– Contexte :
S’il y’a une constatation que l’on puisse faire aujourd’hui et sur laquelle il ne peut y avoir de grande contestation c’est sur la situation actuelle de l’Afrique. L’Afrique est en panne. Elle est en train de se vautrer dans une « misère galopante ». Et personne ne peut dire avec grande certitude quand elle prendra son terme. Dans la grande course vers la conquête de l’histoire politico-économique, certains l’ont dit : « l’Afrique noire est mal partie » et d’autres esprits plus fatalistes encore diront qu’ « elle n’est même pas partie ». De ce fait pouvons-nous conclure avec l’autre que dans cette histoire, l’Afrique aussi bien que l’homme africain n’y est pas assez entrée ? Une chose est sure et certaine, c’est que l’Afrique est devenue malgré elle, non seulement la risée de tous, mais aussi leur muse. « La muse des temps modernes ». Elle a donnée naissance à des écrivains de talents ou pas, et à une énorme triste littérature. Ceci peut justifier l’affirmation du poète selon laquelle « les chants les plus désespérés sont les plus beaux » ou encore celle qui stipule que « c’est avec des beaux sentiments qu’on fait de la mauvaise littérature ». En littérature comme en science, la peine inspire plus que la joie. Devons nous citer ici cette vaste liste non exhaustive ayant l’ « Afrique meurtrie » pour thématique ? À l’instar de « l’Afrique noire est mal partie », « l’Afrique est malade d’elle-même », « à quand l’Afrique », « la malédiction de l’Afrique noire », « la misère galopante du sud », « l’Afrique désenchantée », « l’Afrique étranglée »… alors qu’est ce qui peut justifier cet état moribond chez l’Afrique, pourquoi l’Afrique reste t’elle ou est elle mise en marge de l’évolution politico-économique du monde, quels en sont les voies pour « sortir sa tête de l’eau » ou alors pour « sortir de l’enveloppe » ?
– Justifications :
Devant ce triste tableau que nous manifeste l’Afrique du XXIe siècle, moult arguments pleuvent de partout pour essayer de justifier cette situation. Certains pensent encore, à la prétendue malédiction de l’Afrique. Héritière de Canaan, terre de Cham, qui aurait été maudit à l’esclavage pour avoir vu la nudité de son père ivrogne. (cf : on ne nait pas Noir, on le devient, P. Ndoumai, Harmattan, 2007, 226 pages). Aussi par l’attitude irrationnelle et réfractaire des africains vis-à-vis du changement. Pour d’autres, cette maladie africaine qui de jour en jour porte le voile de l’incurabilité nonobstant certains grains d’espoir à la taille d’un sénevé est à situer ici. Dans la rencontre, voir le choc avec l’Autre, l’Occident. Ce qui a été perpétré par ses instruments qui ont été l’esclavage et la colonisation, l’Afrique s’est vue dépouillé de ses ressources humaines, matérielles et spirituelles les plus profondes. Jean Paul Poulaga parlera d’une exploitation « jusqu’aux os ».
Or pour les africanistes-eurocentristes, dont Sarkozy s’est posé à un moment en chef de fil, le colon n’a pas seulement pris, « il a aussi donné ». (cf : discours à la jeunesse africaine, Dakar 2007). C’est donc là où se pose le problème fondamental : sur ce que le colon a donné. Car il n’a pas seulement donné les routes, les hôpitaux, les écoles, les chemins de fers, les ponts…il a aussi donné la langue, l’Eglise, Dieu et sa vision du monde. Aucun esclavage ni aucune colonisation n’est pacifique, il faut le reconnaitre. Elle est toujours violence d’une manière ou d’une autre, car le colonisé n’a jamais invité le colon, bien qu’il ait été souvent courtois avec lui. Le colon nous a forcés à parler sa langue, à nous vêtir du manteau de sa civilisation afin de couvrir notre nudité. Il nous a forcé de croire en son dieu, un dieu auquel il ne croit pas lui-même dira Jean Paul Poulaga. Car Dieu s’il existait étant juste et bon, il n’aurait jamais envoyé ses disciples en mission venir tuer, piller, exploiter, violer, violenter et désaliéner l’autre. Ce qui a été malheureusement le cas sous le couvert de la « divine mission civilisatrice » bien que Jean Paul Sartre dira qu’ils n’en avaient eu aucune. (cf : préface des damnés de la terre)
A la différence des asiatiques, les « nouveaux dragons » économiques, l’Afrique continue à croire au dieu du colon, à parler sa langue, à voir le monde comme lui et à se prosterner devant lui. Pourtant il a été prouvé historiquement, qu’aucun peuple ne peut se développer avec la culture d’un autre. Ni résoudre ses propres problèmes avec les solutions venues d’ailleurs. La situation actuelle des africains est la définition même la plus aboutie de l’aliénation culturelle. Voici ce qui a poussé avec raison l’économiste Daniel Etounga il y’a deux décennies, à se demander si l’Afrique n’aurait pas plutôt besoin d’ « un ajustement culturel » ? Nous croyons qu’aujourd’hui nous n’avons que deux éléments de réponse : yes ou Oui.
Pour le Professeur Jean Paul Poulaga, géo-stratège et enseignant chevronné, l’Afrique devrait en finir une fois pour toute avec cette histoire du « dieu importé » et passer à autre chose. Sa position est claire : il ne faut pas seulement croire en ce dieu parce qu’il est aliénation de l’homme, mais aussi et surtout parce qu’il n’existe pas. Il refuse Dieu, il le désavoue, il le nie absolument. Selon lui, un croyant ne peu pas penser ni agir en toute liberté. Parce que dit’ il, dieu ou la fatalité n’a été « inventée que pour nous endormir ». Et pour l’homme africain : il ne pourra pas sortir de l’auberge s’il continue d’adorer un dieu qui n’existerai pas. L’image pieusement triste que Jean Paul Poulaga avait eu à publier sur internet est assez illustrative : une scène où nous voyons un prêtre béatement se prosterner en saluant le pape. Pour la simple raison qu’il est blanc et qu’il serait le représentant de dieu sur terre. Le faisant il brise non seulement sa dignité d’homme, mais aussi celle d’homme de Dieu qui lui défend de ne point se prosterner devant quelqu’un a part lui.
Jean Paul Poulaga utilise un argumentaire assez solide et fondé et non de fard ou de façade. Pour lui il est difficile de comprendre comment quelqu’un peut prétendre nous enseigner un dieu bon et tout puissant, qui serait amour, qui aurait crée tout homme à son image, et en même temps il nous fait esclaves, il nous colonise jusqu’au os et même lorsqu’il nous « libère » ne voit en nous que des esclaves. Y’a-t-il une logique ? Pour lui, on ne pourra pas se développer dans la paresse et la rêverie. Si on ne s’assoie pas un instant pour réfléchir à nos problèmes quotidiens et essayer de trouver des solutions pour y remédier. Or « croire dit’ il, est de loin la chose la plus facile du monde. Dès lors que cela consiste à aller dans le sens de la vague, du courant des moutons et des brebis sous la conduite d’un guru ou pasteur ». C’est malheureusement cet esprit grégaire et cette attitude oiseuse que l’on enseigne aux africains dans ces églises de réveil qui, au lieu d’éveiller les consciences des fidèles, les euthanasies plutôt.
Jean Paul Poulaga tient de tels propos sur la base d’un facto-méthodologisme raisonné. Il observe des faits clairs, par exemple ce comportement inhumain des « disciples de dieu ». Ceux qui au nom de ce dieu commettent des crimes légendaires contre l’humanité, qui sont des promoteurs de la haine de l’autre, qui va jusqu’à la ségrégation. Alors ironiquement, il se demande si ces disciples attendent qu’il soit au ciel pour l’accueillir auprès d’eux ? Comment serait ce possible si sur terre ils n’ont pas voulu de lui ? En plus de ces disciples de dieu, il s’offusque contre les croyants africains. Ceux-ci qui ont mis leur raison en congés. Qui refusent de s’ouvrir les yeux et pour récupérer leur conscience. Et voir qu’ils prennent depuis longtemps des ombres pour des réalités, qu’ils ont la poudre aux yeux, qu’ils sont aveugles, et qu’ils ne marchent pas sur « le chemin », « la Voie », qu’ils sont en train de se faire arnaquer. Afin de se lever, et dire non ! Se révolter, donc faire volte face. Et dire à ces disciples de dieu, je suis debout, je suis libre.
C’est l’exemple de ces villageois que Jean Paul Poulaga a si bien illustré dans ses écrits. Ceux qui vivent dans les mansardes, mais qui, chaque dimanche, font le culte dans une maison de dieu bien construite, au milieu de se délabrement architectural. Ils s’y amènent non seulement avec tous leurs espoirs pour le confier au disciple de dieu, mais aussi avec leurs deux tuniques, pour préparer leur place au ciel. Ils ne savent pas que ces disciples ont une et une seule mission. Loin de la « pseudo mission civilisatrice ». Mais cette mission, la vraie, mis a jour par Léopold II dans sa célèbre allocution aux missionnaires : « apprenez leur à croire et non à raisonner ». Ça a marché et ça continue son petit bonhomme de chemin. Ces disciples savent que la foi ou la religion est un opium pour ne pas répéter Marx. Et par contre comme l’a dit Kamto « la raison nous délivre des mystifications politiques, des faux dieux, de l’asservissement à tous les cultes délirants sortis de l’intelligence des hommes au cours des âges », in l’urgence de la pensée, p.35. Ces africains refusent de voir que, comme l’a ajouté jean Paul Poulaga, Dieu n’est qu’une marchandise. Il n y’ a qu’à voir le luxe insolant et blessant dans lequel vivent ces « très pieux hommes d’affaires ».
Par ces sorties que beaucoup peuvent qualifier d’athéistes, le géo-stratège voudrait simplement préparer l’esprit du « nouveau type d’homme » africain. L’africain du XXIe siècle. Il voudrait former des hommes murs et avertis. Libérés de toutes formes d’esclavagisme. Et comme il l’a sien bien souligné à la préface de son ouvrage, il voudrait voir naitre « des jeunes protagonistes, des acteurs, et non des sujets en attente de l’hypothétique providence ». in, géostratégie africaine, 2012. Hypothétique parce que, la fatalité par eux inventé et à nous inculqué, n’est là que pour nous endormir ajoutera t’il. Hypothétique parce que le destin n’existe pas, puisqu’il n’ ya pas de dieu pour le monter. Parce que rien n’est donné à priori tout est à construire. Dans cette Afrique du XXIe siècle, il y’a une urgence manifeste de penser et d’agir. De travailler, d’accomplir les œuvres qui parlent d’elles mêmes. Et comme l’a dit Voltaire en concluant candide ou l’optimisme, il faut « cultiver notre jardin ».
Alors devant ces urgences, « a quoi sert’ il de danser Dieu, de chanter…si cela ne doit aboutir qu’à nous pousser dans l’abandon de nous-mêmes à l’irrationnel au moment précis où il faut résoudre les problèmes de la vie quotidienne ? » Njoh Mouellé, de la médiocrité à l’excellence, P.139. Et Axelle Kabou a eu raison de dire que « l’Afrique du XXIe siècle sera rationnelle ou ne le sera pas ». Le refus de Dieu chez Jean Paul Poulaga ne serait donc pas inscrit dans une démarche fantaisiste ou ne serait pas un simple nihilisme nihilo-nihiliste. Derrière ce refus se cache l’acceptation de l’éveil de l’Afrique.
– Dépassement
Tout au long de cet exercice, nous avons pu constater que l’auteur s’offusque le plus souvent et toujours contre ceux qu’il appelle « les disciples de dieu ». Pour la simple raison qu’ils sont venus et viennent nous enseigner un dieu qui n’existe pas, auquel ils ne croient pas eux même. Ceci dans l’objectif meurtrier de nous dépouiller de ce qu’on a de plus cher, plus notre liberté que nos richesses. Donc ce ne serait pas à Dieu qu’il faudrait remettre la faute, ce serait trop facile. La où ces gens pêchent, c’est au niveau de l’utilité de Dieu. « Dieu n’est pas là pour nous servir à quelque chose, comme nous ne sommes pas là pour nous en servir » in, je crois moi non plus, Calmann-Levy, 2004 p.47. Pour Jean Paul Poulaga, c’est donc parce que ces injustices manipulées de toutes pièces par les hommes existent que Dieu lui, n’existerait pas. Il fait donc là du contrepoint ou de la contrapuntique, pour parler comme Philippe Sergeant, passagers clandestins, harmattan, 2003. p.15
Il est donc clair que Voltaire, n’avait pas seulement raison de dire que cette horloge ne peut pas exister sans horloger, mais aussi que « Dieu a fait l’homme à son image et il lui a bien rendu ». L’homme a crée un dieu pour servir ses intérêts et non pour le servir. Ils ont fait du Vrai Dieu ce qu’il n’est pas. Vous allez peut-être dire que s’il existait un Dieu bon et tout puissant, il aurait s’il le voulait ou le pouvait, interdire toutes ces choses. Vous brandirez peut-être l’argument du silence complice de Dieu, mais vous oublierez volontiers de parler de la surdité des hommes. (Je crois moi non plus, p.38) dans cet ouvrage le prêtre Jean Michel di Falco continue en affirmant qu’ « on ne peut pas donner une définition de Dieu avec notre langage », (ibidem p.49) il est si pauvre, je crois que Einstein a enfin eu sa réponse.
Dieu a donc été toujours instrumentalisé par les hommes. Cet homme d’Eglise va ajouter quelque chose de très important : « avant de rendre à Dieu ce qui est à Dieu » il faut d’abord rendre aux hommes ce qui est aux hommes. (ibidem, p.52) vous voyez professeur, que je cite là un homme de Dieu, de foi, mais habité par la raison. Pour dire que ce n’est pas une vérité établie que le croyant soit forcément un pauvre d’esprit en plus d’être un pauvre en esprit. Que dira t’on de Martin Luther King, de Malcom X, de Garga Haman Hadji, de Jean Marc Ela, de Blaise Kenmogne, de Ka Maana, de Christian Tumi, d’Engelbert Mveng, tous ces grands hommes de foi, ont été et sont ce que le monde a eu à connaitre de mieux dans le domaine de la production des idées. Il ne faut donc pas, comme l’a dit Kamto « considérer tout porteur de tendance comme vecteur d’une maladie contagieuse » non ! (p.144).
Ces missionnaires, n’ont jamais voulu, lire la Bible dans son côté libérateur et pratique. Jamais Dieu n’a demandé à l’homme de rester les bras croisés. Il a donné la manne une fois dans l’histoire, vous comprenez pourquoi il ne la donnera plus. Et même quand il installe le premier homme dans le jardin, plein de délices, c’était pour le cultiver davantage et non pour la contemplation. Et quand le Christ « le plus grand pédagogue » de l’histoire de l’humanité (cf : Le maitre intérieur, Karlfried Durckheim, 1980, 181 pages) a eu à dire « qu’on reconnaitra l’arbre par ses fruits ». Et vous verrez professeur, que ceci est valable pour les 3 religions révélées que vous contestez. C’est dire que, comme l’a pensé Cheik Hamidou Kane, il n ya pas d’antagonisme entre la foi et le travail, ou la science, puisqu’en réalité il n’existe pas de science sans croyance. « Il y’a Dieu, il y’a la vie, qui ne sont pas nécessairement confondus, il y’a l’oraison il y’a le combat » (cf, l’aventure ambigüe, 1961, p.107)
C’est le sociologue Max Weber qui a réussit le mieux à le démontrer. Dans son essai sur l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Il part des observations faites en Allemagne et aux USA, et arrive à déduire que dans ces pays, si le capitalisme y était le mieux développé, parce que la plupart des industriels étaient des chrétiens protestants. Ce que Weber trouve comme justificatifs c’est l’existence dans ces milieux d’une certaine éthique de vie, prônée dans les sectes qui y existaient. Ayant pour valeur cardinale, l’acceptation du travail comme un devoir plus ou moins assigné par Dieu. Cette éthique était donc séparée du vieil ascétisme monacal. Le calvinisme lui accordait un sens positif : « il était nécessaire de mettre la foi à l’épreuve dans la vie profane », éviter la prodiguassions, et développer l’esprit de thésaurisation et d’investissement. (Dirk Kaester : Max Weber, sa vie, son œuvre, son influence, Fayard, 1995)
C’est donc ce à quoi doit re-devenir la religion à nos jours. Et Jean Paul Poulaga a refusé de nous le dire. Mais heureusement nous entendons encore Martin Luther King, répéter à nos oreilles ces mots : qu’une religion qui n’est pas capable d’apporter des solutions aux problèmes quotidiens de ses fidèles, ne mérite pas d’être. Nier Dieu n’est peut-être pas la solution. Vous parlez professeur d’une urgence de liberté, mais Dieu n’aurait ‘il pas crée l’Homme libre ? doté de la plus belle chose du monde ? ce don précieux qui nous diffère des choses parmi les choses dans le monde ? Descartes l’appellera « le libre arbitre absolue ». La relation verticale entre Dieu et les Hommes, ne serait’ elle pas une relation de volonté à volonté ? Et regardez la manière avec laquelle vous en faites un si bel usage. Malheur plutôt à ceux qui n’en use pas. Le Sage l’a dit : « Dieu a fait les hommes bons, mais ils ont cherchés beaucoup de détours » Ecclésiaste 7 verset 29. Le problème de l’africain aliéné, enfermé, enveloppé dans la nuit noire de l’esclavagisme intellectuel, serait ce que le jeune Etienne de la Boétie a appelé « la servitude volontaire ». L’homme africain passe le temps à danser sa vie, quand d’autres la pense, il la chante même comme la cigale à l’heure de la semence, et lors des récoltes, il vient mendier son pain. « Les africains continuerons à attendre d’être invités dans un monde qu’ils considèrent comme un restaurant, mais qui est en réalité un pic nic ou chacun apporte non seulement son couvert, mais également ses aliments ». (D.Etounga, Manguelé, ibidem)
Le professeur Jean Paul Poulaga demande de tourner le dos à l’Ouest, à l’Occident, et de regarder d’où le soleil se lève. Donc de s’inspirer de ces Asiatiques restés fidèles à leurs cultures nonobstant le contact avec l’Autre. Il demande à l’africain de retourner à ses croyances, ses masques, ses forêts, ses crânes. Ainsi nous allons retrouver notre identité culturelle, ce que nous sommes fondamentalement, l’ontos. Car, comme l’a dit Alassane Ndaw « depuis les archevêques africains jusqu’au plus insignifiant catholique, depuis le plus grand marabout jusqu’au plus insignifiant musulman, depuis le pasteur jusqu’au plus petit protestant, nous avons tous en nous, un passé animiste », in pensée africaine. Ce que ce dernier oublie, et que le professeur Poulaga a encore escamoté, c’est que ce retour aux sources peut être chaotique pour l’Afrique, puisqu’il ne l’est avec les religions révélées aujourd’hui. Il refuse de nous dire que son marabout africain, grand maitre des secrets de nos cultures, est un champion du mal. Aucun marabout n’a jamais rien pensé ni inventé pour le bien de la communauté. « Ce qui est regrettable c’est que le roi de la nuit en sorcellerie, devient un pauvre type le jour » (Daniel E. Manguelé, Ibidem). Il refuse aussi de nous faire savoir que les crânes, les ancêtres qu’il nous demande d’adorer seront aussi et feront partie de nos créations. Vous nous demandez là, de mettre notre génie à créer un dieu à la façon de l’autre. Avec les bois de nos forêts, on fabriquera nous même nos dieux et on se mettra à les adorer et à leur vouer des cultes. Njoh Mouellé l’a souligné en parlant de cette attitude problématique de l’homme africain réfractaire au changement et à l’idée du progrès. Il meurt de faim à côté d’un bœuf sacré prévu pour le sacrifice des ancêtres. Il refuse de voir une route passer où repose un baobab, sous le prétexte que c’est le logis des dieux.
C’est dire que le professeur nous met là devant une difficulté aporétique, un écueil en soi insurmontable, et refuse de nous donner des voies de sortie. Si bien qu’on a toujours tendance à recourir à la foi, non pas en un dieu personnifié ou régionalisé, mais en Dieu. Ce Tout, le Premier Moteur, celui qui a mué toute chose et qui n’a été mué par rien. Car en voyant la miraculeuse, l’extraordinaire vie du professeur Jean Paul Poulaga, nous sommes tenue d’arriver à la conclusion de l’existence d’un Dieu Bon et Tout Puissant. Ce Dieu a choisit que vous puissiez naitre noir, dans une ère aussi moribonde que la notre, non pas pour nous enfoncer, mais pour nous aider à en sortir. Vous le faites, vous accomplissez votre mission, et peut être même vous faites plaisir à ce Dieu en croyant le fâcher. Et je sais que même dans votre autobiographie, vous avez eu, en l’écrivant, des moments où vous avez voulu le dire : que vous êtes un peu, le fruit de ce déterminisme. Peut être vous ne l’avez pas Dit parce qu’il est indicible et ineffable.
– Pour sortir
Pour conclure, nous pouvons rappeler que jean Paul Poulaga, voudrait corriger ce qu’il aime à appeler « les erreurs de nos prédécesseurs ». Ceux qui ont volontairement accepté un dieu importé, qui n’existe pas, et qui n’a servit qu’à nous asservir et à nous ensevelir. De ce dieu et de ses disciples nous devons pour notre éveil, nous en desservir. Mais pour y arriver, la logique demanderait qu’on commence d’abord par nous séparer d’avec leur langue. Car vous le savez bien que moi : la langue est le véhicule d’une culture, aussi muette qu’elle puisse paraitre l’être. Et les mass médias viennent clôturer par la diffusion. Dans l’un cas et dans l’autre nous partons perdant. Et comme vous avez eu à le souligner, même nos seuls médias qui nous restent ne sont là que pour entériner l’asservissement venu d’ailleurs. Fanon l’a dit mieux que quiconque : « celui qui possède le langage possède par contrecoup le monde exprimé et impliqué par ce langage ». (Peau noire, masques blancs, seuil, 1952, 188 pages) or aujourd’hui combien d’africains savent’ ils parler leur langue maternelle ou nationale, n’allons pas jusqu’à l’exercice d’écrire, de compter et de lire. Malgré tous les efforts bien que minime pour l’enseigner.
Je dirai au professeur, que si nous décidons de nous séparer de leur religion, décidons aussi de nous séparer de leur science, aussi bien que de leurs hommes de science. Car nous n’adorons pas seulement leurs ancêtres religieux, mais aussi académiques. La preuve nous n’hésitons jamais a aussi les citer dans nos travaux. Non pas parce que nous sommes aliénés, mais c’est la science qui nous l’oblige. Ceci est aussi valable pour la démocratie en Afrique, que vous souhaitez si bien restructurer selon nos codes et nos cultures. Mais Kamto va attirer notre attention là-dessus « nous n’avons rien inventé, ni le parti unique, ni le multipartisme. Et si l’on veut en, cette matière rejeter les modèles importés, il faudrait commencer par l’Etat-Nation lui-même » (l’urgence de la pensée, p.169)
Ce ne serait pas nier qui serait plutôt, professeur la chose la plus facile du monde, que l’acte de croire ? Car « d’un côté il y’a la pente où il suffit de se laisser glisser, et de l’autre il y’a l’effort, l’exigence » (je crois moi non plus, p.56) ce qui serait encore facile, c’est l’auto-accusation de l’autre. Voilà l’Union Africaine dans laquelle vous vous battez, et qu’on n’arrive pas à toujours à atteindre. L’Afrique est plutôt en train de suivre la marche inverse, division par ci, sécession par là, guerre civile ici, génocide la bas. La vérité c’est que « l’Afrique est malade d’elle-même ». Est-ce l’Autre qui nous demande de nous tuer entre nous ? Il ne faudrait pas aussi qu’en ce siècle, l’Afrique continue à se mettre en marge de la course de l’histoire. En cherchant à tout prix à tout tropicaliser. C’est ce qui est arrivé avec le Kimbanguisme, et nous savons que l’Afrique n’y est jamais parvenue. L’échec de l’Abacost et de la cotonnade en disent long. Njoh Mouellé lui-même est sidéré quand il « entend les hommes d’église parler d’indigénisation ou d’africanisation du christianisme » ajoutera t’il « il faut se féliciter de n’être pas jusqu’é inventer une chimie ou une mathématique africaine. » in considérations actuelles sur l’Afrique, CLE, 1983, p.23
Quelle est donc cette culture, quel modèle qu’il faudra mettre sur pied pour que l’Afrique puisse vivre en tant que grande puissance en ce siècle ? Puisque nous ne pouvons pas détruire les valeurs avant de les avoir construites, n’est ce pas la différence royale entre le révolté et révolutionnaire ? L’éveil de l’Afrique passera t’il pas l’endormissement en nous du dieu importé, ou du réveil de ceux qui dorment dans nos forêts ?
By TATLA MBETBO Félix, dans la capitale, 04-10-2012.
Jean Paul Poulaga est géostratège, directeur de l’Institut de géostratégie de Genève, professeur de management à ISMA, auteur d’une autobiographie inscrite dans les centaines de collèges et lycées en Italie.
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