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Alice NKom : pourquoi les homosexuels vous séduisent tant ?

De prime abord, cette question peut sonner à votre oreille comme une sorte de provocation. Je confesse que j’utilise ici le mot séduire dans sa double conception : d’abord dans le sens de plaire ou d’affriander. Mais aussi dans son sens édénique, comme le fait de se laisser envoûter et de manquer à son devoir. Quel est donc votre devoir si ce n’est celui de la défense des droits de l’Homme ? Ce métier qui vous passionne tant, pour le quel vous consacrez toute votre vie. J’avoue aussi que c’est généraliser votre combat en disant que vous défendez les droits de l’Homme. Pourtant nous le savons, ce n’est qu’un seul type d’Homme qui constitue pour vous le cheval de bataille. Ce type d’homme qui selon vous, a une inclination naturelle à aller avec son homo-sexe. Nonobstant le fait qu’ils soient des homosexuels, ils sont des hommes comme tous les autres. Nous ne pouvons donc pas vous reprocher l’amour que vous avez pour eux, et le dévouement que vous manifestez envers la défense de leurs droits les plus fondamentaux.

Vous répondez assez bien à vos adversaires, quand ils brandissent l’argument biblique contenu dans Lévitique 20 au verset 13, qui condamne l’homosexualité. Nous savons qu’ils deviennent d’aussitôt amnésiques devant les versets de la même Bible indiquant qu’il n’ya pas d’hiérarchie dans le péché ; que voler et mentir sont des péchés au même titre que celui de Lévitique. Ils semblent ignorer que le salaire du péché, de tout péché, c’est la mort ! Qui sommes nous donc pour envoyer les homosexuels en enfer; qui sommes nous pour juger, condamner, et placer à la tête de la pyramide des péchés l’homosexualité ? « Il est aussi écrit » dans la même Bible que les prostitués et les brigands vont devancer certains « fidèles » dans le royaume des cieux. L’on t’ils oubliés ?

Pour les plus radicaux, l’homosexualité est « le mal du siècle ». Pour ceux ci, l’homme est tombé aussi bas que les choses parmi les choses dans la nature. Dans ce monde brut, du chaos et du « divers pur », où même les animaux ne vont pas entre eux de cette façon. C’est toujours en oubliant qu’au-delà de l’homosexualité, il existe une kyrielle de bêtises humaines encore étranges aux pratiques animales. L’artiste Médine nous apprend dans ce cas de figure qu’ « on a jamais vu un lion piller l’Afrique » et que « ce n’est pas d’un cerveau de gazelle qu’est sortie l’arme atomique ». Notre monde exprime donc implicitement un besoin urgent des fabulistes pour une fois de plus se « servir des animaux pour instruire les hommes ». Nous reconnaissons qu’à propos de ce sujet sur lequel on se bat le plus qu’on ne débat, vous apportez une contribution assez louable. Vous dites par exemple qu’il n’ya pas que les homosexuels qui pratiquent la sodomie, qui couchent avec les autres pour avoir un peu d’argent, pour obtenir un poste, une promotion, ou encore une ascension sociale. Nous acquiesçons que sœurs ne manquent pas elles aussi à cet art, -que dis-je, cette tare- dans lequel ces éducateurs se sont posés en de maitres incontestables.

Ce n’est donc pas parce que l’hétérosexualité est pratiquée en majorité qu’elle est forcément la plus acceptable ! Les martyrs de la vérité comme Copernic, Socrate, Jésus, Galilée…nous font encore croire que « ce qui est vrai n’est pas forcément populaire », et que « la majorité n’a pas toujours raison ». Elle se pose toujours malheureusement en une « majorité ignorante ». Mais nous sommes en démocratie, et vous savez que la loi ne doit émaner que du peuple, de la « volonté générale ». Aux tréfonds de votre âme, vous savez que le peuple camerounais n’est pas encore prêt à accepter une telle loi. Il n’est pas question ici « d’évolué » ou « d’arriéré », mais plutôt de vie sociale. On n’adopte pas une loi comme on adopterait une mode ! Vous savez qu’en Afrique où l’enfant est un « don de Dieu », le muntu ne peut considérer le mariage pour tous qu’au sens d’une « aberration anthropologique ». Imaginez-vous un seul instant nos chefs de village devenant tous des homosexuels et ne pouvant plus fournir à leurs royaumes des héritiers qui pourront perpétuer nos traditions. Je vous laisse imaginer la suite, puisque je sais qu’il n’y en aura pas. « L’absence de perpétuation engendre le néant » disait Maxime Laguerre.

Je veux aussi comme vous le dites, voir l’homme au-delà de l’homo-sexuel. Et s’il m’était demandé de leur jeter « la première pierre », moi aussi je m’y serais dérobé. S’il m’était demandé comme au Neveu de Rameau de choisir entre Victor Hugo le débauché et l’auteur des Misérables, j’aurai opté pour celui-ci sans rejeter l’homme en entier. Car comme vous, je sais que chaque citoyen a sa part à apporter dans notre pays. Nous voulons des hommes et des femmes qui posent leur pierre à l’édifice, qu’ils viennent de Mars ou de Venus. Peu importe leur tendance, leur obédience et leur appartenance. Kamto n’a-t-il pas dit qu’ « il ne faut pas considérer tout porteur de tendance comme vecteur d’une maladie contagieuse » ? C’est pour cette raison que face à cette prétendue bi-dimensionnalité du péché de l’homosexualité, je conviens avec vous qu’il faut relativiser. L’Etat ne devrait torturer son citoyen pour le « simple fait » qu’il est homosexuel, ni l’Église rejeter l’un de ses membres pour la même raison. Car à quoi sert’ elle si ce n’est de retrouver ses brebis égarées et les faire « reposer dans de verts pâturages » ? De quoi vit’ elle si ce n’est « du péché de ses fidèles » ?

Mais en observant votre démarche, on constate que vous voulez déshabiller St Pierre pour habiller Saint Paul. Transgresser une loi, pour faire respecter une autre. Certes, St Augustin disait que « nul n’est tenu d’obéir à une loi injuste ». Mais vous êtes juriste que quiconque, vous savez mieux que nous que, qu’elle soit : dure ou douce, « lex sed lex » : la loi c’est la loi. Et qu’en dehors d’elle, « il n’ya point d’ordre concevable ». Vous êtes sans ignorer que c’est en toute liberté que notre Etat a décidé jadis prohiber la pratique de l’homosexualité. Ceci en rapport au projet de société qu’il veut mener. C’est donc pour une pratique illégale et illégitime, que vous êtes prête à sacrifier votre vie ! Vous semblez oublier que mourir pour une cause ne la rend pas posthumément juste. Face à cette véhémence légendaire, on ne peut s’empêcher de vous re-poser cette question : pourquoi les homosexuels vous séduisent tant ?

Quand je dis que « je vous ai compris », ce n’est pas comme l’aurait dit De Gaulle aux algériens. Je le dis avec toute franchise, mais « comprenez nous aussi ». Il n’est pas moralement acceptable que certaines personnes optent pour une union qui leur dispenserait de faire des enfants, de continuer l’œuvre de la création, et par la suite vouloir profiter des fruits des entrailles des autres. (Pour ceux qui n’ont que l’adoption pour seule option). La fable de « la cigale et la fourmi », nous vient d’aussitôt à l’esprit. Pour ceux qui ont l’accoutumance d’abreuver leur esprit aux eaux douces de La Fontaine, savent à quoi je fais allusion ici.

Comprenez pour une fois que les Blancs ne sont pas idiots. Eux qui en pleine crise vous offrent des sommes faramineuses pour mener à bien vos activités pour la promotion des droits des homosexuels. Qu’est ce qu’ils ont à gagner en dépensant autant ! Quelle mouche les aurait piqués pour qu’aussitôt ils retournent la veste, et veulent le bien de l’Afrique ? Nous ne sommes pas dupes et nous savons que l’Occident a toujours mis sur pied des mécanismes pour nous freiner. Nous avons encore l’histoire fraiche de la traite négrière, la colonisation, les camps de concentration, le code noir, les champs de coton, « les frères siamois de Brettons Woods »… pour croire que l’Autre veut autant notre bien. L’Europe régresse, et l’Afrique est en passe de devenir la première puissance démographique du monde. Sous le prisme géostratégique vous n’ignorez pas ce que représente le nombre en ce XXIe siècle. Nous ne sommes plus le « bon sauvage » de Rousseau, et de grands enfants, à qui ont vient montrer le nord axiologique. Ceux qui n’ont inventés ni la boussole, ni le papier ni l’écriture, n’ont pas le droit de nous donner à chaque fois des cours magistraux de vie et d’histoire. Figurez vous aussi que nous voulons des africains qui vont s’engager dans la promotion de la circoncision et de la polygamie en Europe. Pratiques qui au niveau de la loi sont interdites.

Mais à quoi nous sera-t-il utile ? À rien ! Comme le combat que vous êtes en train de mener. Vous parlez du respect des droits de l’Homme, mais vous vous arrêtez à ceux des homosexuels. Où étiez vous en 2008 quand les jeunes camerounais ont perdu la vie dans nos rues en revendiquant leurs droits ; où étiez vous pour revendiquer la cause de ces jeunes filles mutilées à Mimboman ; où êtes vous quand les âmes innocentes meurent dans nos prisons, quand les mineurs se font abuser par je ne sais quel diable qui n’ose montrer son visage. Vous parlez de la protection des minorités, mais pourquoi est ce que vous vous arrêtez à celle d’une infime partie de ces minorités ? Où sont les homosexuels dont vous défendez les droits, personne ne les voit, sous quel voile se cachent’ ils ?

Or nous parlons là des minorités vulnérables et sans défense. Que votre savoir faire, vos moyens, vos réseaux, votre autorité morale, auraient servis à leur donner l’envie de croire. Je pense à tous ces gens qui meurent tous les jours du Sida, du paludisme, de toutes les autres maladies virales et endémiques. Je pense aux albinos à qui notre société n’a pas encore accordée une place entière. Je pense à ces handicapés qui ne peuvent pas à eux seuls accéder au dernier étage d’un service public. Je pense à tous ces enfants de la rue qui se nourrissent à la colle, qui ont le ventre au niveau du talon et le trainant sans cesse au sol. Je pense à nos sœurs du trottoir qui cherchent à obtenir le pain de leur nuit. Voici non exhaustivement les minorités qui sont laissées à elles même, parce que vous l’avez voulu ainsi. L’homosexualité est interdite au même titre que l’avortement. Mais combien de camerounais n’ont jamais vu et ne verront jamais le jour, parce qu’avant leur naissance ils sont précipités dans la fosse ? Jamais personne n’en parle considérablement, même pas vous.

Orientez donc toutes vos ressources pour venir en aide à ces « cadets sociaux », et vous verrez que vous auriez agi selon votre devoir. Ouvrez-vous les yeux, et rendez vous compte que vous êtes engagé dans un travail de Sisyphe, stérile et « improductif ». Les homosexuels ne sont pas totalement défendables pour le simple fait qu’ils seraient nés avec cette inclination, et qu’ils n’auraient pas choisi leur orientation. Pour Parodier Simone de Beauvoir, je dirais qu’ « on ne nait pas homosexuel on le devient ». Ne renvoyez-vous pas cette tendance au naturel parce que vous refusez d’en dénicher la cause psycho-sociale ? Nait’ on séducteur comme Don Juan, Avare comme Harpagon, ou encore cruel comme Néron ? L’homosexualité ne serait’ elle pas une construction ? De ce fait, ne porterait’ elle pas en elle les germes de sa propre dé-construction ? Il est inquiétant de voir comment les homosexuels prolifèrent tant, pourtant ils ne se reproduisent pas. C’est comme si en l’interdisant, on l’a rendu encore plus plaisante. C’est comme si en défendant les droits de l’Homme, vous êtes engagé dans une « promotion de l’homosexualité » qui ne veut pas dire son nom. Mais nous sommes rassurés d’une chose : « Alice au pays des merveilles » comme « au pays des homosexuels », reste à nos yeux comme un conte de fée qui va peiner pour se réaliser.  

Cordialement.

TATLA MBETBO FÉLIX, dans la capitale

Auteur de la « lettre aux prisonniers politiques de Nkondengui » publié au quotidien Le Jour le 24 juillet 2012

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