Indra Nooyi : Directrice générale de PepsiCo et redoutable femme d’affaire

Directrice générale de PepsiCo depuis octobre 2006, Indra K. Nooyi est agée de 61 ans. Américaine d’origine indienne elle est la patronne incontestée du géant américain des boissons (33 milliards de dollars de chiffre d’affaires).

Parcours atypique qu’est celui de cette Américaine pas comme les autres. Née dans le sud de l’Inde, elle a grandi dans le pays tamoul, au sein d’une famille brahmane et conservatrice. Son père travaillait dans une banque. Sa mère est femme au foyer, mais elle saura donner à ses enfants dès leur plus jeune âge le goût de l’excellence. Chaque soir, après le dîner, la mère encourageait ses deux filles à présenter devant la famille réunie des topos brefs mais argumentés sur leurs ambitions professionnelles. Une rivalité sourde opposait les deux surs : elles s’imaginaient en Premier ministre ou en présidente, et confrontaient les moyens à mettre en œuvre pour atteindre leur objectif. Celle qui réussissait à emporter l’adhésion de l’auditoire familial avait droit à une barre de chocolat, en plus des félicitations de la maman ! « C’était un exercice très formateur », se souvient Indra Nooyi, qui continue de vouer une admiration infinie à sa mère, son véritable modèle.
Sa réussite professionnelle, elle l’attribue aussi à la qualité de l’éducation qu’elle a reçue dans son pays, d’abord à Chennai (ex-Madras), où elle a fait ses études secondaires et universitaires, puis à Calcutta, dans une école de commerce. Elle débarque en 1978 aux États-Unis pour préparer un mastère en management à la prestigieuse université de Yale. Pour payer ces études qui coûtent cher, la jeune femme travaille la nuit comme réceptionniste. Elle décrochera son diplôme brillamment, faisant montre d’une grande capacité de travail. « Lorsqu’on est une femme comme moi, née à l’étranger, il faut pour réussir être plus intelligente que les autres, et aussi travailler plus dur », aime-t-elle dire.
Indra Nooyi rejoint PepsiCo en 1994, après avoir évolué un temps dans le milieu de la consultance et exercé des fonctions de haut niveau au sein de grandes entreprises telles que Johnson & Johnson (pharmacie et produits d’hygiène), Motorola (télécoms) et Asea Brown Boveri (énergie). Elle jouit déjà d’une réputation de femme d’affaires redoutable. Son arrivée au sein du grand rival de Coca-Cola est un tournant dans l’histoire de la multinationale yankee. À l’époque, PepsiCo perdait de l’argent. Sur les conseils de leur jeune recrue, les dirigeants du groupe se séparent des activités de fast-food, jugées peu profitables, pour se concentrer sur les boissons. Mais celles-ci étaient elles aussi menacées à cause des changements d’habitudes des consommateurs, qui étaient en train de se détourner des sodas au profit de produits moins caloriques. Nooyi, qui avait vu venir ces évolutions, a poussé ses employeurs à diversifier leurs activités en rachetant en 1998 Tropicana, fabricant de jus de fruits frais, puis, deux ans plus tard, le céréalier Quaker Oats. Ces opérations vont transformer progressivement Pepsi en un grand groupe agroalimentaire diversifié et vaudront, dès 2001, à celle qui a dirigé ces opérations un siège au conseil d’administration du groupe et le poste de directrice financière.
« L’architecte en chef de la transformation de PepsiCo », Indra Nooyi, a aussi été, selon les observateurs, à l’origine de l’essor de l’activité du groupe à l’étranger, notamment sur les marchés émergents de l’Inde ou du Brésil. Des marchés devenus au fil des années stratégiques, car PepsiCo y réalise désormais une part substantielle de ses activités. Une montée en puissance des pays du Sud qui n’est sans doute pas étrangère au choix d’une Indienne pour diriger le groupe.