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Comment les émeutes de 2008 ont été fatales à Lapiro de Mbanga

Mais, depuis quelques temps, l’artiste ne se sent pas bien. Des douleurs persistantes au dos l’obligent à consulter des médecins. Certains d’entre eux penchent à l’époque pour une hernie discale, d’autres évoquent un problème au nerf sciatique. Par mesure de prudence, LAPIRO se dote d’une ceinture spéciale pouvant lui permettre de calmer des douleurs de plus en plus persistantes.

Février, des émeutes qualifiées « de la faim » éclatent au Cameroun. La ville de Mbanga, fief de LAPIRO, n’est pas épargnée par les mouvements de contestation. Présent au Cameroun à ce moment là, la star engagée de la musique se retrouve enferrée dans ce vaste tourbillon.

Il est accusé par le Pouvoir d’avoir encouragé les émeutiers à s’en prendre aux installations d’une grande entreprise agricole française dans la localité voisine de Njombé. Il ne le sait pas encore mais le compte à rebours final est engagé…

Les douleurs dorsales persistent, LAPIRO songe à repartir en occident afin d’approfondir ses analyses médicales. Il n’en aura pas le temps. Le pouvoir lui a déjà mis la main dessus.

Je me rappelle encore le coup de fil qu’il me passe affolé quelques jours avant son arrestation : « Thierry ils sont en train de me mettre les manifestations de Mbanga sur le dos. Je sens qu’ils veulent m’arrêter alors que c’est même moi qui calmais les émeutiers… ».  Et moi d’essayer de le rassurer tant que je peux : « T’inquiète pas, tu n’as rien fais. Ils n’ont aucune raison de s’en prendre à toi, ils ne peuvent pas t’arrêter… ».

Il aura finalement raison : Le 9 avril 2008, LAPIRO est arrêté et peu après condamné à trois ans de prison. C’est en prison que LAPIRO DE MBANGA aura la confirmation du diagnostic fatal : CANCER DES OS.

A cette époque là, pour peu qu’il puisse suivre convenablement des soins appropriés, la maladie qui en est à ses débuts est encore maitrisable. Malheureusement,LAPIRO DE MBANGA n’aura jamais véritablement la possibilité de se faire ausculter.

Plusieurs demandes de sortie seront rejetées par les médecins traitants et les administrateurs des prisons (Mbanga et Douala) où il aura été successivement incarcéré. A l’époque, comme vous pourrez le lire sur le site ci-après :http://www.oumarou.net/index.php?aid=2385, la presse locale s’en émeut.

Souffrant le martyr et littéralement fou de douleur, LAPIRO aura même recours aux services spontanés d’un codétenu originaire du Nord du Cameroun qui lu prodiguera des soins traditionnels (scarifications dorsales) dans des conditions hygiéniques douteuses.

Cette détention prolongée permettra au cancer de se développer inexorablement dans son corps. C’est en homme résigné qu’il sortira enfin de l’enfer carcéral en avril 2011. Il aura alors ses mots lourds de sens pour son compagnon Sam MBENDE qui l’avait accompagné durant ses trois années de détention :

« TOUT EST TERMINÉ, ILS M’ONT DEJA EU».

Thierry Ngogang

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