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François Bingono Bingono « Les médias ne peuvent pas se passer de la musique »

Quel peut être le rôle des médias dans la promotion des musiques camerounaises ? 

Entre musique et médias, il y a l’application du principe de la double communicabilité. Dans la mesure où les medias, comme la musique, sont des supports de communication. La musique assure une communication non seulement classique, à travers le transfèrement des informations, mais également ludique. Donc médias et musique sont pratiquement la même chose, mais avec des supports différents. Nous sommes donc en présence de deux forces qui devraient aller au-delà de la complémentarité, pour atteindre la complicité. Complémentarité parce que tout comme les médias, le but de la musique est d’éduquer, informer et divertir. A cet effet, les medias ne peuvent pas se passer de la musique. Ils en ont besoin pour assurer le troisième pôle de leur fondamentalité, à savoir divertir. La musique aussi ne peut se passer des médias dans la mesure où pour qu’un musicien puisse étendre son auditorat, il a besoin des médias. C’est pour ça que je parle de complicité. Nous sommes souvent ahuris quand nous vivons des chocs entre hommes de médias et musiciens. Ça ne devrait pas arriver parce qu’ils sont inséparables.

Il n’empêche que certains medias ont souvent des exigences de qualité que les musiciens ne parviennent pas toujours à respecter …

Il faut entrevoir la qualité sur deux pôles. Une première qualité est technique. Depuis que les home studios existent, les gens se retirent derrière un petit appareil de capteur de sons et prétendent avoir sorti un disque. Ce type de production aura toujours des problèmes de qualité. La qualité se mesure aussi en tant que maitrise de l’art musical. Il y a des normes qu’il faut respecter et les faiseurs de musique ne les connaissent pas toujours. Nous pouvons également entrevoir la qualité au plan thématique. Il y a une certaine forme de thématique qui peut paraître funeste et qui fait qu’on mette ce type de musique de côté. Si les animateurs de médias rejettent certaines musiques à cause de leur problème de qualité, ils jouent leur rôle en le faisant car ils ne sont pas là pour diffuser n’importe quoi. Et c’est bien qu’ils le fassent.

Certains medias, au Cameroun notamment diffusent souvent tout ce qui est sur le marché. Cela ne tire-t-il pas la musique vers le bas ?

Les medias sont une référence. Si on n’a pas les moyens d’assurer une bonne écoute et une bonne diffusion, on ne devrait pas exister. L’amateurisme n’est pas à citer là où on parle professionnalisme. Il n’y a pas de précarité à prétendre. Ce sont là des pirates de l’action médiatique. Il y a des normes et une déontologie qu’il faut respecter. Si on ne se donne pas les qualités d’atteindre ces normes-là, il ne faut pas hésiter et je trouve que les pouvoirs publics devraient sévir. Mais ce n’est pas parce que l’on est précaire qu’on va choisir nécessairement choisir de diffuser une musique précaire. Il y a une loi non écrite au ministère de la culture qui stipule que les médias doivent diffuser 80% de musique camerounaise et 20% de musique africaine et étrangère. Malheureusement ceux qui ne connaissent pas cette loi exigent des artistes qu’ils apportent de l’argent pour faire leur promotion.

Le bikutsi est souvent perçu comme une musique profondément traditionnelle et donc peu encline à intéresser un public plus large. Ne faudrait-il pas d’abord développer notre musique avant de prétendre à une meilleure exposition médiatique ?

 Je ne sais pas si on peut dire que le bikutsi n’est pas vraiment connu. Surtout quand on sait qu’un certain Vincent Nguini a fait les plus grand succès de Paul Simon. En Amérique aujourd’hui, tous les grands noms attendent que Vincent Nguini leur apporte une coloration africaine à leur musique. Ce que je dis de Vincent Nguini est valable pour un Richard Bona ou André Manga. Il y a très longtemps que le bikutsi est sorti de la forêt pour la ville et pour l’universel. Le bikutsi n’est pas conçu comme une musique traditionnelle, mais comme une musique patrimoniale qui est née avec le peuple beti-bulu-fang et elle a toujours accompagné tous les moments de la vie. Mais maintenant, il faut tendre un bras invitateur aux pouvoirs publics afin qu’ils jouent leur rôle. Le Cameroun compte de très grands musiciens. Qu’est-ce que les pouvoirs publics font pour accompagner nos musiciens, c’est le rôle que doit jouer l’Etat pour l’internationalisation d’une musique comme le bikutsi.

source: lanouvelleexpression.info

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