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Djibril : « Je travaille dur pour arriver à un certain niveau … J’ai plus de soutien que de moyens »

Il revendique fièrement son appartenance à la société camerounaise entreprenante actuelle. L’artiste réussit la prouesse de s’entourer d’humilité malgré les innombrables fleurs ; de ce savoir-faire juvénile et brillant ; de volonté orageuse de côtoyer le meilleur sans l’agresser de son envie d’y dresser les toiles du succès… Djibril est à la fois cette voix naturelle insolente et étincelante, le visage souvent couru des grandes égéries, le jeune camerounais instruit et bosseur au quotidien pour éclairer sa route de sourires et de joie d’autrui. Le premier clip de l’artiste Djibril a été tourné. Il s’agit de « Je suis Bôlè » qu’on a connu dans le volume 1 de Mboa Tape. Mais cette fois, il surprend tout le monde de son originalité extraordinaire en propulsant la version acoustique, pour poser les bases de son cursus artistique. Djibril a accepté répondre à quelques questions pour vous lors de notre entretien à la suite du tournage et voici-en le contenu.

Bonsoir Djibril, nous sommes depuis hier sur le plateau du tournage du vidéogramme acoustique du son « Je Suis Bôlè » et ça se passe super bien, ça se voit ! Racontes-nous la quintessence de ce son ? De quoi parle t-il ? Quel en est la véritable origine ? Est-ce que c’est une go qui t’a barré pour que tu sois bôlè ?

(Rires) En fait, la go qui me bôlè, c’est plus le positif. C’est un genre de meuf qu’on ne rencontre pas tous les jours. Elle explose tellement de positif de par son physique, de par son humanité, qu’il n’y a pas de mots pour exprimer ce qu’elle est. Elle est tellement jolie, elle est tellement belle, elle est tout quoi ! Il n’y a pas de mots. Quand on dit qu’on aime, on ne sait pas pourquoi on aime. Quand on aime pour le physique ou le matériel, ce n’est pas l’amour. Mais moi tout ce que je dis c’est qu’elle me bôlè parce que voilà je l’aime, il y’a trop de truc positif.

Ton son, on l’entend déjà depuis un bout et ça a figuré dans le volume I de Mboa Tape mais pas dans cette vibration, cette mouvance ci. Par contre, c’était beaucoup plus dansant, le featuring avec King Créol. Cette fois-ci, tu as choisi le ton acoustique pour le lancer. Pourquoi acoustique ?

On dit il faut être original et j’ai pensé dans un premier temps qu’il fallait voir Djibril dans son élément de base. A la base, je suis un chanteur live, qui aime sentir la musique. Et pour commencer ma carrière, je n’aimerais pas enclencher le pas avec ce qui se fait boom, boom, boom ! J’aimerais déjà qu’on voit de quoi Djibril est capable, avant de faire le show. Tu sais le public est divisé en deux : il y’a les mélomanes, y’a ceux qui aiment écouter la musique pour dormir, pour adoucir leurs mœurs quand ils ont des problèmes et il y’a ceux aiment écouter la musique pour danser. Maintenant, moi j’ai choisi de servir les deux. Je ne fais pas de combine avec mon public, avec mes fans ! Tout le monde est servi comme il veut, comme il aime ! Du coup, ceux qui aiment les chansons douces, sont servis avec la version acoustique. Ceux qui aiment les chansons qui dansent, seront servis avec le remix de « je Suis Bolè » ! Maintenant, « Je Suis Bolè » va venir comme ça, marquer le pas de l’arrivée de Djibril dans le monde du R&B camerounais. Je viens avec cette signature pour dire que je suis là ! On fait la version acoustique pour aller tout doux. On va aller crescendo les frères.

Tu es d’accord avec moi que la tendance actuelle veut qu’on ait des musiques nigérianes, des musiques qui bougent, des trucs qui vibrent ! Ne penses-tu pas que c’est un risque de lancer la version acoustique avant la version dansante plus tard.

On dit qui ne risque rien n’a rien ! Chacun a son plan d’action. Moi, je suis convaincu que mon plan tel qu’il est conçu, il y’aura des retombées positives. Ce n’est pas tout le monde qui aime la chanson qui fait boom boom ; qui aime la monotonie. Par  conséquent, quand tu es un artiste qui aime tout le monde, qui aime faire du bien aux gens, même si c’est 10 personnes qui aiment les chansons acoustiques piano, guitare, les chansons à voix, tu peux satisfaire 10 personnes. Et après tu fais une version pour ceux là qui aiment danser, s’amuser, faire des ambiances dans les boites, dans les snacks… Je commence par la minorité. S’ils sont peu, tant mieux, ils seront quand même servis. Les enfants, les mamans, les papas… Dans mon maxi, dans mon album, je vais servir tout cela chacun à son tour. C’est pour éviter la monotonie, il ne faut pas faire comme tout le monde ! C’est à la base, être original.

La première version que beaucoup connaissent, va donc venir en sorte de remix ?

Oui, tu comprends exactement ce que je veux faire comprendre aux gens. Cette version c’est celle qui vient faire mine d’appât ! Ceux qui vont mordre, ceux qui ne vont pas mordre ! Après, on va donner quelque chose de différent. Cette coloration va donner Djibril. Après cette version, on va faire la version remix qui va tout gâter. Et c’est très bientôt. J’ai la chance d’être bien accompagné, d’avoir des gens comme toi, des potes Marvin, Trey… Des jeunes qui me soutiennent malgré qu’il n’y ait rien. Ils me donnent des conseils que je dois suivre à la lettre. Je ne suis pas leur patron. Ils me disent Djibril, voilà tu as des chansons, tu as un maxi. Tu vas commencer par la version boom boom et après le public va en redemander encore plus. Et peut-être quand tu iras crescendo, ils feront plus attention à ce que tu fais… Quand tu vas croissant, c’est mieux mon frère…

Ok ! Parlons maintenant un tout petit peu de ce feat avec King Créol. Il faut dire que tu viens d’une fratrie qui monte. La courbe va crescendo. Mais quel est l’élément moteur de cette ascension là.

Je crois qu’on prône le travail mon frère. Mon frère King Créol, meilleur chorégraphe du Cameroun et de sa génération ; chapeau à lui, je n’ai pas de commentaires à faire, il est partout. Je crois qu’voir un frère comme lui, c’est un plus. C’est quelqu’un qui bosse et quand il voit son petit qui se bat, forcément il va donner le même rythme ou à peu près. Mais je crois que c’est le fruit du travail. Tout ce qu’on fait, il n’y a pas de magie. Dieu bénit tout le monde. Mais maintenant quand tu veux apprendre, il faut aider Dieu à t’aider. La vraie magie par rapport à notre ascension, c’est le travail !

Tu as des aînés dans l’univers du R&B au Cameroun. Est-ce que tu n’as pas peur d’affronter le parcours de ces aînés là quand on sait que cet univers est un peu moribond…

Je n’ai peur de personne mon frère. Il n’y a pas de cannibale dans l’univers Hip Hop ou dans le show bizz camerounais… Tu as vu la forme de l’étoile, les bouts d’une étoile, c’est pointu ! Tu auras beau étouffer les enfants en croyant que tu maintiens ou bien que tu contrôles ; tôt ou tard, les bouts là vont pousser. La couverture que tu as eu à poser dessus, les bouts là vont passer. Moi, je n’ai peur de personne. J’ai commencé mon travail, ma carrière et maintenant je suis près à travailler mon frère. On dit que le maçon, c’est au pied du mur. Que tu sois King de pacotille, Prince d’argent ou quoi, moi je ne gère pas ça ! C’est sur le tatami là que ça se passe. Je n’ai peur de personne, je ne lance de coup de gueule à personne. Chacun vient faire ce qu’il fait. Le gâteau du showbizz est trop gros. Ceux que veulent s’accaparer de cela, qu’ils mettent des barrières. Mais, il y’a des barrières qu’on défonce. Tu vois des gens qui partent en Espagne, ils traversent des barrières, ils font des enfants là-bas…

Qui est-ce tu considères comme idole dans ton univers R&B au Cameroun ?

Je n’ai pas d’idole mon frère. J’ai des gens que j’apprécie mais pas d’idole. Dans la musique en général, il y’a des idoles comme Richard Bona, Ben Decca, Tom Yom’s, ce sont mes références. Vocalement, étant petit, on entendait des sonorités Makossa ; de la belle époque du Makossa… Je voulais chanter plus comme Ben Decca et Tom Yom’s. Et maintenant, celui qui toujours au sommet, c’est Richard Bona, chapeau à celui-là. Mais dans l’univers, il y’a des gens que j’apprécie qui ont commencé avant moi.

Comme ?

Mon frère, ils sont nombreux… !

Avec qui souhaiterais-tu travailler musicalement au Cameroun ?

Moi, j’aimerais travailler avec tout le monde. Avec tous ceux qui font bien, ceux qui sont originaux. Que tu sois petit, connus, grand, je travaille avec tout le monde. L’essentiel est que tu fasses bien. Dès que tu fais un truc qui accroche avec ce que je fais, je travaille avec toi. Même si tu n’es pas encore à un certain niveau, je peux t’aider ou tu peux m’aider, voilà ça le fait ! Mais s’il y’a des gens que j’apprécie avec qui j’aimerais bien faire un featuring, oui ! Avec mon pote collègue Andy Djemea, on va le faire c’est en projet ; avec Richard Bona encore… Dernièrement, j’ai causé avec Ben Decca mais il ne me connait pas. Je lui ai dit que papa, j’aimerais bien que toi et moi, on fasse un truc. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup à cause de son timbre vocal, ses techniques… Franchement, je sens que je vais apprendre. C’est des gens comme ça avec qui j’aimerais travailler. Il y’en a beaucoup mais je ne vais pas citer tout le monde.

Tu as cité le grand Richard Bona et tu te souviens qu’il vit aux Etats-Unis… ? Avec les autres, c’est tout de même plus faisable !

En général, je travaille avec tout le monde, je n’ai pas de préférence mais depuis petit, j’ai des gens que j’apprécie. Des sommités musicales comme Richard Bona que j’apprécie. Maintenant, s’il faut travailler, je travaillerai avec n’importe qui. Il ne faut pas dire que Djibril ne travaille pas avec les gars du ghetto. On vient de là, mon frère. Et là, je me bats pour arriver à un certain niveau…

Ton maxi est dans la marmite encore. C’est en pleine effervescence, ça boue de mille feux. Avec qui est-ce que tu travailles ?

Beaucoup de jeunes. Je suis quelqu’un qui marche beaucoup. Dès que j’apprends qu’il y’a un petit qui fait comme ça, moi je vais vers lui. J’ai fait des collaborations avec mon premier maxi avec le label Jem’m ; avec Ghetto Musik de Chris ; avec Philjohn qui est là à Douala ; avec HR qu’on ne connait pas, avec Roslin, DJ Christian. Il y’a beaucoup de personnes avec qui j’ai travaillé pour ce premier projet qu’on appelle « Ascension » ! J’ai des cuisiniers, des techniciens, j’ai des gens qui m’aident vraiment. Des amis surtout qui sont là pour m’épauler, je crois qu’ils ont confiance en moi. Ça veut dire qu’il y’a quelque chose.

De combien de titres, est le maxi ?

C’est prévu pour 5 titres dans le premier maxi : « Je Suis Bôlè » ; « Comment te dire que Je te ya mo » ; la version acoustique de « Je Suis Bôlè » ; « Elle veut me tchop » ; « Elle veut mimba »… ça ce sont les exclusivités que vous allez entendre très prochainement. Pour tous les mariages, pour tous les amoureux, pour tous ceux qui aiment bien écouter la musique douce, je vous conseille  « Je Suis Bôlè » acoustique. C’est le premier bébé filmé, qui va sortir alors, à consommer sans modération.

Dans les titres de ton futur maxi, il en ressort que tu utilises beaucoup l’argot camerounais. Est-ce que c’est une façon identitaire de revendiquer ton appartenance à … ou c’est un choix quelconque ?

Justement, on va dire que c’est le langage universel de chez nous. Je suis un camerounais 100 pour cent. Ceux qui ont grandi dans les ghettos ou pas, maîtrisent que c’est l’argot qui est en vue. Il faut le truc avec le langage le plus simple possible. J’utilise l’argot parce que tout le monde peut le comprendre. Même les parents peuvent déjà comprendre l’argot. Tous les termes que j’utilise. Je ne vais pas prendre les termes trop occidentaux. Même si ce n’est pas les langues vernaculaires, on a des trucs qu’on peut communiquer facilement en faisant certaines choses. En parlant l’argot, je te parle de ton way, tu me parles de ton way… Je te parle des mimbas, on sait ce que ça veut dire. Quand je parle de bôlè, ça veut dire que je suis fini ! Ya mo, tout le monde sait que ça veut dire je t’aime. Même les plus petits comprennent. C’est vrai que ça détourne un peu du français mais ça au moins c’est un message. Il ne faut pas forcément chanter en langue, en anglais, mais en argot, ça passe !

On est là sur le plateau du tournage de ton clip, qui est déjà fini. C’est quoi ton mot de fin ?

Ce n’est que des remerciements sincèrement ! Je ne peux que dire merci. Il y’a eu peu de moyen et  beaucoup de soutien. Je vais remercier vraiment les gars de LBS qui sont avec moi depuis. Je vais remercier vraiment le Jem’m Label ; CulturEbene. Franchement, je n’ai pas de mots à dire par rapport à ces jeunes qui font dans l’actualité et que j’apprécie vraiment. Merci à Nabe DaOne ; à mon pote Roslin ; à Yakeka ; à la go qui me bôlè Sonia. Merci au King Créol qui m’a longtemps conseillé. Merci à beaucoup à beaucoup de personnes qui m’ont toujours conseillé, à mon papa. Merci à tous ceux et celles qui se procureront le premier produit. Big up aussi à celle-là qui m’a mise au monde, qui m’a donné sa voix, celle-là qui a permis à ce que j’ai des notes vraiment compliquées dans mes chansons ; merci à mam maman, elle est à la droite de Dieu, pour piquer Dieu que gars il faut regarder mes enfants et je crois que c’est grâce à ça qu’il y’a tous ces gens qui sont toujours autour de nous. Parce qu’il faut le dire, il faut être vrai ; il n’y a pas eu de moyens. Il n’y a rien ! Pas de financiers sauf les gars qui sont avec moi qui me soutiennent. Et je crois que Hamdoulillah, InchAllah, ça va toucher tout le monde.

Contact : facebook.com/dadiidjibrill.mohamed

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