Emmanuel Mbombog : « j’ai des propositions à faire au Président Biya… »

Nous sommes allés à sa rencontre spécialement en vue de recueillir les propositions qu’il souhaiterait faire au Président de la République du Cameroun, mais aussi son point de vue relatif à la tournure que prend l’affaire Vanessa Tchatchou.

Il n’y a pas longtemps, vous adressez une lettre ouverte au Président Paul Biya, ainsi qu’à son épouse par le biais de votre ouvrage « Souffrance et Epreuves de vie ». Avez-vous eu suite à votre requête ?

Comme vous le savez, le Président est très occupé, mais je tenais d’abord à saluer leur retour au pays, lui et son épouse ; je suis très content qu’ils soient revenus. Il y’a de cela une semaine, je leurs ai envoyé chacun un exemplaire de mon ouvrage et aujourd’hui je suis très heureux de savoir qu’ils ont reçu mes livres, car on m’a fait parvenir l’accusé de réception. Parce que vous savez, autour du Paul Biya il y a des individus dont le but n’est pas seulement de détourner les deniers publics, mais aussi ses lettres et doléances venant du bas peuple.

A quoi vous attendiez-vous exactement ?

La logique voudrait que lorsque vous écrivez à quelqu’un, qu’il puisse ne serait-ce que réagir. Cette réponse ce n’est pas forcement un cadeau ou de l’argent, mais le simple fait qu’il ait prêté l’oreille à votre cause vaut tout l’or du monde ; un handicapé comme moi, défavorisé, n’ayant pas de grands diplômes. Avec mon petit C.E.P.E j’ai sorti un livre comme le font les intellectuels de haut vol et je trouve que c’est à féliciter, surtout que j’y ai apporté ma modeste contribution au bien social ; parce que tout enfant, après avoir fait un bon travail, s’attend toujours aux félicitations de ses parents.

Il y a bien de points que vous avez évoqués dans « Souffrances et Epreuves de vie », mais l’un d’eux est assez préoccupant, celui des réalités vécues dans nos prisons ; est-ce que vous pouvez revenir là-dessus ?

Un proverbe africain dit : « Il n’y a que le crocodile qui peut sortir de l’eau pour dire comment vit l’hippopotame », comme pour vous dire que quand on n’a pas souffert, il nous est impossible de comprendre la souffrance des autres. Que lorsque vous n’avez pas été en prison, vous n’avez aucune idée du quotidien des détenus ; que ce soit, les magistrats qui condamnent, le Ministre de la Justice ou même le Président de la République. Alors je suis très content du fait que Dieu m’ait fait « Moïse », parce qu’il a grandi auprès de Pharaon, mais c’est lui qui a été choisi pour libérer son peuple, puisque connaissant bien la vie de Pharaon et les souffrances des Israéliens. C’est pour cette raison que je dis toujours, tout ce qui nous arrive confions-le à Dieu, parce que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. Je suis sûr que Dieu a voulu que je passe par la prison, pour venir dire aujourd’hui ce qui s’y passe et que les gens puissent être libérés car nous sommes avant tout des êtres humains. Pour vous dire que les prisons au Cameroun sont devenues des lieux de tortures, d’assassinat, c’est un enfer total. Avant je me disais que la prison est un lieu où on est juste privé de liberté. Mais aujourd’hui quand vous entrez en prison faites un signe de croix, car vous n’êtes pas sûr d’y sortir vivant à cause de la mauvaise vie qui caractérise plus de nos jours. Pire encore, lorsque vous tombez malade, il ne vous reste plus qu’à prier car c’est probablement vos dernières heures que vous êtes entrain de passer, car personne ne s’occupera de vous et vous n’auriez aucun médicament pour vous soulager. Les dons de médicaments que Biya envoie à nos prisons sont détournés par leurs régisseurs qui les donnent aux gardiens pour les revendre aux prisonniers. La première cause de mort dans les prisons c’est la ration pénale. Parce que le budget prévu à cet effet est détourné par les régisseurs. Ce qu’ils font, c’est qu’ils posent un énorme fût au feu, dans le quel ils versent de l’eau qu’ils vont teinter par la suite avec de la poudre de couscous de maïs et de l’huile de palme et quelques grains d’haricot. Comment pouvez-vous vivre à cette allure ? C’est pourquoi je suis parfois blessé de savoir que dans notre pays, les animaux sont mieux traités que les êtres humains. Il n’y a pas quelques jours dans la presse on a vu le deuil national des éléphants. Pour entrer au parc de Mvog-Beti il faut payer et les animaux y sont nourris et soignés, alors qu’en prison les êtres humains meurent quotidiennement. C’est pour cela que je continue à prier Monsieur Paul Biya d’y prêter une attention. Je sais qu’il se soucie du bas peuple parce qu’il l’a prouvé plus d’une fois. Je sais que lorsqu’il est au courant il agit, mais on le cache. Voilà pourquoi je fais cette sortie comme Moïse, pour lui dire que ça ne va pas.

Certainement vous avez quelques solutions à proposer, si je ne m’abuse ?

1-D’abord je souhaiterais que la CONAC et le contrôle supérieur de L’Etat fassent une descente dans les différentes prisons du Cameroun pour constater la mauvaise gestion que font les régisseurs, du gros budget que leurs alloue le Président de la République.

2-Que Paul Biya nomme un civile comme ambassadeur de prisons, qui fera le tour de ces prisons dans le but de s’informer sur le vécu des détenus.

3-Que le Ministre de La Justice fasse des descentes dans les milieux carcéraux pour voir qui fait quoi et pourquoi certains dossiers n’avancent-ils pas.

4-Il faut reconstruire les prisons et les équipées. Que les effectifs soient proportionnels à la capacité des prisons.

5-Il faut une bonne ration pénale dans les prisons car les détenus se nourrissent de cafards et de souris. Il leurs faut également des médicaments car ils meurent comme des mouches, n’ayant même pas un comprimé pour soulager les maux de tête.

6-Que les salaires des gardiens de prisons soit revu à la hausse car s’ils ont des comportements malsains et sont facilement corruptibles, c’est en partie dû à leur salaire de misère.

7-Qu’on fasse plus attention quand on juge car la grande majorité de ceux qui peuplent nos prisons c’est des innocents. Parce que nous avons un système judicaire basé sur les intérêts ; le coupable est relaxé parce qu’il a de l’argent et l’innocent devient coupable.

8-Que les magistrats mettent en pratique le problème de la détention préventive selon le nouveau code procédure pénal, qui stipule qu’après 6 mois on soit jugé. Mais nous constatons qu’aujourd’hui encore, les gens font 10 ans et plus sans être jugés. Il faudrait surtout que lorsqu’un magistrat relaxe quelqu’un, qu’immédiatement il signe sa décision judiciaire. Parce que nous assistons à des trafics d’influence où un détenu a été relaxé à la barre, mais parce qu’il n’a pas mouillé la barbe au magistrat, ce dernier refuse de signer avec les régisseurs quand il sort de prison.

9-Qu’on sépare les détenus selon leur catégorie, parce que dans nos prisons, on retrouve dans une même cellule les malades, les handicapés, les mineurs, les bandits de grand chemin, les condamnés à mort… voilà pourquoi les cas de sodomie y sont fréquents.

10-Que les camions que l’Union Européenne a envoyés aux prisons du Cameroun servent vraiment aux déplacements des détenus comme cela est prévu et non à faire les convois de denrées dans les villages respectifs des régisseurs, comme c’est le cas aujourd’hui. Les prisonniers vaquent donc à leurs travaux les pieds enchainés sous un soleil ardent. Alors que leur seul moyen de déplacement sert à porter du sable et du bois au village, au profit des régisseurs.

11-Que les responsables des prisons cessent d’entretenir les bonnes relations avec les détenus car c’est parfois de là que partent les évasions et les trafics de drogues.

12-Quant à vous Madame Chantal Biya, mère du bas peuple et ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO, je vous en prie, envoyez le CERAC ravitailler de temps en temps les prisons en nourriture et médicaments. Ils souffrent tellement, ils ont la galle jusqu’aux dents et la peau sur les os. Il n’y a pas de savon, tout ce qui arrive est malheureusement détourné par le régisseur. Faites quelque chose Mama.

13-Je voudrai aussi proposer une chose à M. Paul Biya ; que dés la sortie de L’ENAM, le magistrat fasse un stage de deux à trois mois en prison. Là ils seront plus conscients et ne s’harderaient plus à plaisanter avec les pauvres innocents. Parce qu’on a l’impression que dés qu’un individu devient magistrat dans ce pays, il se comporte comme s’il n’était plus humain. Ces grosses voitures dans lesquelles ils roulent sont les fruits de leurs injustices. Ils amassent des fortunes derrière des innocents. Et quand je parle de stage, ce n’est pas pour dire qu’ils y iront le matin et rentreront tranquillement chez eux le soir, non. Qu’ils y restent pendant tout ce temps.

Et pour finir, Paul Biya et Chantal Biya, Dame de cœur, mère des défavorisés, je l’ai dit plus haut il y’a que le crocodile pour raconter le vécu de l’hippopotame dans l’eau. Moi, Emmanuel Mbombog Mbog Matip, j’ai été en prison. C’est pourquoi je rends ce vibrant témoignage relatif à ce qui s’y vit, pour que les autres soient sauvés. Alors, dans vos grandes réalisations, dans vos grandes réussites, n’oubliez pas cet aspect là et Dieu vous bénira davantage.

Nous allons clore cet entretien Emanuel Mbombog, il me brûle les lèvres de parler d’une actualité avec vous, je fais référence à la fameuse affaire de l’enfant volé de la jeune Vanessa Tchatchou et du limogeage de certaines personnalités de l’hôpital Gyneco de Yaoundé…

En tant que Président de la Ligue Nationale de défense des personnes défavorisées, je voulais ici adresser un grand merci au Président de la République pour cette action de force. Dans le passé, quand les gens m’entendaient dire du bien de ce Monsieur, ils se disaient que je cherchais une certaine faveur, non. Donnez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. Je vais vous dire une chose, quand il survient un problème dans ce pays et qui touche surtout les défavorisées, si le Président n’a pas réagit, ce qu’on le lui cache, il n’est au courant de rien. Il vient une fois encore de me donner raison ; vous avez vu que dés qu’il a su pour cette affaire d’enfant volé, il a agit immédiatement en limogeant tous ces hauts responsables de ce grand centre hospitalier qui pourtant serait une référence. Alors je félicite M. Paul Biya pour cette action. Toute fois, je souhaite lui proposer quelque chose d’assez pertinent. C’est qu’il faille que le Test d’ADN soit refait, parce qu’on nous fait comprendre que ce n’est pas l’enfant de Vanessa Tchatchou qui se trouve chez la magistrate mais on ne nous dit pas qui a fait ce soit disant test. Donc je prie beaucoup notre Président de demander à ce qu’un vrai test soit fait en bonne et due forme et que lumière soit faite autour de cette affaire qui préoccupe tous les camerounais. Ainsi, le seigneur le bénira encore plus, le peuple camerounais aussi. Je réponds au (237) 96 91 41 47.