Landry Mbassi expose « Traversée »

Il est 18h lorsque le public commence à remplir les couloirs du Ccf et au fur et à mesure que le temps passe, l’affluence se fait remarquer en nombre. Au passage un jeune homme en rasta, habillé d’un pantalon et d’un tee-shirt polo de couleur grise installe les photos sur le mur. Cet homme est le maître de la soirée, c’est lui Landry Mbassi. Sur le mur, l’on aperçoit des photos dont les images par moment sont brouillées et floues, on dirait des personnes entrain de tourbillonner. Pour donner une explication l’artiste explique, «le flou sur la photo traduit le fait qu’entre un lieu à un autre, il y a toujours une incertitude qui nous attend. Personne ne sait exactement ce que lui réserve l’avenir».

Sur le fronton du couloir gauche, il est écrit : «Quand tu traverses l’enfer, surtout continue d’avancer», à l’intérieur de la cafète des papiers formats sont suspendus au plafond. Sur ces formats, on peut lire, «se présenter de manière inattendue ou fugitive dans l’esprit de quelqu’un l’a soudain traversé». Quelques minutes après, l’artiste invité est accueilli par Bruno Gain, ambassadeur de France au Cameroun et Yves Olivier, le directeur du Ccf nouvellement nommé. La parole est donnée à ce dernier pour souhaiter la bienvenue au public. Il va saluer la présence de l’ambassadeur dans la salle, non sans louer l’initiative du vernissage et donner brièvement une explication sur ce que cachent ces tableaux pour inviter enfin tout le monde à faire la traversée de la salle avec lui.

Talent

«Le principe de la soirée veut que le visiteur soit un élément qui complète son vernissage et y participe par la même occasion», explique Landry Mbassi qui étale son immense talent devant public, en donnant à la salle du Ccf plus de couleurs et d’éclats, son pinceau à la main. Le mélange du rouge et du blanc accompagne le traçage des flèches qui indique le chemin à suivre pour se retrouver dans la salle. Tout un symbole, juste pour convaincre les citoyens du monde sur l’ouverture réelle des frontières. Et c’est vrai en plus car « tout est possible si l’on veut et si l’on se décide», affirme l’artiste qui s’est inspiré à partir de ses nombreux voyage.

Le projet ‘’traversée’’ expose au départ une théorie, celle des croisements des Hommes, qui vivent à nos jours dans une société multiculturelle. Une société qui, au fil du temps, subit diverses transmutations sur les plans économique, technologique, social, philosophique et même géographique. Le constat est là. Autant le dire, nous traversons une ère qui souffre d’une constante et rapide mutation. Traversée est aussi dans le fond, une réaction à la préoccupante et frétillante question de l’immigration clandestine qui divise Etats et hommes aujourd’hui. Plus qu’une réalité contemporaine inscrite dans le quotidien de certaines communautés installées sur des territoires à l’origine perçus comme « étranger », cette épineuse question continue de susciter des réflexions. «’’Traversées’’ explore ainsi la texture de ces complexes et diverses instabilités de la perception que nous nous faisons de notre passage sur terre », paroles d’artiste.