Il n’a pas parlé depuis des mois. Pourtant, Booba a fait beaucoup causer, ces derniers temps. A 35 ans, le poids lourd du rap français, de son vrai nom Elie Yaffa, vient de terminer son nouvel album, « Futur »*, qui sort le 26 novembre mais est déjà… numéro un des ventes en téléchargement sur iTunes grâce aux précommandes. Internet s’est même emballé depuis quelques semaines après son affrontement par chanson interposée avec son rival Rohff. Depuis Miami (Floride), où il réside, Booba s’exprime pour la première fois, avec son franc-parler habituel.
Etes-vous étonné d’être déjà numéro un des ventes sur Internet, un mois avant la sortie de votre disque ?
Non, c’est comme toujours. C’est le but. Je ne serais pas content sinon.
Pourquoi ce titre, « Futur » ?
C’est une manière de dire que je ne suis pas un suiveur, que je ne me préoccupe pas de la mode, que j’ai toujours un coup d’avance. Il faut être comme ça dans le business.
On a parlé d’une avance de 400 000 € pour votre arrivée chez Universal ?
C’était un gros contrat oui. En tout cas, ce n’est pas délirant pour moi (rires). J’ai une valeur. Aujourd’hui, signer Booba, c’est un minimum garanti. C’est comme quand tu achètes un bon joueur au PSG, genre Ibrahimovic. Tu te dis qu’il y a des chances qu’il marque des buts. C’est vrai que je n’ai jamais vendu en dessous de 100000 exemplaires, j’ai rempli Bercy, c’est mon 6e album. Alors j’ai fait monter les enchères. C’est normal. Il faut savoir se vendre.
Dans l’album, à propos de la France, vous dites : « Je ne me sens pas chez moi, c’est ça que vous cherchiez. »
Je n’ai plus de contrôles de police, je ne suis pas confronté aux problèmes de recherche de boulot, d’appartement. Mais je suis passé par là. Je ne me suis jamais senti chez moi. La communauté noire n’a jamais été représentée en France. J’ai grandi à une époque où il n’y avait pas de Noirs à la télé, dans les pubs, pas de Roselmack aux infos. Rien ne nous ressemblait.
Est-ce pour ça que vous vivez désormais aux Etats-Unis ?
Non. J’ai toujours voulu y aller. Miami, ce n’est pas les Etats-Unis. Il n’y a que des blédards ici : des Brésiliens, des Jamaïquains, des Vénézuéliens, des Européens. C’est tout mélangé. Mais je ne fais pas de rap pour changer les choses. Sinon je serais en France en train de militer.
Vous votez ?
Non. Jamais. S’il y avait un nouveau Kennedy ou un nouvel Obama en France, peut-être que je voterais.
Et François Hollande ?
Je ne sais même pas qui c’est. Tu me mets dix hommes politiques, je ne sais pas si je le reconnais sur la photo.
Vous savez qu’il veut taxer à 75% les revenus au-delà de 1 M€…
Oui, moi je me trouve en dessous, mais c’est complètement débile. C’est encore pire que de la prostitution. Je suis sûr qu’un mac ne taxe pas sa pute à 75%. Franchement, elle est où ta motivation à te lever le matin pour faire des millions?
L’année 2012 a vu le triomphe du groupe de rap français Sexion d’Assaut. Vous aimez ?
Je ne me reconnais pas dans leur musique, mais je suis fier pour eux, de leur succès. Ce sont des bosseurs, ils l’ont mérité. Cela montre surtout que c’est possible de réussir pour des jeunes de couleur.
Parallèlement, Diam’s est revenue…
… Au Moyen Age! Je ne juge pas, c’est religieux, personnel. Elle fait ce qu’elle veut. Je la préfère encore comme ça que derrière un micro. Je ne l’ai jamais supportée. Elle s’inventait une vie, un parcours…
C’est toujours tendu dans le milieu du rap ?
Oui, le rap c’est du sport de contact, de combat. C’est comme la boxe. T’as envie d’éclater tout le monde. Il y a beaucoup de testostérone, de rivalité. Je suis un compétiteur. Tout le monde veut être le meilleur, c’est un peu la mentalité de la rue. Mais ça peut dégénérer à tout moment. Comme lorsque j’ai jeté une bouteille de whisky sur un spectateur qui m’avait craché dessus, lors d’un concert au Stade de France. Dans ces cas-là, il n’y a pas de Booba, de carrière. On reste des hommes.
* Booba, « Futur » (AZ, Universal Music), sortie le 26 novembre, 12, 99 €.
Source : leparisien.fr
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