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Romeo DIKA : « le Cameroun ne m’a jamais reconnu une quelconque valeur ou compétence… »

Au menu de cet entretien, la gestion mafieuse des droits d’auteurs, des accusations portées sur lui relatives à l’affaire du Port Autonome de Douala, ce que lui reproche le Directeur du Cabinet Civil Martin Belinga Eboutou…

Tu es désormais, et ce pour 4 ans, vice-présent de la seule ONG représentant sur le plan mondial les syndicats et organisations professionnelles de musiciens ; comment te sens-tu sous ta nouvelle casquette ?

Merci déjà d’être venu jusqu’à moi, je dirai que c’est tout d’abord une fierté personnelle ; parce que lorsque la communauté internationale (ou l’on ne fait pas le tribalisme ou le sectarisme …) vous reconnait les  compétences et vous accorde l’opportunité de faire valoir ces compétences, vous ne pouvez qu’être fier de votre parcours. Ça  fait plus de 15 ans que je suis dans les couloirs des instances de la Fédérations International des Musiciens, c’est la seconde fois que le comité africain ainsi que le congrès me marquent leur confiance. je rappelle que je suis le premier noir et africain à entrer au comité exécutif, et je suis également le premier noir à en devenir vice président. C’est donc une grande joie que j’éprouve, ce qui est certain c’est que si je décède un jour, j’aurai  au moins quelques larmes venant de la communauté internationale. Je soulignerai aussi que tous ce que je pose comme acte depuis des années c’est toujours par rapport à ce que je laisse la prospérité, à l’histoire. Si cela peut aussi faire plaisir à mes compatriotes, tant mieux ; mais bon, vous savez nous sommes dans une république où il vaut mieux ne pas être content car les gens préfèrent  nous voir malheureux et triste, seulement ils souffriront encore pendant 4 ans de me sentir heureux.

Il faut dire que c’est aussi toute l’Afrique qui se voit honorée à travers cette élection ; dis-nous en quoi consistera le gros de ton travail en tant que vice-président de la FIM ?

Déjà il ya des missions notamment l’évaluation de la musique tant sur le continent Africain qu’à  l’international, quelles sont les contributions que nous pouvons avoir en ce qui concerne le développement de la propriété intellectuelle, le développement de l’industrie phonographique en Afrique, il y a ainsi un réel travail de concert c’est-à-dire les actions politiques qui peuvent être menées pour permettre à ce que les choses puissent évoluer. Donc  selon mon calendrier, le 25 novembre prochain je dois être à  Naïrobi au Kenya pour apporter un soutien à  la communauté internationale et ou j’accompagnerai  le président et le secrétaire général de la FIM. Il s’agira entre autre de la négociation avec le gouvernement Kenyan pour permettre la reconnaissance du statut des travailleurs aux musiciens Kenyans et permettre  à «  Universal’’ qui voudrait s’installer en Afrique Australe  d’avoir des terres pour son établissement. Le 29 novembre nous serons à Kampala en Ouganda où sera reçu le Président de la FIM , John SMITH par le gouvernement ; c’est aussi pour une négociation qui porte sur le soutien des artistes locaux à travers la construction de la banque de la culture avec l’apport du British Initial Mission (qui pèse huit milliard de dollars ), l’American Federation Musicians (qui pèse 15 milliard de dollars ), donc vous comprenez que se sont des structures au dessus du cliché du Cameroun (rire).

Est- ce que ton élection augure des lendemains meilleurs pour les artistes Camerounais ?

Sincèrement je  vous le dis du fond de mon  cœur, le Cameroun ne m’a jamais reconnu une quelconque valeur ou compétence ; de deux sur cent musiciens je pense avoir permis à 95 de gagner de l’argent soit en les impliquant dans les spectacles soit en négociant des contrats pour eux. Mais en retour, en 25 ans de carrière je n’ai récolté que de la médisance, de la calomnie, de la jalousie, des magouilles, des coups…

Mais tu continues  à les défendre avec la création du SYCAMU, par exemple…

Justement, je voudrais simplement dire que si je voulais regarder la raison de manière sincère j’aurais pris mes distances vis-à-vis du Cameroun, puisque même le régime du RDPC que j’ai servi ne me  l’a jamais rendu. Lorsque j’ai fêté mes 25 ans de carrière, souvenez-vous, je n’ai jamais reçu de médaille mais, je ne fuis pas mes responsabilités ; mon père était Camerounais donc même si je ne voulais pas être camerounais, j’ai de bons souvenirs de mon père et je suis conscient qu’il y en a qui me sont restés  fidèles pendant toute la traversée du désert, donc s’il faille  faire quelque chose je le ferai pour ceux-là. Il y a beaucoup de Camerounais dans les organisations internationales qui peuvent aider au bon fonctionnement du Cameroun, mais il y a un état d’esprit qui règne aujourd’hui dans le pays qui vous oblige à prendre vos distances ; le manque de respect et cette manie de toujours vous mettre les battons dans les roues, alors pendant les quatre ans que durera mon mandat je ne ferai peut-être pas de miracle, mais que ceux qui me sont restés fidels sachent qu’ils auront des ouvertures.

Tu es une fois de plus cité dans la presse au sujet d’une polémique née de l’affaire sur le Port Autonome de Douala, mais ce qui t’accable encore plus c’est la sortie du directeur du Cabinet civil Martin Belinga Eboutou ; que se passe t il réellement ?

Je vais le dire de façon regrettable, ce n’est qu’aujourd’hui  24 octobre 2012 que j’ai pris ma plume pour adresser un courrier au chef de l’Etat et cela n’était  plus arrivé depuis 2 ans. C’était donc pour m’indigner de ce que M.  Martin Belinga Eboutou et certaines autorités m’accusent d’avoir adressé une note au Chef de l’Etat dans laquelle je les accusais d’avoir donné des instructions au  Directeur du Port Autonome de Douala aux fins de payer des droits d’auteurs à monsieur  Sam Mbédé qui n’avait pas qualité. Déjà je pense que je n’ai pas ce genre d’habitudes, et j’ai rappelé dans ma correspondance adresser au Président de la République qu’il sait que j’ai toujours eu a signer les courriers que je lui adresse et ce par les voies légales ; c’est-à-dire que quand j’ai toujours eu à lui écrire contre l’un de ces collaborateurs, je le fais avec une copie que j’envoie au concerné lui-même et j’y porte les preuves de mes allégations. A mon âge il est impensable que l’on m’accuse au point où on commande les médias de me lyncher. Mais ce qui est curieux, et ça il faut le souligner, c’est que ça arrive de la même manière qu’en 2001 ; En 2001,quand je venais d’être élu vice-président  à la FIM(Ndlr), le Ministre de la culture de l’époque Ferdinand Léopold  OYONO avait immédiatement  levé les boucliers pour mobiliser certains artistes pour une campagne de dénigrement en saisissant la communauté internationale lui disant que Roméo Dika n’a pas été envoyer par le Cameroun et doit démissionner. Aujourd’hui encore je suis élu vice-président et la même situation revient…

C’est quoi la vraie raison, Roméo Dika ?

Je ne sais pas, peut-être  les  gens estiment que comme je ne fais pas les courbettes, je ne suis pas dans leurs domiciles pour leur faire les salamalek ou dans leur bureau, ils me trouvent hautain. Mais moi je ne trouve pas normal que les gens soient compétents et qu’on veuille qu’ils lèchent  le sol pour pouvoir obtenir quelque chose. J’ai été choqué qu’a mon arrivée au pays mon fils me dise qu’à son école ses amis scandaient  que son père est un voleur.

J’ai également appris selon certaines déclarations que j’obtenais chaque deux semaines la somme de 8 millions  de la SOCAM pour me rendre à l’étranger ; or depuis le 11juin 2011 à ce jour (date à laquelle j’ai intégré l’équipe d’Odile Ngaska), j’ai effectué 23 voyages à l’étranger. Alors faites le calcul 23×8 millions, donc 184 millions ? Ça  m’a obligé à saisir la SOCAM officiellement  pour leurs demander des clarifications sur cette affaire et ils m’ont répondu officiellement à leur tour par écrit où ils disent ne pas reconnaitre ces allégations. Je suis entièrement pris en charge par la FIM et je ne pense pas être malheureux dans cette prise en charge. Et pour vous dire la vérité, ces derniers mois j’ai prêté de l’argent à la SOCAM via mon compte bancaire et j’ai des preuves, seulement, je suis quelqu’un qui pose ses actes dans l’ombre et c’est un mystère que j’entretiens depuis des années (je ne parle pas), et si cela amène les gens à toujours dire des choses, moi je n’entrerai jamais dans les combinaisons.

On remarque un peu partout le déploiement de la SOCAM sur le terrain pour la perception des sommes relatives  à la propriété des œuvres, notamment les débits de boisson et autres… où en sommes-nous avec l’épineuse affaire des droits d’auteurs ? Est-ce qu’avec ces actions la situation des artistes a évolué ?

La perception des droits est au plus mal aujourd’hui il faut le reconnaitre, simplement parce que les mafias se sont organisées pour empêcher que les structures compétentes perçoivent comme il se doit les droits de l’exploitation du répertoire musical. A titre d’exemple, le Port Autonome de Douala qui a reçu des correspondances venant du mandataire des sociétés (la SOCILADRA et autres…) et tout récemment le 10 Septembre 2012 la Commission spéciale de liquidation de l’ex CMC. On leurs a dit, vous devez payer les droits d’auteurs car le gouvernement les a organisé par décision pour éviter qu’il y ait des distractions de compte, alors il a été ouvert un compte de dépôt spécial et la commission de médiation pourra répartir ses sommes aux sociétés pour qu’il y ai une traçabilité ; mais les camerounais ont une prétention à la corruption, alors pour éviter de déposer de l’argent dans une structure qui ne pourra pas  reverser des sous on a préféré passer par des subterfuges pour essayer de donner 40 millions à des personnes qui n’avaient ni qualité ni compétence, sous prétexte qu’il y avait décision de la cour Suprême… Les artistes ont donc voulu faire comprendre au Chef de l’Etat en allant  Monatélé organiser l’assemblée générale, qu’il n’y a pas de renseignement au Cameroun ; parce que s’ils ont pu se déplacer en millier, mobiliser une quarantaine de bus et une cinquantaine de véhicules partis de tout le Cameroun sans que les services de renseignement ni la sureté nationale ne soient au courant du lieu où allait se tenir ladite assemblée, c’est simplement faire comprendre au Chef de l’Etat que ses pires ennemis sont tout près de lui.

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