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Pipiyou Concept : « Dire que je manque de sérieux, je trouve que c’est exagérer ».

Tout le monde voudrait bien savoir ce que devient Pipiyou, depuis que des rumeurs circulent sur son manque de sérieux décriés par certains artistes ?

Déjà d’un côté, je dirais que c’est normal que les artistes se plaignent ; mais de l’autre, je précise qu’au départ je suis un « artiste » donc un créateur,  je crée. Alors je ne peux pas travailler si je ne suis pas inspiré, voilà sans doute d’où vient le souci. Vous savez, les gens aiment tout ce qui est vite fait ici au pays, du genre dès que t’as fini de tourner tu dois livrer le clip dans les heures qui suivent. Or ça ne se passe pas comme ça, et je suis sûr qu’ailleurs même c’est pas le cas. Maintenant, quand vous dites manque de « sérieux », je ne dirais pas ; parce qu’à un moment j’ai connu un certain relâchement dû au fait que je faisais un peu trop la navette Yaoundé-Douala-Yaoundé pendant au moins 1 an durant lequel je ne dormais que dans les hôtels, du coup c’était pas facile. Il fallait travailler avec des laptops, sans bandes de montages, et sur les genoux afin de livrer un clip, sans compter les nuits blanches… Vraiment pour les techniciens qui me liront, ils savent que c’est pas évident. Et puis ce n’était pas pour n’importe qui que je travaillais, c’était pour des gros artistes nationaux et internationaux. Donc j’étais surmené, et seul en même temps. Alors de là à dire que je manque de sérieux, honnêtement je trouve que c’est exagérer.

Lors d’une interview que vous nous avez accordé il y a plusieurs mois, vous disiez  vouloir reprendre les études s’orientant vers votre domaine d’activité ; d’aucuns ont alors cru que vous y êtes, d’où votre silence. Alors dites-nous, êtes-vous rentré à l’école ?

(Rire) Le projet de l’école est très imminent ; d’ailleurs d’ici quelques mois vous ne me verrez plus. Parlant du silence, je dirais qu’il était dû à mon découragement vu la mentalité des uns et des autres. Un beau jour je m’étais même enfermé dans ma chambre me demandant ce qui m’arrivait, est-ce que je continue ? Est-ce que j’arrête ? Pourquoi les gens voulaient tant ma tête ? Etc. J’ai dû me rendre compte que le camerounais, dès que son frère atteint un certain niveau, il ne lui souhaite que du mal, racontant des trucs sur lui qui n’ont ni queue ni tête. Bref, ce qui ne te tue pas te rend plus fort.

Pourtant vous êtes l’un des meilleurs réalisateurs de clips du pays, et vous en avez inspiré pas mal qui aujourd’hui font à leur tour du bon travail… Quels rapports entretenez-vous avec les autres réalisateurs et monteurs (les jeunes)?

De très bons rapports ; je travaille non seulement avec tous ceux que j’ai eu à former, mais également avec ceux qui se sont formés ailleurs. Généralement dès que je débarque dans un plateau de tournage, c’est toujours un accueil de grand que l’on me réserve, ça traduit une certaine reconnaissance. Mais ce qui tue, c’est ce qui se dit derrière, une fois que j’ai le dos tourné. Or, si on essayait d’avoir cette solidarité-là entre nous, c’est qu’on aurait beaucoup évolué aujourd’hui. Tenez par exemple, quand je refuse un clip à 350 000 frs, j’en connais qui partiront derrière demander 100 000 frs. C’est ça qui tue le métier.

Pipiyou se prendrait la tête, parait-il… Ses clips s’estimeraient à 1 million, il loge dans des suites d’hôtels, etc. Est-ce que ce rythme de vie vous a changé ?

Non, ma mentalité n’a pas du tout changé ; vous savez, si je vous facture un clip à hauteur d’1 million ou plus, c’est conséquemment à la hauteur de ce que j’ai envie de faire. Je vous l’ai dit, je suis un artiste, donc un créateur. Je ne souhaiterais pas que « ce » clip ressemble à un autre, sinon au précédent, non. Je le veux unique et parfait. C’est ce qui m’emmène à être exigeant. D’ailleurs c’est grâce à ces qualités que je suis encore compétitif aujourd’hui, je ne livre pas un travail bâclé. Je suis l’un des premiers de ma génération dans ce métier, quand je commençais il y avait des noms comme Parfait Zambo et autres, mais je suis venu révolutionner les clips en termes de réalisation et montage. Des comme moi il n’y en avait que quatre, moi y compris. Les autres sont venus bien plus tard ; donc rien n’a changé en moi, je ne me prends pas la tête. J’ai commencé à réaliser les clips de 30 000 frs, même si aujourd’hui j’arrive à monter des projets avec MTN à hauteur de 5 ou 10 millions ça ne me change pas outre mesures. Il y en a qui me demandent de l’aide même à 200 000 frs, je viens d’ailleurs d’aider le groupe FBI (Fashion Boys Ignition) car ce sont mes petits.

Votre dernier clip tourné ne date que de quelques jours seulement, celui de Narcisse Prize ; Parlez-nous en…

Bah, vous verrez le clip le moment venu ; il dépendra des moyens mis…

Est-ce que ces moyens étaient conséquents ?

(Rire) Narcisse Prize c’est un frère (rire), donc je ne souhaite vraiment pas en parler. Mais le clip ne sera pas mal en tout cas.

Des projets pour ces jours-ci ?

Des projets il y en a tellement, d’autres sont même en stand By. Le gros souci c’est que je n’arrive pas à comprendre si c’est mes prix qui chassent nos artistes locaux, ou c’est autre chose. Parce que je suis de plus en plus sollicité par les artistes de la diaspora, ce qui fait que j’ai toute une équipe qui gère l’aspect internet de sorte que je puisse rester en contact. Sinon, c’est plus les camerounais de la diaspora qui me sollicitent.

Le bon côté des choses c’est qu’ils payent bien ; merci Pipiyou.

(Rire) merci à vous.

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