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Papa Zoé : « ma rencontre avec Papillon m’a tiré vers le bas…»

En chevalier à la maîtrise de son art, il porte derrière lui toute une écurie dite des Beaux Garçons, marque déposée. Papa Zoé sert le meilleur de la musique camerounais à ses fans, à chaque sortie d’album. Après « Les pendules à l’heure », il nous offre son « Code Secret », un contenu encore plus fourni mélodieusement, lyriquement et d’autant plus varié comme il sait le faire. Son expertise et son oreille musicales sont aussi pleines de bonnes saveurs inédites que le charme de ses sons en éprouve les fabuleux contours à chaque fois. Le chanteur traîne sa bosse sans trop faire mal aux yeux des autres. Le natif de Déido, Papa Zoé est face à votre portail en ce jour après son séjour dans la ville de Yaoundé.

Bonsoir Papa Zoé, nous venons à vous dans le cadre de votre court séjour à Yaoundé en ce moment et votre actualité présente votre dernier vidéogramme « Ndima » avec quelques innovations… C’est vrai que rester dans la même lancée, c’est-à-dire que vous avez toujours ce côté live dans votre musique. Mais dites-nous quelle la quintessence de ce premier vidéogramme que vous avez propulsé depuis près de deux mois ?

C’est une chanson qui parle de tous ces gens qui sont aigris, qui refusent de voir la vérité en face… Je donne des conseils à un ami qui se la pète, qui pense qu’il peut tout faire parce qu’il a certains moyens que les autres n’en ont pas. Le titre c’est « Ndima » qui veut dire mot à mot être aveugle. Mais dans l’autre sens, c’est quelqu’un qui voit mais qui refuse de voir.

Un aveugle voyant on va dire !

Voilà (rires).

Mais en même temps, on note ce côté frais ! Vous êtes très bien habillé, bien fringué. Vous faites bien sûr partie de l’Ecurie des Beaux Garçons. Quelle est l’histoire qui se cache derrière l’Ecurie des Beaux Garçons? Je ne sais pas si c’est un réseau de garçons, de monsieur qui s’habillent bien, ou bien c’est carrément un label ?

L’Ecurie des Beaux Garçons comme vous le dites, c’est un label. C’est une marque déjà déposée. Déjà, l’Ecurie des Beaux Garçons qui est un label et en même temps la base de tout l’orchestre de Papa Zoé qui utilise le même nom. C’est l’orchestre l’Ecurie des Beaux Garçons. Maintenant, le snack bar cabaret où Papa Zoé retrouve tous ses amis et où il s’amuse, s’appelle aussi l’Ecurie des Beaux Garçons ! C’est le même label. Les jeunes qui sont intéressés par la musique, parce que je répète deux fois par semaine, le mardi et le jeudi. J’ai des répétitions à domicile. Il y’a des jeunes qui arrivent, qui essaient d’apprendre avec les anciens qui sont là et souvent, j’invite des amis à participer aux répétitions et puis on essaie de travailler ensemble quoi ! L’Ecurie des Beaux Garçons qui a l’autre côté qui fait que tous ceux qui font partie du groupe, sont des jeunes garçons vraiment propres. Même quand on a des sorties ou des spectacles, il faut que les gars soient propres vraiment au maximum et bien habillé.

Votre dernier son « Ndima », qui introduit l’album aux oreilles du public, c’est toujours dans la même logique du premier album « Les Pendules à L’heure ». Quelle est la touche particulière que vous avez apporté cette fois ou bien c’est juste du Papa Zoé ?

Si vous remarquez de plus en plus dans mes albums, il y’a de la musique d’ambiance mais il y’a beaucoup de musique à écouter. C’est un peu ça la touche particulière. Là, il y’a beaucoup plus de musique Folk, de Rumba, des trucs pas dansant du tout mais qui sont trop mélodieux ; beaucoup de chansons dans les morceaux. Il n’y a peut-être que deux morceaux d’ambiance qu’on trouvera dans l’album, tout le reste c’est des trucs à écouter.

Cet album  a 10 titres et il s’intitule « Code secret », pourquoi ce titre ?

Beh pour moi, le code de la vie que beaucoup de gens ignorent, négligent, ne connaissent pas, c’est l’humilité ! L’humilité qui m’a beaucoup aidé durant mon parcours, qui m’a ouvert beaucoup de portes et qui m’a fait rencontrer beaucoup de personnes merveilleuses. Et je pense que ce code, beaucoup de gens l’ignore alors qu’il est là et il est aussi simple que ça. Donc, c’est l’humilité, c’est pour ça que j’ai baptisé tout l’album « Code Secret », pour essayer de faire comprendre aux gens, qu’on gagnerait beaucoup à être humble dans la vie et simple.

Dans l’album, les featurings c’est avec qui ?

Oui, déjà dans le titre « Ndima », je le fais avec Boudor que tout le monde connait ; dans une reprise de « Mayi Bô Ya », il y’a un Congolais qui s’appellent Polyvalent qui chante terriblement bien aussi. Dans le titre « Code Secret », je suis avec Ghislain Dimai.

Dernièrement, on vous a vu à Déido. Vous êtes d’ailleurs un enfant de Déido. Et vous avez participé au mini-festival, à cette journée de concert que vous avez organisé gratuitement pour les jeunes de Déido, pour communier avec eux. Quel était le but principal de cet événement qui en était à sa deuxième édition avec Sergeo polo, Kaissa Pakito, Nar6 Pryze plein de confrères avec qui vous en avez pris part ?

C’est un mouvement qu’on a commencé à trois hein ! On a commencé comme ça et on s’est dit, quand on allait finir, à la fin de chaque année, les sociétés organisent des fêtes pour leurs employés, beh pourquoi pas nous ? Nous aussi, on peut faire une fête pour réunir tous les musiciens déjà de Déido. Natif ou bien résident à Déido pour faire une fête de fin d’année. C’est-à-dire la première semaine de janvier. Voilà comment on a pensé le truc et on s’est lancé, Alain Gérard, Nar6 Pryze et moi. C’est comme ça qu’on a commencé le truc. Pour cette édition, on a voulu élargir la chose. C’est vrai que les sponsors n’ont pas répondu présents, parce que c’est comme ça ! Ils n’ont pas vu les mêmes personnes qui viennent les voir, le même cercle. Et du coup, on ne peut vous donner un coup de main. On a dit bof, avec ou sans sponsor, on va y aller on va le faire. Et on l’a fait. Pour ceux qui était là, ils ont vu que c’était un grand spectacle, plus de quarante artistes sur un même plateau. Le but, c’est de réunir autant d’artiste et de fêter. Une façon de dire d’abord merci au Seigneur, qu’on a vu cette nouvelle année et qu’on a le droit de s’amuser entre nous les artistes aussi. C’était ça le but, réunir tout le monde, qu’on se boive un verre autour de la musique, de discuter… Et on verra pour les prochaines éditions s’il y’aura des innovations. On va voir ce qu’on pourra faire.

Papa Zoé, vous avez beaucoup de tatouages. Est-ce que chaque tatouage raconte une histoire ou c’est toujours des codes secrets par rapport à votre vie à vous ?

Bèh oui, chaque tatouage raconte une histoire ! Tous les tatouages que j’ai, sont des histoires. C’est-à-dire qu’ils ont un sens. Par exemple là, sur ma main gauche, j’ai une étoile pas comme les autres, qui a beaucoup d’angles. Ça c’est une étoile qui brille plus qu’à l’ordinaire, il faut que je brille. Là, c’est une flamme qui a des ailes, vous savez déjà que la flamme elle peut s’envoler, elle peut partir. Et quand on lui rajoute des ailes, elle pourra aller plus loin. La liberté ! J’aime la liberté. Là (sur l’épaule droite), c’est mon signe Zodiaque, c’est une balance. Et là, c’est mes initiales, PZ avec des barbelés à côté. Ici, c’est les premières lettres de mes enfants. Donc, il y’a Joel Mateo, Johan Matis, Jean Eude, Dylan et Inès. Alors là, c’est le portrait d’une femme que j’ai appelé Miss Zoé. Ce portrait me rappelle le sermon que j’ai fait de ne plus jamais porter main sur une femme. Et chaque fois, même si je suis énervé, même si je suis prêt à le faire, dès que je vois ce portrait, ça me ramène à l’ordre et je me range directement. C’est pour ça que je l’ai fait. Là, c’est des barbelés, derrière ces barbelés, il y’a la photo du Che, Ernesto Che Guevara, voilà la liberté rien que la liberté.

Papa Zoé, est-ce que vous avez un label à vous en dehors de l’Ecurie des Beaux Garçons ?

C’est vrai que l’Ecurie va produire un de ces 4 mais pour le moment, on n’a pas les moyens de le faire. Depuis plus de 10 ans, on n’a que fait des sorties. On n’avait pas un truc qui fait rentrer de l’argent. J’ai réfléchi dans ce sens-là, c’est pour cela que j’ai ouvert le snack bar cabaret qui fait en sorte que non seulement, on se retrouve entre amis et en même temps, ça tourne et ça fait des rentrées d’argent. Avec tout cela, on pourra voir comment faire pour aider les jeunes et comment produire les jeunes. Pour ce qui est de la production pour moi-même, je n’ai pas de maison de production qui me produit ! Ça veut dire que je n’ai pas de contrat avec des gens. Je commence toujours mon aventure seul et après, il y’a un ami qui s’intéresse, qui me dit je vais t’aider à finir. Et puis voilà on se lance. J’ai un frère de longue date qui m’a aidé dans ce projet, qui continue toujours à m’aider. Il me donne énormément un coup de main. Il a cru en moi et puis, il a dit on va faire l’aventure ensemble.

Papa Zoé, vous semblez très réservé, retiré, on ne vous voit pas beaucoup, vous êtes quelqu’un qui apparaît peu. Un peu comme le PRC (sourire) mais à quoi est dû cela ?

Non, retiré je ne le suis pas hein, c’est peut-être parce que vous n’avez pas la chance de me voir ou bien vous ne savez pas où me voir. Mais, j’ai mes secteurs, mes milieux où on me verra tout le temps, tous les soirs on me verra. Là où je fais tout comme un homme normal, un être humain ordinaire. C’est-à-dire que si je veux manger le maïs, je peux me le permettre parce que je suis aussi un être humain. Bon, en même temps quand même, un artiste doit être réservé, il ne doit pas être vu un peu partout. C’est ça qui crée ce mystère autour de lui. Quand il n’y a plus de mystère, vous ne servez plus à rien. Mais vous pourrez quand même vous faire votre clan, votre cercle où rien que ceux qui vous reconnaissent, pourrons vous voir facilement. Réservé ? Non ! J’aime la fête. C’est vrai qu’avec l’âge et les maladies, je n’arrive plus à faire beaucoup de choses comme avant. Les stupéfiants, les trucs comme la cigarette et la boisson, je n’en prends plus comme avant. Maintenant, je prends quelques bières, je ne bois plus de whisky depuis de 8 ans déjà. Et je fais la fête avec des amis.

Dans votre album, quels sont justement les influences et rythmes que vous avez abordés ?

De l’acoustique, des morceaux comme le Folklore, beaucoup. Vous allez trouver la Rumba, vous allez trouver le Makossa trop dansé c’est-à-dire trop rythmé qui est entre la musique congolaise et la musique camerounaise en général. Parce que vous savez les plus grands musiciens de l’Afrique, c’est des camerounais. Donc, quand on met notre savoir derrière, ça donne la musique camerounaise. J’ai deux rythmes là-dedans qui bougent beaucoup et maintenant il y’a des reprises aussi. Il y’a Esso Essomba, Bekombo Président… Il faut qu’on apprenne à reprendre des chansons que des générations n’ont pas écoutées ou connues pour que ces enfants essaient aussi de vivre ces chansons à leur manière. Parce qu’aujourd’hui même quand vous allez aux Etats-Unis, les gars ne font pas de nouveauté. Ils ne font que reprendre des anciennes chansons et ça continue à faire du succès. Ici chez nous quand tu reprends une chanson, c’est comme-ci tu n’étais pas inspiré. Mais c’est faux, c’est bête à la limite. Une chanson comme « Massoma », si je ne la reprenais pas, beaucoup de gens n’allaient pas la connaitre. Ça fait en même temps que ça donne les droits d’auteur à celui qui avait composé la chanson. En même temps les jeunes découvrent aussi cette chanson. Voilà, c’est tout ce qu’on peut retrouver dans l’album.

On vous a récemment vu sur le podium de Ya-Fe en compagnie de Ghislain Dimai. Quel regard portez-vous sur le talent de Ghislain qui a véritablement éclos avec la sortie de « Reste toi-même » ?

Oui, Ghislain c’est un membre de l’écurie des beaux garçons. C’est quelqu’un que j’ai ressenti depuis ses débuts. J’ai ressenti en lui, une rage de pouvoir faire quelque chose de bien. Il a cette rage de prouver son talent et il le fait bien. Donc, on s’est dit on va travailler ensemble et la preuve dans l’album le titre intitulé « Code secret », c’est lui qui fait la voix. C‘est Ghislain qui fait toute la dernière partie du morceau. On est dans le même orchestre et on travaille ensemble. C’est un de mes petits que j’aime beaucoup et que j’apprécie beaucoup.

On l’a entendu des dires de Papillon que dans les prémices de votre ascension, vous avez été épaulé par le grand frère Papillon et que vous étiez d’ailleurs en compagnie de Njohreur, Charlotte Dipanda, Nono Flavie et consort. Quel est le souvenir que vous avez de cette époque qui vous donne le tonus pour atteindre ce niveau-ci ?

Bèh, je vous rappelle d’abord que l’information est tellement fausse !!! Parce que Charlotte Dipanda n’a jamais fait partie du groupe de Papillon, Njohreur aussi n’a jamais fait partie de ce groupe ! Nono oui ! Alors, je vais vous dire… Quand je rassemble les jeunes pour le groupe Pizza Dance, ce n’était pas dans l’optique de créer un groupe mais de faire un album de groupe. Alors, Papillon m’appelle et me dit il faut qu’on fasse un album. On va au studio. Il y’avait Nono et Doudou Nkongo (qui est en France aujourd’hui) comme chanteuses et moi. Le reste des musiciens, Dodi, Feu Mouss Bass, Baby Homs et tout ça là, c’était des musiciens. Alors, on rentre en studio et les chansons que Papillon propose, je ne les ressentais pas. Je décide donc de mettre ma propre chanson dans le projet. Et quand je mets cette chanson, tout le monde convient avec l’arrangeur qui était Jeannot Ebelle à l’époque, que c’est  cette chanson qui doit être le titre phare de l’album. La chanson c’était « Mbo sauté ». On sort l’album et maintenant je deviens comme Guest star de l’album et en même temps le chef d’orchestre du soit disant groupe, qui n’était réellement pas un groupe parce qu’il n’y avait pas de répétition. C’était une façon d’embrouiller les gens. Ce n’était pas un groupe comme les autres qui se réunissait et travaillait ensemble ! La preuve quand l’album est sorti, il fallait faire le clip. Et les musiciens n’avaient pas été rémunérés durant tout le studio ! Ils n’ont pas eu 5 Francs CFA ! Alors, les gars me disent comme c’est toi le chef d’orchestre il faut que tu dises  à Papillon de pouvoir payer ne ce serait-ce que les frais de studio sinon il n’y aura pas le clip. Je dis aux gars c’est normal. Je le dis à Papillon et puis il a dit qu’on ne tournera pas ! Et voilà, ce qui est arrivé c’est que le groupe s’est arrêté là ! Il a fait le clip et il a ramené un de ses amis qui était comme moi, qui chantait à ma place !!! Donc, je ne dirais pas que ma rencontre avec Papillon m’a aidé en quoi que ce soit… Au contraire, ça m’a tiré vers le bas et je vous rappelle déjà que je faisais la musique bien avant que tout ce monde-là ne fasse des albums. J’ai sorti mon premier album trop tard mais je faisais déjà la musique. J’étais déjà musicien et connu dans le milieu artistique. Si vous demandez à tous ces gens-là par exemple où ils ont joué dans les compétitions scolaires, ils n’ont joué nulle part. Ils n’ont fait aucune compétition scolaire, nous on l’a fait. Ils n’ont joué dans aucun cabaret mais nous on l’a fait. On le fait, il y’a des preuves. Ma rencontre avec lui, je ne peux pas dire que ça m’a aidé comme la rencontre des musiciens que j’ai connu en cabaret. Comme la rencontre avec Feu Kotto Bass où il m’a invité à faire une animation dans une chanson qui a tellement marché comme « Ponce Pilate ». Ça c’est des rencontres qui peuvent vous rehausser. Mais, écoutez le projet Pizza Dance était la merde !

Merci pour ces éclaircissements qui vont taire les dires de certains…

Oui oui oui, Charlotte Dipanda n’a jamais été… A l’époque de Pizza Dance, Charlotte ne chantait nulle part ! Elle ne chantait même pas. C’est moi qui la ramène dans son premier vrai cabaret. C’est moi qui l’amène au Op’s café ! Je ne sais pas en quelle année, elle a pu faire partie du Pizza Dance. Ou bien si on vous appelle faire les chœurs en studio dans un morceau de Papillon, vous faites déjà forcément partie du groupe ! Je crois que c’est ce qu’il appelle avoir le groupe mais je dis non ! Ce n’est pas comme ça. Quand tu m’appelles en studio, tu me payes je fais mon truc et je me casse. La fille (Charlotte Dipanda) à un moment, elle était choriste de studio. Mais là, c’était bien après donc je ne sais pas pourquoi beaucoup de gens quand ils n’arrivent plus à tenir le coup, il leur faut absolument des supports pour pouvoir avoir l’équilibre, non ! Je connais beaucoup d’artistes aujourd’hui qui ont des noms, que j’ai aidés ou que j’ai formés mais je ne vais jamais me permettre de le dire n’importe où, parce que je les respecte, on se respecte, ils ont une carrière devant eux. Je n’ai pas le droit. Qu’on arrête un peu…

Vous travaillé beaucoup avec M. Denis Moussinga qui est apparemment quelqu’un de très important dans le milieu, dont le travail est très apprécié. Qui est-il vraiment pour ceux qui ne le connaissent pas ?

Denis, c’est un jeune frère que j’ai connu dans les compétitions scolaires. C’est là où j’ai commencé à le connaitre, et après il a tellement bossé qu’on a commencé à se retrouver dans les studios aujourd’hui, il faut le dire il est incontournable. C’est un pianiste qui part du Makossa jusqu’au jazz, le véritable. Donc, aujourd’hui c’est les musiciens qui sont incontournables en Afrique. Ils sont les meilleurs. Donc, il a vraiment travaillé pour être là aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard.

Vous avez évoqué le cas du Feu Kotto Bass tout à l’heure. Ses chansons servent toujours de modèle par rapport aux jeunes, par rapport à ce parcours qu’a la musique camerounaise, ce parcours du véritable Makossa. Que devons-nous garder en mémoire de ce que Kotto Bass était artistiquement, musicalement de son vivant ?

De sa musique, je dirai que c’était terriblement bien chanté. Déjà, la voix y était. La voix belle, les techniques vocales qu’on pouvait retrouver dans ses exercices de chant… Pour ce qui est des autres chansons qui bougeaient, ce n’était pas du vrai Makossa comme moi. Comme ce que je fais, on ne dirait pas que je fais du Makossa. J’ai toujours dit aux gens que le Makossa n’existe pas, parce que même nos aïeux quand j’écoute ce qu’ils jouaient, il n’y a aucune identité !!! Quand tu écoutes du Mangambeu, tu sais directement que c’est du Mangambeu. Tu écoutes du Bikutsi, tu sais que c’est le Bikutsi. Alors, arrêtons de faire des trucs. Soyons vrai envers nous-mêmes. Ce n’est parce que tu chantes en Douala qu’on va dire que tu es en train de faire du Makossa non ! Les beat que j’ai toujours retrouvé dans ces morceaux-là, c’est soit de la Soul, soit de la Funk, et puis on pose des paroles en Douala. Si c’est ça que les gens appellent le Makossa, je suis désolé. Seulement je ne sais pas ce que c’est que le Makossa jusqu’aujourd’hui !!! Mais je sais quand même que c’est un rythme qui avait des notes qui tournaient avec une guitare qui fait danser à la fin. Mais véritablement si aujourd’hui, on me pose la question de savoir vous avez quel rythme ? Je dirais du Bikutsi. Parce qu’avec le Bikutsi, on sait de prime abord quand ça commence jusqu’à la fin, on sait comment ça tourne. Je suis désolé mais ce n’est que la vérité !

Vous avez une habitude de chanter beaucoup plus en live… Est-ce que comme l’a dit tout récemment Richard Bona, pour vous c’est ça la véritable musique ? Ou bien les effets et consort qu’on ajoute aujourd’hui, avec les playbacks et autres, vous préférez le live ?

En studio, on peut se permettre de mettre certains effets. Mais bon maintenant vous ne pouvez pas être dans un spectacle que vous offrez aux gens et vous vous mettez à faire du playback ! Si ce n’était que moi, c’est un truc qu’on devait arrêter depuis parce que c’est de la triche. Vous ne pouvez pas être devant les gens et faire semblant de chanter ! Alors qu’on peut mettre des instruments et vous faire chanter. Donc, je ne suis pas trop partant du playback. Vraiment ! Et le fait de faire beaucoup de ces trucs en studio, on retrouve beaucoup de musiciens qui ne sont pas des chanteurs. Il y’a des gens qui ont fait des trucs, on a fait chanter quelqu’un d’autre et lui, il fait la vidéo ! Ça tourne autour de la musique ivoirienne… On comptera sur 100 chanteurs, il y’aura peut-être 8 ou 9 qui chantent vraiment. Tout le reste, c’est des gens qui chantent derrière… Donc le playback, c’est la merde…

Est-ce que Papa Zoé est marié ?

J’étais marié, j’ai perdu mon épouse ça va faire plus de deux ans aujourd’hui. Donc, je suis en train de voir. Je compte me remarier d’ici la fin de l’année prochaine.

Votre mot de fin par rapport à la musique camerounaise et votre carrière.

Par rapport à la musique camerounaise, il faut déjà que les hommes de médias essaient de nous aider en jouant nos musiques parce que c’est eux les premiers à jouer cette musique. Les hommes de médias doivent nous aider en nous faisant des publi-reportages, des interviews pour savoir ce qui se passe autour de nous. Au lieu d’avoir des fausses informations, en jouant nos musiques… parce que dans un répertoire d’une radio, vous ne retrouverez que de la musique étrangère. Et peut-être 10 à 20 % de la musique camerounaise ! C’est n’importe quoi donc, vraiment on a besoin de tout cela. Aujourd’hui, on n’a plus de producteur ça fait que les musiques ne sortent pas parce qu’on n’en a pas un. Avec tout le désordre qu’on retrouve à la SOCAM, aucun producteur ne peut se permettre de mettre son argent pour un artiste. C’est pour gagner quoi ? Rien du tout ! Je dirai pour que tout le monde puisse être content dans cette aventure, il faut qu’on se donne des coups de main. Il faut que les hommes de médias nous aident à être beaucoup plus en vue, c’est-à-dire en jouant nos musiques même s’ils pensent qu’elles ne sont pas bonnes. Mais je pense que sur 100 musiques qui sortent, il y’en a au moins 10 qui sont bonnes. Jouez les 10 qui sont bonnes et puis les autres, mettez dans la poubelle ! Que les jeunes essaient vraiment d’écouter toutes les musiques, beaucoup de musique pour pouvoir s’orienter. Ça fait que quand tu écoutes beaucoup de musique, ça te permet d’avoir beaucoup d’identité. C’est-à-dire quand tu fais même un album, il est varié. C’est un peu ça que j’ai pu profiter du cabaret. Comme j’interprétais beaucoup de morceau, beaucoup de style, ça fait que quand je sors un album, vous trouverez beaucoup de style de musique dedans. Je fais des balades… Que la jeunesse essaye de diminuer les abus. Pour ceux qui ont les moyens d’aller à l’école, qu’ils y aillent. Ils trouveront que tous les musiciens qui sont allés à l’école avant de faire la musique sont vraiment calés parce qu’ils savent où ils vont. L’école c’est quelque chose de très important dans la vie. Je sais qu’ils en a beaucoup qui n’ont pas les moyens… la musique, c’est comme l’essence de vie. Vous y pénétrez, vous trouvez du bonheur. Même si, ce n’est pas un bonheur qui remplit les poches d’argent. Mais même quand j’ai le palu et que je suis à côté de ma guitare, je me sens bien.

Merci Papa Zoé pour ce gros entretien et ces précieuses infos que vous nous avez confié.

Bèh moi je vous dis merci hein. Chaque fois que je suis invité par les médias, c’est un honneur pour moi.

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