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Valérie Ayena : « j’envisage contribuer au développement du mannequinat professionnel au Cameroun… »

De Fashion week en fashion week comme celle de Johannesburg il y a peu, la ravissante camerounaise du haut de son mètre quatre-vingt impose le respect dans un monde particulier. Où époque de la diversité instaurée par Paco Rabanne, Courrèges et Yves Saint Laurent, périmée, exit la somalienne Iman, la togolaise Rebecca Ayoko, l’antillaise Mounia, Farida Kelfa-Seydoux devenue collaboratrice de Jean-Paul Gaultier et Khadiya Seye. Ce, du fait de la déferlante des slaves à la beauté plébiscitée dans ce milieu où seulement trois pour cent des mannequins célèbres, sont issues du continent africain.
Récemment célébrée à Douala dans le cadre d’un important défilé de mode, la majestueuse jeune femme de vingt-trois ans nous a accordé une entrevue.

Mannequin à haut potentiel à laquelle il est prédit une carrière significative, qui êtes-vous exactement Valérie Ayena et comment ainsi que pourquoi avez-vous embrassé ce métier réputé autant ardu qu’aléatoire ?

Camerounaise de culture mixte issue de parents respectivement Bassa et Ewondo, je suis une jeune femme qui a entrepris de mettre ses rêves en œuvre. Ce qui jusqu’à présent me réussit plutôt(Rires). Car après avoir été découverte au Cameroun par le concepteur namibien des Fashions Week Africa Jan Malan, j’émarge depuis l’an passé en qualité de mannequin international effectivement. Collégienne, je portais déjà beaucoup d’intérêt à la Mode et à l’ensemble de ses dérivés. Passion qui m’a toujours habitée. Par conséquent lorsque l’opportunité d’intégrer ce métier s’est présentée, je l’ai saisie bien qu’étudiante en cycle professionnel de Communication au Cameroun.

A quelle agence êtes-vous affiliée et pour quelles raisons celle-là précisément ?
Je travaille avec Base Model Agency et je suis affiliée à la cellule de Cape Town, Afrique du sud. Après divers entretiens avec des agences de renom l’année écoulée, Base Model Agency m’a paru la plus à même de me convenir. Question Encadrement notamment. Compte tenu que nouvelle recrue dans ce milieu, j’avais besoin d’une agence qui me soutienne et m’enseigne les bases du métier. Les choses étant quelque peu différentes de celles dont j’avais l’expérience au Cameroun.

De quelle manière s’est déroulé votre enrôlement par cette agence ? Était-ce par le biais d’une démarche personnelle ou alors induite par un ou une talent-scout ?
Initialement affiliée à une agence moindre que l’actuelle, j’ai peu de temps après avoir été repérée par un talent-scout qui m’a introduite chez Base. Lesquels m’ont immédiatement enregistrée dans leur banque de données. Tout s’est passé très vite. Le transfert d’agence, la signature du nouveau contrat, etc … Ce qui m’agréablement surprise car je ne m’y attendais pas.

Pourquoi pour lieu de résidence, Valérie Ayéna, l’Afrique du Sud plutôt que Paris, capitale mondiale de la Mode, semble-t-il ?
Contrairement aux mannequins qui présentent l’atout ou ont eu le réflexe de s’investir tôt dans cette carrière, je n’ai commencé à réellement travailler sur le plan international qu’à partir de l’an dernier. De ce fait, mes agents ont estimé qu’il serait plus judicieux que je m’installe à Cape Town plutôt qu’ailleurs. Meilleur environnement indiqué selon eux pour mon apprentissage et mon adaptation aux normes internationales de ce métier. Ce qui à mon sens est une excellente idée car je reçois tous les jours des enseignements et m’édifie.

Depuis combien de temps exercez-vous ce métier et quels sont vos couturiers de prédilection ?
Au Cameroun, je crois que mon premier défilé remonte à l’année 2008 ou 2009. Mais j’avoue que je ne m’en souviens pas exactement parce que jeune étudiante, le métier de mannequin pour moi à cette période tenait plus du hobby que d’une carrière éventuelle. Alors, si l’on tient compte de ma renaissance en tant que " New Face" sur la scène internationale, je dirais que cela fera bientôt un an. En ce qui concerne le second volet de votre question, Imane Ayissi est l’un des mes designers préférés. J’aime bien le travail de David Tlale d’Afrique du sud, également. Je trouve que chacun d’eux excelle dans son style et c’est toujours un plaisir pour moi de porter leurs créations. Et bien entendu j’apprécie le travail des grands créateurs européens Karl Lagerfeld, Balmain et Christian Lacroix.

A combien de défilés par an participez-vous et à quel rythme quotidien ou mensuel en saison haute et lors de Fashion weeks entre autres ?
Une centaine environ en terme de nombre d’apparitions aux défiles de mode. Et il m’est souvent donné de participer à quatre défilés par jour lors de Fashions Weeks. Heureusement sur la semaine, on ne défile que quatre jours sur sept ou alors trois sur sept. Le reste du temps étant dévolu aux essayages et aux répétitions chorégraphiques. Cela varie et je précise heureusement parce que c’est physiquement éprouvant. Raison pour laquelle les organisateurs veillent à ce que les mannequins soient en excellente condition physique.

Quel est le rôle défini des agences dans ce métier ? Employeur, précepteur ou substitut de parents pour des filles adolescentes encore pour certaines ou alors directeur de castings ?
A mon humble avis, une agence à proprement parler, se doit d’endosser de multiples rôles car traitant différents sujets. Je ne dirais pas « Employeur » car en tant que mannequin professionnel, l’agence ne vous emploie pas mais vous représente plutôt. Au terme « précepteur », je préfèrerai le synonyme « instructeur ». Ce, parce que les agences en général, se chargent d’enseigner les ficelles et même les bases essentielles du métier à leurs recrues. Elles peuvent également être des substituts de parents étant donné que lorsque mannequin étranger vous arrivez dans un pays jusque lors inconnu de vous et sans attaches familiales dans celui-ci, les agences assument effectivement un rôle parental et s’assurent autant de votre bien-être que de votre santé physique que morale. Ceci dit, il s’agit d’une entente bilatérale tacite et écrite également où les deux parties, Mannequin et Agence essayent d’engranger des bénéfices réciproques. L’agent écumera autant que faire se peut l’intégralité des éventualités de jobs susceptibles de convenir au mannequin dont il a la charge professionnelle. Lequel mannequin est tenu à travers des castings d’user de l’ensemble de son potentiel pour être choisi lors de ces sélections rudes à fins de salaire ultérieur correspondant au travail effectué. Salaire duquel l’agent déduira des frais de commission conventionnellement établis pour ses services d’intermédiation.

On entend justement, Valérie Ayéna, beaucoup parler de castings. Comment se déroulent-ils et sur quels critères les mannequins sont-ils retenus ?
Il m’est difficile de vous préciser les critères sur lesquels sont retenus les mannequins qui relèvent du métier de directeur de casting auquel je sais peu de choses. Par contre, la plupart du temps les castings se déroulent de deux manières. Il s’agira soit d’une interview directe entre le mannequin et l’employeur potentiel. En général le département Casting des stylistes impliqués dans ces défilés. Pour ce qui relève des Fashions weeks par exemple, il vous sera demander de marcher sur un podium et l’on prendra ensuite vos mensurations. Le second procédé consiste en une interview vidéo où le mannequin rencontre l’agent de casting du couturier planifiant l’évènement qui se chargera de faire un compte rendu à
son employeur et potentiellement au votre dans l’hypothèse où vous seriez retenue. La personnalité plutôt que le physique du mannequin est importante dans cette ultime alternative. Les castings sont des étapes capitales dans ce métier.

Concernent-ils d’autres supports mercantiles ? Si oui lesquels et de quelle façon ?
Les castings sont toujours organisés dans l’objectif de détecter des personnes aptes à représenter des produits. Ces derniers vont aussi bien du sanitaire à la dernière automobile en vogue. Tout ou presque peut être ou est représenté par des mannequins professionnels ou non. Les annonceurs se chargent par la suite d’administrer et édifier de quelle façon cela doit se faire.

Que vous a inspiré la polémique à propos de l’article intitulé « Black Power Fashion » paru dans le Elle Magazine du 23 janvier écoulé ? Ainsi que celle le mois dernier suite à la série de photos « Haut Mess » prise pour le compte de Vogue Italie par Steven Meisel manifestement inspirée selon des milliers d’internautes furieux, de certaines modes de banlieues noires et hispaniques. Photos estimées artistiques par Franca Sozzani, Directrice de Vogue Italie.
L’article de ELLE Mag était discutable en effet. Nous vivons désormais dans un village interplanétaire où les uns et les autres tendent à vivre en dehors de toute différenciation communautaire et raciale. Ce fut donc une triste surprise de voir un tel article paraître en pages d’un magazine prestigieux, à notre époque de surcroît. Ce dernier comportait des termes et idées presque insultants pour les personnes qui comme moi entre autres en plus des milliers de médecins, avocats, journalistes, banquiers noirs d’Afrique ou d’ailleurs qui constituent la « blackgeoisie » pour reprendre les mots de cette journaliste.
J’espère sincèrement que la direction de publication ne commettra plus ce type de faux pas. Quant à la série de photos prises par Steven Meisel pour VOGUE Italie, je préfère y accorder le bénéfice du doute. Il s’agit juste comme le clame Madame Sozzani d’une forme d’expression artistique. D’autant plus que personnellement le style vestimentaire mis en exergue lors de ce shooting ne fait pas partie de mes favoris.

John Galliano, Ancien Directeur artistique de Dior Couture a officiellement été remplacé il y a quelques jours par Raf Simmons. Directeur artistique de Jil Sanders. Après qu’ait été annoncé en vain à ce poste vacant depuis un an, Marc Jacobs Directeur artistique de Louis Vuitton. Propriété de LMVH de Bernard Arnault également. Auriez-vous pu, Valérie, défiler pour lui et pensez-vous que styliste doué qu’il puisse néanmoins en solitaire comme le soutiennent d’influentes rédactrices de mode, poursuivre une carrière des plus créatives autrefois ?
Il est impensable de tenter d’affilier la Mode à quelle que opinion religieuse ou idéologie que ce soit. Compte tenu que l’un des concepts substantiels de cet art est son universalité, il est
déplorable d’aller à l’encontre de ce fait. Ceci dit, j’estime que l’on se doit de différencier l’homme de l’Artiste qu’est John Galliano. En tant que mannequin professionnel, c’est et ce sera toujours un honneur pour moi de porter des créations de designers reconnus tels que lui car ce sont de véritables œuvres d’art. Ce qui ne signifie pas que je partage les avis personnels de ceux qui les créées. Pour ce qui est de la suite de sa carrière, John Galliano est talentueux et poursuivra certainement cette dernière avec le soutien de ceux qui continuent indépendamment de ce terrible incident, de croire en l’artiste qu’il est indéniablement. Mais soit dit en passant, le talent n’excuse rien. De nombreuses personnalités de cet univers survolté parfois à l’instar de Naomi Campbell par exemple, dû suite à un certain nombre de maladresses s’amender auprès des communautés offensées par leurs actes ou paroles déplacés. Alors, je pense que lorsqu’il se sera repenti, les choses rentreront dans l’ordre pour lui. Ce qu’il semble avoir fait lors de son procès il ya peu.

Dernière question tout en vous remerciant de votre disponibilité et vous souhaitant de la part de Glance Magazine, le succès que amplement vous méritez. Ce, par le biais d‘un contrat publicitaire remarquable à l‘exemple de celui de la somalienne Ajek Deng ou encore celui de Selita Banks (Hilfinger également). Envisagez-vous, Valérie Ayéna, de reprendre dans une quinzaine d’années, carrière de mannequin achevée, une filiale d’agence de mannequins renommée sur le continent comme celle ouverte par Elite en 2000 au Kenya mais malheureusement close quatre ou cinq ans plus tard ? Ou alors d’en créer une de ce type vous-même ?
(Rires…). Merci à vous Jacqueline et à Glance Magazine de me le souhaiter étant donné qu’il s’agit du rêve de tout mannequin, effectivement. (Rires à nouveau).
Pour revenir a votre question, j’envisage sincèrement de pouvoir contribuer au développement du mannequinat professionnel au Cameroun. Que ce soit par la création d’une agence ou en reprenant une filiale d’agence de renom déjà existante. Cela dans l’objectif d’apporter à mon pays et éventuellement à d’autres aussi, ce que le monde m’aura enseigné de ce métier. Parce que je crois que si chacun d’entre nous expatrié ou non partageait, du moins léguait un peu de son savoir, les africains pourraient ensemble accomplir des choses étonnantes. Je conclurais remerciant le magazine Glance pour l’opportunité qui m’a été donnée ici de m’exprimer. Et également, vous chaleureusement Jacqueline pour l’amabilité dont vous avez fait preuve à mon égard.
Bonne Continuation !  

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