CamerounInterviewMusique

Ciriac Oloum : « En tant qu’intellectuel je milite en faveur des valeurs universelles »

Bonsoir Ciriac et bienvenu dans nos bureaux…

Merci à vous, c’est un plaisir renouvelé que d’intervenir dans vos colonnes qui accordent une place importante justement à la culture.

Dans ton premier album « N’oublie jamais », des titres comme Afrique assumes-toi, Citoyens abusés ou encore Jeunesse instrumentalisée, expriment-ils une sorte de révolte à l’endroit des dirigeants africains ?

Bien sûr, en tant qu’intellectuel je milite en faveur des valeurs universelles, humanistes ; ce serait coupable de la part d’un philosophe (que je suis) de se taire dans un contexte gangréné par toute sorte de maux comme c’est le cas non seulement en Afrique mais dans mon pays natal le Cameroun.

Ton départ pour le Canada a-t-il davantage favorisé cette démarche ?

C’est vrai qu’étant encore au Cameroun je n’écrivais pas de textes virulents, mais j’exerçais déjà mon travail d’anticipation critique avec d’autres canaux, à travers notamment un bimensuel que j’ai intitulé « L’aube », malheureusement il parait à quelques mois seulement de mon départ pour le Canada ; c’était en même temps le sigle de mon ONG «l’Académie des Urgentistes Bénévoles d’Education », programme à l’intérieur duquel je développais beaucoup d’autres rubriques allant de la pédagogie des masses jusqu’à la critique de la cybernétique, d’où d’ailleurs l’un des titres de mon premier album « Cyberphilie ou cyber phobie ». Donc pour vous dire que dans l’âme j’ai toujours été, je ne dirai pas avant-gardiste mais très revendicateur, et partout où je suis passé les gens vous diront que je n’ai pas ma langue dans la poche. Maintenant, vous pouvez revendiquer dans un amphithéâtre ou dans une conférence, ça n’aura jamais le même impact que lorsque vous le faites à l’intérieur d’une œuvre musicale, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je me suis lancé dans la musique. J’avais également rédigé des articles scientifiques mais qui n’avaient pas d’échos, par contre avec mon statut d’artiste je suis écouté partout dans le monde.

Tu as tout de même connu des débuts plutôt timides dans la musique, quand on revoit ta toute première prestation du 20 Novembre 2010 au Mont Royal, tu ouvrais d’ailleurs le bal ce soir là… Ce léger flop t’a-t-il marqué d’une certaine façon ?

J’étais timide ce soir-là parce que malheureusement j’embrasse beaucoup de chose, je recevais en ce moment là les jumeaux du groupe Masao, le feu Noel Ekwabi, Hensa Benty… Ce qui s’est passé c’est que le jour du spectacle hélas, j’ai dû enseigner de 08h à 16h or je montais sur scène à 18h. Donc pour vous dire que je suis monté sur le plancher complètement assommé, mais par respect pour mon engagement et pour mon public je me devais de faire ce spectacle.

Avant ton départ pour le Canada tu enseignais déjà ici, à présent tu as la lourde tache d’initier la philosophie aux cégepiens des collèges et d’universités ; la pédagogie est-elle la même ?

Déjà les conditions de travail sont loin d’être les mêmes, chez les cégepiens c’est une trentaine d’étudiants par classe et du coup le suivi pédagogique est bien plus favorable que lorsque vous vous retrouvez dans un espace supposé accueillir 30 élèves mais que l’effectif est de 130 voire plus. Sur le plan de la pratique pédagogique (on l’a longtemps annoncé ici au pays mais c’est resté un slogan), il y a une révolution qui consiste à rendre les relations entre étudiants et enseignants plus horizontales ; ici il y a encore des enseignants qui malheureusement se comportent comme des pontifes du savoir et qui pensent que les élèves ou étudiants sont des réceptacles passifs de leurs savoirs de maîtres incontestés-incontestables. Là bas les élèves ou les étudiants à chaque session notent leurs enseignants sur au moins une trentaine de rubriques, et l’enseignant est tenu de prendre cela en compte pour améliorer son enseignement. Il y a aussi le fait qu’ils aient dépassé le problème de factures numériques, l’accès à l’internet est devenu un jeu d’enfant, vous retrouvez des ordinateurs dans tous les coins, un élève à peine il arrive qu’il saisi son travail et l’imprime en un laps de temps, même le professeur a à l’intérieur de chaque salle de cours des outils multimédias, et franchement, ça facilite beaucoup les choses.

On remarque que la musique occupe de plus en plus une bonne place dans ta vie, il n’y a qu’à voir ton nouveau look (dreadlocks…) ; comment te sens-tu dans ta nouvelle peau beaucoup plus artistique que pédagogique ?

Il y a plusieurs explications à ce changement de look, déjà je suis quelqu’un épris de fantaisie de par ma nature. Sur la pochette de mon premier album j’arborais une tenue faite en paille (c’était une commande spéciale chez un styliste camerounais), aujourd’hui j’ai des dreadlocks, c’est peut-être la crise de la quarantaine (rire)… En tout cas c’est plus une position idéologique et politique, c’est une manifestation de la liberté, je n’ai pas voulu m’imposer un mode de vie genre toujours se coiffer ou s’habiller chic, j’ai horreur des carcans. Je ne veux pas que l’on m’enferme dans les carcans, que l’on me dise « Comme tu es professeur de philosophie mets des lunettes, sois en costume-cravatte… », Quitte à ce qu’au premier abord on me prenne pour quelqu’un d’autre qu’un intellectuel. Mais très ils comprennent que ce ne sont pas les cheveux qui pensent, c’est ce qu’il y a à l’intérieur.

Comment se porte ta petite famille, surtout la petite Roxane qui fait déjà parler d’elle ?

La famille se porte à merveille, la petite Roxane est d’ailleurs en avance par rapport à son âge, elle vient d’être élue Député des enfants dans son établissement où je viens moi-même d’occuper le poste de Président du Conseil d’établissement.

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page