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Martin Poulibé : « Le Grand Nord est le parent pauvre du cinéma camerounais…»

Dans la constellation des acteurs camerounais, il fait partie sans doute des meilleurs, son visage est familier aux camerounais, car il a été aperçu dans une multitude de films. Vivifié par l’amour de transmettre et de voir émerger des cinéastes de renom dans son Septentrion natal, avec le cœur et la raison, Martin Poulibé a décidé d’offrir aux populations du Grand Nord le festival panafricain du cinéma et de la culture du 13 au 23 octobre. Pour connaitre les contours et les détours de ce festival nous sommes allés à sa rencontre.

Bonsoir Martin Poulibé et merci de répondre aux questions de Culturebene.

Bonsoir et merci de l’honneur que vous me faites en vous intéressant à mon festival.

Lorsque vous scrutez le milieu cinématographique camerounais, quel constat faites-vous, car l’on peut affirmer qu’il existe deux types de cinéma ?

Pour moi, il n’existe pas deux types de cinéma, dans le cadre professionnel, il existe un seul cinéma au Cameroun. Toutefois, nous pouvons dire qu’il y’a un cinéma où on parle anglais et un autre cinéma dans lequel on parle français et qu’est ce qu’on dirait du cinéma où on parle nos langues nationales, parlera-t-on du cinéma Peul, de cinéma bassa ou Bamiléké ? Il y’a un seul type de cinéma, les techniques sont les mêmes, les acteurs agissent de la même façon. Disons plutôt que sous l’angle purement technique, il y’a un cinéma amateur fait avec le matériel rudimentaire et un cinéma professionnel fait avec le matériel professionnel. Au Cameroun, il y’a une chaine dont je ne citerai pas le nom qui diffuse des films de très mauvaise qualité, des films décriés par tout le monde.

Pourquoi avez-vous mis en branle le festival du cinéma panafricain et de la culture ? On le sait qui aura lieu du 13 au 23 octobre dans les  régions  du Nord, de l’Extrême Nord et de l’Adamaoua

J’ai d’abord constaté, le cinéma est élitiste, ici au grand Centre, quand Écrans Noirs se déroule à Yaoundé, il y’a pas grand monde, ce n’est pas parceque les gens boudent Écrans Noirs c’est parceque le cinéma est élitiste et par contre si vous l’associez à autre chose, il y’aura du monde. Alors le Cinéma étant le véhicule de la culture, j’ai pensé qu’il fallait mettre les deux dans un même festival. C’est pour cela que j’ai fait un festival panafricain de cinéma,   couplé à la culture à Ngaoundéré, Garoua, Guider et Kaélé du 13 au 23 octobre 2019.

Pourquoi le choix du Grand Nord ?

C’est parceque le Grand Nord est le parent pauvre du cinéma camerounais, tout est fait ici au Centre- Sud, personne n’a pensé à aller faire quelque chose dans cette partie du pays. Moi je suis natif du Grand Nord et par là, j’ai voulu célébrer le cinéma du Septentrion et par la même occasion développée cette industrie du 7eme art à Garoua, Ngaoundéré, Kaélé et Guider. Les experts que je ferai venir vont apprendre à ces cinéastes, comment on fait les films de qualité. Et on projettera aussi des bons films et les personnes bourrées de talent pourront apprendre et copier facilement.

Quelles seront les principales articulations du festival ?

Nous aurons d’abord la programmation des films qui ont été retenus, parceque nous avons fait  un  appel à film. Ces films seront jugés et primés et par ricochet seront présentés au grand public ensuite il y’a la culture avec toutes ses déclinaisons à l’instar des danses patrimoniales, l’art culinaire, le vestimentaire et pleins d’autres choses et sans oublier le village du festival où plusieurs activités se dérouleront. Mais cette année nous n’avons pas la possibilité de faire venir l’expertise de l’étranger pour animer et faire des conférences, si Dieu nous prête longue vie ça sera pour les prochaines éditions. Cette première édition est une édition pilote pour planter le concept et forcément l’année prochaine les choses seront différentes.

Dans le Grand Nord, on sait les populations s’expriment plus en langue peul par rapport au français  comment allez-vous remédier à cette situation ?

Non c’est l’image qu’on projette et que l’on veut présenter de l’extérieur qui vous dit qu’au Grand Nord, les gens ne parlent pas français ? L’expérience montre que ceux qui parlent anglais par exemple le parlent très bien. Évidemment, il y’a certaines personnes qui ne parlent pas français, en regardant les images, ils peuvent déjà décrire le film. Non, il faut dire aux gens qu’au Grand Nord, les populations s’expriment bien en français. Certaines personnes  partent étudier au Nigeria et s’expriment couramment en anglais. Il faut donc le dire, il y’aura pas de problème de langue de ce côté.

Quels sont les cinéastes camerounais qui feront le déplacement ?

D’abord il faut le préciser notre objectif est d’importer l’expertise étrangère pour le Grand Nord afin d’apprendre le cinéma à ces populations, au Cameroun c’est déjà un acquis, ainsi des cinéastes qui sont mes amis viendront certainement à l’instar de Gérard Essomba, Thierry Ntamack, Alain B Et pleins d’autres aussi. Le Ministère des arts et de la Culture prend cette affaire au sérieux puis qu’on  nous envoie trois fonctionnaires pour suivre le festival. Ça c’est important pour nous, le ministère nous envoie sa logistique, le ministère nous suit et ça c’est important pour nous.

Vous êtes une star incontestée du 7ème art, comment êtes-vous entré dans ce milieu ?

Merci de me considérer comme une star, en fait le cinéma m’est tombé sur la tête, c’est le cinéma qui m’a choisi, je suis historien archéologue de formation, en suite j’ai travaillé chez les transporteurs, j’ai vendu les voitures durant des années. Un jour, des jeunes sont arrivés dans mon bureau pour faire un film, un des acteurs ne jouait pas bien, je lui ai prodigué des conseils. Le réalisateur m’a piégé de manière subtile en me disant de refaire la scène, j’ai fait et il m’a dit que je joue très bien, dès lors je suis tombé amoureux de cet art. C’était en 2002 et nous avons refait ce film « Enveloppe ».

Depuis lors, vous avez tourné dans une kyrielle de films et de séries, on aimerait savoir quel est le tournage qui vous a le plus marqué ?

Chaque tournage a son histoire, chaque tournage a son contexte, chaque tournage draine ses émotions, il est difficile de dire quel tournage m’a le plus marqué. Il y’a des films où on m’a demandé d’incarner les rôles qui ne me plaisaient pas, mais je l’ai fait. Je prends l’exemple de Paris à Tout  Prix où j’ai été obligé de me raser la tête, chose que je n’aime pas. Il y’a aussi le film Cercle Vicieux, où mon personnage disait des choses pas bonnes du tout, des paroles grossières. Je prends l’exemple de Fournaise, film tourné en Côte d’Ivoire, l’ambiance de ce film était bien.

Dans la série Habiba qui passe sur Canal 2 est ce que ça été facile de travailler avec Murielle Blanche ?

Quand un acteur est professionnel c’est facile de travailler avec lui par contre il est difficile de travailler avec des amateurs. Murielle Blanche on a eu des relations professionnelles. Un acteur qui se vante à la limite c’est un minable, quand vous entrez dans la forêt et que vous apercevez des grands arbres, vous vous sentez petit, c’est comme ça que l’acteur doit se comporter, un acteur doit être humble.

Quels conseils pouvez-vous prodiguer aux jeunes qui aimeraient se lancer dans le cinéma ?

Je leur demande de travailler, car on ne se lève pas un matin et on  s’autoproclame acteur. Or les jeunes, maintenant quand il vient dans un plateau, la première chose qu’il demande c’est que vous allez me payer combien ? Moi j’ai eu mon premier cachet après 30 films, j’en ai fait plus de 100. Je leur demande d’être travailleurs, disciplinés et sérieux, car lorsqu’on travaille l’argent vient seul.

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2 commentaires

  1. Ravi de lire la globalité de l’interview de PAPA MARTIN POULIBE JE SUIS HEUREUX CARS J’AURAIT BEAUCOUP DE CHOSES À APPRENDRE PUISQU’IL EST MON IDOLE QUE DIEU VOUS BÉNISSE D’AVANTAGE DANS VOS OEUVRES

  2. Être formé par son idole, son star préféré n’est pas donné à tout le monde je remercie papa MARTIN POULIBE POUR SON BRAVOURE, SON AMBITION,SON INTELLIGENCE, SON AMOUR A LA JEUNESSE POUR LE CINÉMA MALGRÉ TOUT SON EFFORTS CERTAINS REFUSE DE SUIVRE CETTE FORMATION LORS DU FESTIVAL DE CINÉMA TINGUELIN LONGUE VIE À PAPA MARTIN POULIBE QUE DIEU VOUS BÉNISSE D’AVANTAGE MON GRAND PAPA

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