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Lazare ETOUNDI : « La culture camerounaise est riche… »

Communicateur engagé comme il aime à le dire, Lazare Etoundi n’a jamais cessé d’apprendre ; Il serait d’ailleurs en train de parachever sa thèse de doctorat, soucieux non seulement de perfectionner son art, mais aussi et  surtout de maîtriser les sciences de la communication en vue de mieux saisir l’impact de la communication qu’il fait, sur les populations. Africaniste dans l’âme, ce citoyen du monde reste convaincu qu’en Afrique il y a encore du « bon », contrairement à ce que peuvent penser certains. Et si le spécialiste en art-culture et communication  reconnait très modestement sa polyvalence dans le domaine, il avoue curieusement, préférer la radio plutôt que la télé.

Bonjour Lazare, quel plaisir de  vous avoir sur culturebene…

Rire. Bonjour à vous, le plaisir est partagé.

Alors, racontez-nous comment s’est faite votre intégration à la crtv ?

Elle s’est faite par concours tout simplement ; Une fois que j’avais terminé mon 1er cycle de formation à l’ESSTIC (Ecole supérieure des sciences de technologie de l’information et de la communication) en division 2, je passe donc ce concours pour l’admission des journalistes à la télévision camerounaise en 1989, alors que j’étais vice major de ma promotion. Fort heureusement je l’ai réussi, et directement je fus affecté au service des reportages. Cela dit, après 5 ans de télé, j’ai senti la nécessité de perfectionner mon art, alors j’ai représenté le concours de l’ESSTIC, cette fois en division 3 pour la spécialisation en art-culture et communication. Cinq ans après, j’ai encore postulé pour l’ESSTIC à nouveau, pour l’unité doctorale. Donc en ce moment je suis en train de parachever ma thèse de doctorat déjà parce que je suis enseignant, et puis j’ai voulu davantage comprendre comment fonctionnent les sciences de le communication en vue de mieux saisir la portée de la communication que je fais, sur l’individu et sur les populations.

Quelles sont les gênes que vous éprouviez à l’époque où vous arriviez à la crtv ?

C’est vrai qu’à l’intérieur de la crtv je me sentais un peu à l’étroit, parce que j’estimais qu’on ne travaillait pas assez. J’avais toujours rêvé d’une radiotélévision où j’aurais à la fois des émissions à la radio et à la télé, et où on pourrait travailler continuellement. Mais dans un premier temps les émissions ne passaient à la télé qu’à partir de 18 h. Fort heureusement on est monté à 12h puis à 24h/24 ; ça  a pris du temps, mais aujourd’hui c’est du passé.

En dehors de la communication, y aurait-il d’autres activités qui vous occupent dans la maison ?

Au-delà de la communication il y a également les activités d’encadrement et de formation de jeunes. Nous encadrons les jeunes collègues à la réalisation et nous apportons notre expertise aux formateurs de notre centre de formation professionnel (CFPA).

Aujourd’hui pour présenter le J.T il faut absolument passer par un test, était-ce le cas à votre arrivée dans la maison ?

En réalité, la sélection se fait dès l’école. C’est dès l’école que nous passions des tests devant nos enseignants qui étaient des français, des canadiens, des américains et biensûr des camerounais. Ainsi on était capable de passer en radio comme en télé, si bien que quand on arrivait à la crtv, on avait déjà fait l’option tv. On ne triche pas avec ça…, c’est notre spécialité. C’est vrai qu’on a été surpris par moment de constater que nos camarades qui avaient fait presse écrite, se retrouvent à la radio ou à la télévision sans trop savoir comment…, et je dirais que c’est à partir de ce moment que la crtv a commencé à perdre ses lettres de noblesse. Il faudrait que l’on sache qu’à la base on est quand-même formé pour une spécialité qu’on va appliquer plutard sur le terrain… Donc aujourd’hui on est obligé de faire des tests à monsieur et madame tout le monde parce qu’on a fait le constat qu’il y avait comme un flou, et qu’il faille absolument séparer le bon grain de l’ivraie.

Pour vous qui avez été les précurseurs de l’audiovisuel avec la CRTV, comment avez-vous vécu la libéralisation de ce domaine dans le pays ?

Je dirais que cela a été d’une certaine façon, une très bonne chose parce qu’avec la libéralisation il y avait une diversité, une variété qui nous permettaient nous autres, à nous frotter à d’autres expériences, à démontrer que nous pouvons aller au-delà de ce que nous faisions déjà. On y voyait aussi une sorte d’ouverture pour pouvoir imposer notre talent ailleurs ; mais malheureusement les points négatifs de la libéralisation se sont très vite fait voir. Il y a  les règles de la variété, de la diversité, de la compétition et de la concurrence qui n’ont  pas été respectées. C’étaient quelques personnalités qui avaient les moyens et de l’argent qui se sont imposées et on retrouvait une pâle copie de ce que nous vivions avec beaucoup de douleurs du côté de la CRTV. Le rêve est qu’on retrouve le fameux mercato, la fameuse concurrence pour qu’on ait des adversaires dignes de ce nom en face,  Si adversaire il y a…, et qu’il y ait des accompagnateurs dignes de ce nom pour que nous puissions nous imposer avec nos talents.

De grandes figures de la communication, on en a connu à la CRTV, on va peut être citer Alain Belibi, Ibrahim Cherif, vous-même… mais on aimerait aussi que vous nous donniez quelques noms de journalistes du privé que vous trouvez « bons » ?

Du côté de l’audiovisuel privé, il y a les collègues qui animent les talk show. Je vais sans doute vous surprendre si je vous disais que tous ceux qui animent ces talk show, que ce soit en politique ou en culture, ils émergent. Je vais citer Martin Camus Mimb qui est magnifique, il a fait une émission de sport à la chaîne STV  et aujourd’hui officie du côté de Vox Africa, il y a Valentin Simeon Ndinga d’Equinoxe TV qui fait une émission de politique, à canal2 internationale malheureusement certains sont partis, mais on peut citer ceux qui ont animé canal Presse, l’arène et quelques jeunes qui font merveille au-delà des aînés qui malheureusement brillent pour un temps et qui repartent…

On remarque Lazare, que vous suivez de prés l’actualité même celle venant de vos collègues de chaînes concurrentes. Mais l’idée de proposer vos services à l’une de ces chaînes privées ne vous est-elle jamais venue en tête, pour  pourquoi pas, rehausser d’une certaine manière l’image de notre audiovisuel ?

Il ne suffit pas seulement de rehausser cette image, il est important que l’on sache qu’avant de passer à l’antenne il faut une réelle préparation psychologique, physique et intellectuelle. Préparation intellectuelle parce qu’on suppose avoir fait de longues et bonnes études dans les écoles de formations. Préparation physique suppose que l’on ait un minimum pour manger, pour dormir, pour être en santé avant d’aller à l’antenne. Et préparation psychologique suppose qu’on ait l’environnement qu’il faut au niveau de la famille, au niveau de la maison dans la quelle on travaille. Là c’est des conditions préalables, indispensables pour une bonne production audiovisuelle. Seulement, pour l’instant les chaînes privées camerounaises ont amorcé un mauvais démarrage. Si on observe attentivement, on remarquera que tout ce que l’on fait n’est que  de l’apparence, il n’y a encore rien de profond. Ceci dit, pour répondre enfin à votre question, s’il y avait une « vraie » proposition dans le privé, on n’hésiterait pas.

Il n’y a pas longtemps un confrère à vous a été nommé chef de division de la SOPECAM à Douala, comment avez-vous accueilli la nouvelle entre amis ?

Ça nous a fait énormément plaisir parce qu’Alex Mimbang est précisément le genre de journaliste qui allait au-delà de ce qu’il faisait à la CRTV, malheureusement à la CRTV on n’avait pas compris qu’il pouvait aller au-delà de la télévision, qu’il aurait bien fait de la radio et qu’il aurait même bien fait de la presse écrite et bien plus encore, la presse cybernétique. Il est le genre de journaliste polyvalent et compétent. Mais on a surtout essayé de le cantonner à quelques activités…, plus grave encore  à la presse présidentielle, or il est d’une compétence et d’une polyvalence hors normes, donc tout à fait capable de s’imposer en radio, en télé, en presse écrite et plus encore, dans le domaine des Relations publiques.

Vous allez sans doute trouver ma question un peu banale mais selon vous, il est plus pratique de passer de l’audiovisuel à la presse écrite ou de la presse écrite à l’audiovisuel ?

En réalité les bases, c’est la presse écrite. C’est ce qu’on ne cesse d’apprendre dans toutes les écoles de journalisme. En première année, c’est le tronc commun, qui est essentiellement presse écrite, c’est après qu’on fait radio-télé et plutard on peut choisir une option.

Vous avez dit être porté beaucoup plus aujourd’hui sur la chose culturelle, quelle opinion faites-vous de celle camerounaise ?

La culture camerounaise est riche, mais elle souffre d’un mauvais encadrement à presque tous les niveaux ; au niveau institutionnel, au niveau de l’initiation et donc de la formation, au niveau de la promotion, au niveau de l’évaluation et même au niveau de la création. Il y a un réel potentiel qui ne demande qu’à être cadré tout simple. Ça ne demande pas grand-chose, juste ce petit travail fondamental pour valoriser, pour capitaliser ces richesses naturelles.

Merci pour ce bref moment

Merci à vous, j’ai été honoré.

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