MusiquePortraitTchad

Portrait : Qui est Mounira Mitchala, la Panthère douce ?

Le 19 septembre 1979 à Ndjamena, au Tchad, Mounira Mitchala naît dans une famille d’intellectuels. Son père, le Dr Khalil Alio est linguiste et ancien recteur de l’université du Tchad. La dictature d’Hissène Habré l’oblige à s’exiler avec sa famille, en Allemagne puis au Nigéria, jusqu’en 1992.
Lorsque Mounira revient dans son pays, elle en connaît déjà bien la musique : depuis son plus jeune âge, son père l’initie aux rythmes des 200 ethnies tchadiennes, ainsi qu’au blues et au jazz américains qu’il affectionne. Mounira mène une scolarité studieuse, car elle comprend vite qu’au Tchad particulièrement, lorsqu’on est une femme et qu’on veut aller loin, il faut s’en donner les moyens. En 1999, elle s’inscrit à la faculté de droit, motivée par la perspective d’une justice tchadienne plus équitable.
Parallèlement à ses études, Mounira prend des cours de théâtre pour vaincre sa timidité et commence à éprouver sa voix. En 2000, elle compose sa première chanson en anglais et elle chante lors de la fête de la musique en duo avec Caleb des H’Sao, un groupe vocal tchadien désormais émigré au Canada.
La « Panthère douce »
Au fil des rencontres et des scènes, Mounira se trouve une identité : elle devient la « mitchala » de Ndjamena, la « panthère douce » du Tchad, qui fait passer avec patience ses idées. En parallèle de ses études, Mounira donne des concerts plusieurs soirs par semaine au Kapock Bar de l’hôtel Novotel de Ndjamena, et commence à faire les chœurs pour des artistes internationaux de passage au Tchad (Ismaël Lo, Tiken Jah Fakoly, Oumou Sangaré).
Calme et déterminée, la jeune Mounira ne perd pas de vue son objectif : celui d’avoir un métier avant tout. En 2004, elle devient greffière au tribunal de Ndjamena, une profession qu’elle exerce toujours aujourd’hui en parallèle à ses activités artistiques, avec l’autorisation du ministère de la Justice.
En 2005, le DJ baroudeur français Frédéric Galliano la choisit pour représenter le Tchad au sein de son projet African Divas, qui tourne aux quatre coins du monde. Réservée dans la vie, Mounira apprend à apprécier la scène. A son retour dans la capitale tchadienne, elle travaille sa voix avec une amie, professeur française de chant, qui enregistre une maquette et l’envoie à Christian Mousset, directeur de Musiques Métisses à Angoulême.
Il l’invite et elle enregistre en Charente son premier album « Talou Léna », creuset des rythmes de tout le pays. Hymne à la paix, à l’unité, « Talou Léna » est aussi un passeport pour l’international. Sur scène, la séduisante jeune femme prend de l’ampleur, danse et envoûte le public quelles que soient les conditions techniques. C’est là d’ailleurs ce qui fait pencher en sa faveur, Salif Keita et le jury du Prix Découvertes RFI, lors de son concert au stade du 28 septembre de Conakry, en décembre 2007 puisqu’elle est finalement désignée lauréate du Prix. Une tournée en Europe et en Afrique de l’Ouest suit et permet de faire connaître ce nouveau talent au plus grand nombre.
Au printemps 2011, la voici de nouveau en studio pour l’enregistrement d’un nouvel album, prévu pour l’année 2012.
2012 :  » Chili Houritki »
En mars 2012, elle sort « Chili Houritki » (« Indépendance »), un nouvel album sur le label Lusafrica. Arrangés par Camel Zekri, les douze titres s’inspirent chacun d’un rythme traditionnel et donnent à entendre la richesse culturelle méconnue du Tchad. « Chili Houritki » encourage les femmes tchadiennes à se battre pour gagner autonomie et liberté, tout le combat de la vie de Mounira. L’album prône également des valeurs humanistes, l’importance des conditions de vie élémentaire pour la population tchadienne, le droit à la paix, aux choix personnels ou au mariage d’amour.

Mounira Mitchala est l’une des rares voix tchadiennes à percer sur la scène internationale. Lauréate du Prix Découvertes RFI en 2007, la « panthère douce du Tchad », égratigne en chantant les conventions sociales. Suavement mais sûrement

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page