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La musique urbaine camerounaise : Des raisons d’espérer

Le succès national des artistes comme Krotal, Sultan Oshimihn, Valsero, Ak Sang Grave, Koppo, X Maleya aura permis au public de clairement identifié de nouvelles stars locales auxquelles ils pouvaient comparer sans gênes aux icones venus d’ailleurs. Malgré le fait que faire accepter le hip hop comme une musique pouvant être faite et consommée localement au même titre que le Makossa ou le Bikutsi est un combat quotidien, des étapes sont bravées, des positions sont acquises et des combats sont gagnés.

La place de la culture urbaine dans l’univers culturel local 

Aujourd’hui, il est courant d’aller en club, dans un snack bar ou un restaurant et dans la programmation musicale, écouter du rap ou du RnB du pays ; en radio ou en télévision, on joue et invite de temps à autres des artistes de hip hop pour la production de programmes de masse ; des faits rares voir impossible il y a 15ans. Dans un souci de popularité ou diversification dans la programmation musicale et au regard de leurs publics cibles, des organisateurs d’évènements, invitent avec les honneurs qui sied à leurs rangs, des artistes de musique urbaines. Ils font la une des magazines et sont écoutés en boucle dans les téléphones portables d’un public hétérogène et exigeant.

De plus en plus jeune, intellectuelle et très riche en créativité, le secteur de la création artistique de la musique dite urbaine bénéficie de plus en plus d’une place de choix au sein de l’univers culturel camerounais.

Le hip hop au Cameroun : Un secteur de création artistique prolifique

Malgré qu’on ait par abus ou par ignorance, tendance à confondre musique urbaine et hip hop et vice versa, nul ne peut nier sa présence et l’émulsion constante ponctuée par un dynamisme hors du commun de ses acteurs. De la musique au streetwear en passant par les medias, l’univers du hip hop camerounais se présente qu’on étant l’un des secteurs de création artistique où l’on est le mieux organisé et le mieux structuré.

Des labels indépendants sont crées quasiment chaque mois, et contribue à donner l’opportunité aux artistes de s’exprimer dans des studios dont la qualité du son bénéficie de plus en plus d’ingénieurs de sons hautement qualifiés. Des marques de vêtements dits de « streetwear » comme Offishal Private, Petit « O », Anofel Wear, Wazal, Deido Boy, Customz… gagnent du terrain au quotidien et commencent à se faire des places de choix dans l’industrie de l’habillement. Côté médias TV, on a des chaines comme Urban Muzik ou MBOA Muzik, télévisions sur le câble à Douala dont le contenu est 100% urbain, 24h/24. A côté de ces chaines, on retrouve la chaine satellitaire Boom TV (dernière née du groupe Spectrum Télévision) qui diffuse du hip hop à plus de 90%. On citera également Canal 2, première télévision privée au Cameroun (en terme de distribution du signal et d’audimat) qui a des programmes exclusivement consacrés à la musique jeune, urbaine et hip hop comme MBOA et IN THE STREET. De la télévision à la Radio, on retrouve dans chaque média de masse, des programmes traitant ou diffusant du hip hop et par défaut pouvant recevoir des artistes de ce rythme musical dans des émissions. Les sites web d’informations n’étant pas en reste, il est a noté une prolifération de portails et blogs en ligne qui se spécialisent également dans la promotion du hip hop camerounais. A coté de tous ces vecteurs du contenu hip hop, des réseaux de distributions s’y sont greffés pour palier à l’épineux problème de la distribution de supports musicaux qui gangrènent toute l’industrie musicale camerounaise. C’est ainsi qu’on retrouve des structures comme Kamerattitude ou Le réseau Koubalanta qui sont des projets initiés pour accompagner la promotion et la distribution des œuvres hip hop auprès du public.

Le hip hop camerounais, ce sont des centaines de projets physiques et numériques audios et vidéos par an, auxquels on y retrouve à chaque fois des infographes pour la création des covers, des musiciens et autres techniciens de studios pour travailler le son, des excellents réalisateurs de vidéos (pour la plupart des autodidactes), mais aussi et surtout des évènements divers et variés comme le Kamerhiphop Show, Douala Hip Hop Festival, Urban Show, Mboa Come Test, le Festival Couleurs Urbaines, YAZIK, pour ne citer que ceux là.

Malgré des stéréotypes et divers clichés de la société vis-à-vis des « Rappeurs », les mœurs évoluent et on arrive peu à peu à intégrer la musique urbaine dans le quotidien des ménages, pas comme un effet de mode éphémère mais comme un style de vie respectable.

La montée en puissance des jeunes 

Que ce soit pour les évènements populaires, les premières parties sur des gros concerts, l’animation de programmes en radio / Tv et même la réalisation des clips, les jeunes artistes de musiques urbaines se font de plus en plus présents. Leur montée en puissance est remarquée par le fait qu’ils sont de plus en plus nombreux, mieux outillée même comme pas toujours financièrement nantis. Ils font mieux rayonner la musique camerounaise au-delà de nos frontières avec une présence accrue dans des médias internationaux ou des évènements dans les quatre coins du monde. Parmi ces jeunes, on peut citer comme artistes : X Maleya, Duc Z, Prosby, Irma, Killamel, Ivee, Jovi, Achalle, Guy Michel Kingue, Sine, Douty, Carlos K, Museba, Danielle Eog, Veeby… Tellement ces artistes hip hop gagnent du terrain et gagnent en popularité que ceux-ci deviennent des têtes d’affiches de gros évènements, organisent leurs propres évènements et remplissent des salles de spectacles… Les réalisateurs de vidéogrammes, les meilleurs du Cameroun sont issus des milieux urbains, parmi lesquels ont peut citer : Shamak (Brain by Makconcept), NS Pictures, February 16th, Pipiyou Concept, Redzone, Napster (Kallash), Royal Team.  Leurs talents font d’eux des structures incontournables dans ce secteur d’activité. Ils sont plébiscités dans le cinéma, la publicité et même par les autres artistes de rythmes du terroir. Les producteurs de sons ne sont pas en reste ; aux cotés des ainés comme Djess Panebo, Dj Str’sS, SHy F’x, Dj T-Bo, on peut citer de nouveaux prodiges du son comme Dj Chris (Ghetto Muzik), Philjohn (Hope Music Group), Salatiel Bessong, MJ 4 (Jem’m Label), BB Sound (Blaxity), Dj Romeo (Smooth Sound Muzik), Rolex King…

Ces jeunes sont dans un siècle de vitesse et ils prennent vite conscience qu’il faut créer, innover, se surpasser. Raison pour laquelle, en plus des programmations électroniques, ces artistes sollicitent de plus en plus la participation de musiciens pour une touche de « live » dans leurs projets. Ces artistes apprennent à jouer aux instruments de musique et travaillent le côté spectacle de leurs prestations scéniques avec l’appui de danseurs ou des chorégraphes.

Ils sont jeunes, talentueux, pleins d’énergie et de créativité, parfois fougueux mais déterminé à réussir. Ils arrivent à remplir des salles de spectacles et par le biais de leur dynamisme, animent des sound system et bien plus. Mais face à leur hargne et leurs désirs de succès, beaucoup ne parviennent pas forcément au sommet de la pyramide soit par défaut de moyens et de stratégies de communication adéquates.

5 bonnes raisons de croire en la musique urbaine camerounaise

1-L’une des plus grandes fiertés des milieux de la musique urbaine camerounaise est très certainement la qualité son et vidéo des projets qui y sont produits chaque année. Toujours à l’avance sur l’ensemble de la production musicale locale et soucieuse de s’arrimer à un contexte international très compétitif, les producteurs de sons et réalisateurs de vidéos sont d’un atout indispensable à la pérennisation des efforts de création artistique qu’ils accompagnent avec maestria.

2-Elle bénéficie de plus en plus de plumes d’intellectuelles car en son sein, on a troqué les « délinquants d’antan » aux brillants lyricistes. Les jeunes artistes de musiques urbaines au Cameroun sont pour la plupart des élèves et étudiants et très souvent réputés comme étant des modèles. Ils sont diplômés et bien formés et portent des noms tels que Habib du Bled, Ivee, Nkunkuma, Dany Jazz, Killamel, Tox Kravitz, Lord Merlin, Stanley E.N.O.W pour ne citer que ceux là.

3-Un milieu hiérarchisé en cours de professionnalisation et en plein développement dans lequel on retrouve peu à peu des managers, des communicateurs, des agents d’argents, des organisateurs d’évènements, des distributeurs de supports physiques, des animateurs et médias spécialisés.

4-Des opportunités multiformes se présentent aux artistes de musique urbaines comme des compétitions et challenges, des contrats de productions, des évènements, des opportunités dans le cinéma ou des contrats dans la publicité comme l’ont fait Teety Tezano, Karnatox ou Phatal.

5-Un mouvement avant-gardiste et très réceptif face aux constantes progressions mondiales. Très connectée et à l’aise avec les réseaux sociaux et médias en ligne, les artistes et acteurs de la scène urbaine sont le principal promoteur du contenu local à destination du monde. On parle de Youtube, Twitter, Facebook, Soundcloud, Skyrock, Myspace… Autour d’outils pour pallier au déficit de communication auprès des médias de masse conventionnels dont les couts de promotion sont très élevés.

La musique urbaine camerounaise a de beaux jours devant elle. J’en suis sur et convaincu ! Cette musique n’est plus que du hip hop, car on y retrouve désormais du Slam avec Stone, Faithfull, R’N… On y écoute du Rock avec Jay N, de l’Afropop et du Coupé Décalé avec Numerica, Dj Manu Killer… Des rythmes métissés avec Sissongho Mc’s, C-Minaire, Sumanja… Avec le soutien des activistes, producteurs,  mécènes comme Akouté Ramses, Dja O Mic, Mboule Kennedy, Idrissou Arabo, Dany Zié, Heyndrick Bilé, Tony Méfé, Patricia Boowen, Chinois Yangeu, Dj Bilik, Bobby Shamahn,  Thierry Mbia, Oslo Black King, Jules Nya, Mustapha M., Fidjil, Gerard Nyatte, Brice Albin… Ils sont si nombreux… Avec eux, comment douter ? Il y a des raisons d’espérer qu’il s’implantera au Cameroun, une véritable industrie de la musique urbaine, car la cible est là, les fans sont là, ce marché presque vierge est là, bien vivant !

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Un commentaire

  1. le plus grand problem dans le rap camerounais c le mank de produteurs?suis jeune rapeur camerounais avec un album mais alor ou sont les producteurs?

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