agit aussi d’en recevoir. Bon moi, je suis très content. Ils ont commencé  à écrire concrètement un scénario. J’ai créé des binômes en fait parce qu’ils sont dix. Donc, on a cinq pitch qui sont sortis de notre travail depuis le début. Je suis très contente des pitchs parce qu’ils sont très surprenants en fait. Très différents des films qu’on voit au Cameroun d’habitude. En ça, pour moi c’est vraiment quelque chose de sympa. J’ai réussi à leur imprégner de ce que moi, j’aime en fait, au final. J’ai me les histoires originales, les histoires qui sortent du commun. Et ça, ils l’ont compris parce que quand on a commencé à travailler sur les pitchs de chaque groupe, c’était très surprenant. Et ça, ça me plait beaucoup. Donc, ça se passe super, on est vraiment très content !

Nous sommes à l’ouverture des RIFIC, comment avez-vous ressenti ces courts métrages projetés ?

Moi, ça m’a plu. Le premier, il était un tout petit peu abstrait à mon goût. J’avais vraiment du mal à me mettre dedans, je me suis demandé où est-ce qu’il veut en venir ? Qu’est-ce qu’on fait, etc. Il y’avait des plans qui étaient un petit peu trop long. Après que le temps passait, puis j’ai compris où est-ce qu’il voulait en venir et plus ça a eu du sens pour moi. Donc, pour moi pour ce premier film là, j’ai trouvé que c’était un joli challenge de mettre si peu de dialogue dans ce film et de jouer vraiment avec ce silence, avec cette lampe qu’on suit un peu partout et puis, le mélange du souvenir à la réalité, je crois ça fonctionnait plutôt bien. Bon moi j’ai passé un bon moment. Finalement ça a été beaucoup plus court que ce que je pensais. J’avoue que je n’ai pas vu venir la fin, ça m’a surpris… Et, le deuxième film, bah j’ai trouvé ça super drôle, c’était vraiment drôle. Il y’a avait deux trois petits couacs de temps en temps, mais ça n’empêche pas que le film était bien à regarder, c’était drôle, etc. J’ai passé un bon moment, moi je suis contente d’être là hein…

Vous semblez très proche du  comité d’organisation des RIFIC, mais en même temps, quel est votre avis à propos de ce Festival International du Film Court ?

En fait c’est la première que j’assiste au Yaoundé Tout-Court. Je n’ai pas de comparaison à faire avec les éditions précédentes parce que je ne connais les éditions précédentes. Par contre, en revanche, ce que je peux dire c’est que Frank (…Olivier Ndema, Délégué Général RIFIC, ndlr) moi on s’entend très bien. C’est quelqu’un qui a beaucoup soutenu mon projet « Waka » quand je suis arrivé au Cameroun pour tourner, il est venu me dire bonjour… Et aussi, quand j’ai commencé à tourner, il est venu un jour sur le plateau. Et quand je suis allée à Cannes parce que « Waka » était au marché du film, il a passé un moment avec nous là-bas. Donc, enfin voilà Frank et moi, on s’entend très bien, on a la même vision des choses niveau cinéma, on partage les mêmes goûts cinématographiques. Du coup, on s’entend vraiment bien, et quand il m’a proposé de venir pour son festival et que j’anime un atelier scénario, bah j’ai dit oui tout de suite hein ! J’ai plein de choses à faire à Paris et j’ai tout mis en stand by… j’ai envie d’être là, j’ai envie de le soutenir comme il a soutenu mon projet. Et, du coup je suis très très solidaire et j’espère que ça va bien se passer. Sauf qu’il y’avait pas mal de monde ce soir pour cette ouverture, c’est une bonne chose, c’est très positif. Donc, les gens iront voir les films, c’est l’occasion d’aller découvrir des films camerounais. Profitez-en, il y’en a plein, il y’en aura plein plein plein tous les jours. Moi je suis pour qu’on aille voir ces films là et j’espère que ça va continuer comme ça jusqu’à la clôture et qu’il y’en aura des 10, des 11, des 12, des 13, etc.

Quel message voulez-vous faire passer au public camerounais et d’ailleurs par rapport au cinéma etc ?

Beh moi j’ai envie de leur dire que si moi je suis quitté de Paris pour venir ici au festival du film court, combien de fois le mec qui est juste à côté qui est à un taxi ou à deux taxis. Ou alors qui est à Douala ! Les gens ne se rendent pas comptent à quel point c’est important de venir soutenir comme ça. Moi je suis parti de loin pour venir. Jean Marc Cédot est parti de loin pour venir animer un atelier son. J’ai envie de dire aux gens venez voir des films, c’est l’occasion de voir des films. Et puis, le cinéma c’est universel, c’est l’ouverture d’esprit. C’est l’occasion de rencontrer des réalisateurs, de rencontrer plein de gens de cinéma, des techniciens. Et puis j’ai envie de dire cette excuse genre il n’y a pas de salle de cinéma au Cameroun, blablabla, moi ça ne me parle pas. A partir du moment où les gens font des films, il y’a un cinéma donc voilà, le cinéma ne s’arrête pas à une pièce fermée, on peut diffuser partout un film, en plein dans une rue, un projecteur, mettre un DVD et on verra un film. Il y’a aussi cette excuse que moi je ne comprends pas beaucoup, des personnes qui parlent des IFC en disant oui mais ce n’est pas très camerounais, c’est français, machin… or, ce n’est pas ça l’important, avoir l’accès à un film c’est ça l’important ! Que ce soit dans un restaurant, dans un IFC, au Goethe, etc n’a aucune importance. Au contraire, on devrait, le fait que ces lieux-là accueillent des projections quand même, malgré le fait qu’il n’y ait pas de salle de cinéma. L’important c’est dit avoir accès. Moi je dis, faites des films, arrêtez de vous poser des questions. Soyez solidaire aussi, parce que les cinéastes ne sont pas des concurrents… C’est une famille ! Les gens ont l’impression que c’est parce qu’on est à Paris, c’est plus facile pour nous d’avoir de l’argent, de faire des films ! C’est faux, on n’a pas d’argent à Paris quand on est jeune réalisateur pour faire des films. Ce qu’on a et beaucoup de camerounais n’ont pas, que beaucoup de gens n’ont pas, c’est la solidarité. C’est que quand on veut faire un film, t’appelle un pote cadreur, t’a une caméra, ok ! J’ai peut-être un pote qui a peut-être deux, trois projecteurs. Voilà, c’est comme ça que ça marche. A Paris en fait, on se serre les coudes et au Cameroun, ils sont là, ils se chamaillent ! Ils veulent tous être réalisateur d’ailleurs ! Comment c’est possible que tout le monde soit réalisateur ? Si tout le monde est réalisateur, il n’y a pas de techniciens et à partir de là, il faut faire du cinéma pour de bonnes raisons. Voilà !

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