
Du 28 janvier au 7 février prochain, se tient à l’hôpital protestant de Bangwa, une 2e édition de la grande campagne gratuite de chirurgies gynécologiques organisée par l’Ong Fondation Jean Félicien Gacha en partenariat avec la Fondation Dexeus Mujer et l’Hôpital protestant de Bangwa.
Le 31 janvier dernier, les drapeaux du Cameroun et de l’Espagne ont flotté à l’entrée de la ruelle pavée qui mène vers des salles d’hospitalisation de l’hôpital protestant de Bangwa. Selon notre confrère Alain Ndanga, qui raconte cette journée, tout a commencé à l’entrée du bloc opératoire, avec la petite Gabriella Indira (huit ans, en classe de Ce2) venue de Bafoussam, chef-lieu de la région de l’Ouest.
« Toute souriante, sa mère, Désirée Edwige Magatsing, la tient par ses épaules. La maman et la fille posent au milieu du directeur de l’Hôpital Dexeus de Barcelone (Espagne), Dr Père Barri, par ailleurs chef de la délégation européenne dans le cadre de la 2e édition de la grande campagne gratuite de chirurgies gynécologiques organisée par l’Ong Fondation Jean Félicien Gacha en partenariat avec la Fondation Dexeus Mujer et l’Hôpital protestant de Bangwa ; du directeur de l’Hôpital protestant de Bangwa, Dr Léandre Tabué ; de la coordonnatrice projet Dexeus, Elisa Beltrame ; des représentantes de l’Ong Fondation Jean Félicien Gacha, Soemy Manga et Elodie Tchouakui, respectivement responsable des projets de coopération et communication, et responsable des projets sociaux-humanitaires. »
D’après la même référence, la petite Indira est venue au monde avec une fente vaginale et un anus obstrué. Elle a commencé à déféquer par le vagin deux ans après sa naissance. Élevés par des parents à faibles revenus (le père étant retraité), ils étaient perdus et ne savaient vers qui se tourner. Lors de la première édition de la grande campagne, au cours de laquelle Indira a été enregistrée, elle n’a pas subi d’intervention chirurgicale. « c’est l’Hôpital de Bangwa qui m’a demandé de venir avec l’enfant parce que la deuxième campagne a démarré. Ma fille a été opérée et je rends grâce à Dieu qu’elle vive normalement comme les enfants de son âge. Les mots me manquent pour dire merci à l’Ong Fondation Jean-Félicien Gacha, juste que Dieu leur remette au centuple », explique sa mère.
D’un autre côté, dans la salle d’hospitalisation néonatologie, Edwige Laure Jeazet, originaire de Mbalmayo, département du Nyong-et-So’o et région du Centre, se redresse avec fierté sur son lit. « Je vis ce moment comme un rêve que je croyais irréalisable dans ma vie. C’est du sérieux ici, du réel. Me faire au niveau de l’utérus sans débourser aucun sous c’est du jamais vu », a-t-elle déclaré. Dans une autre salle, Marie Laure Moche a éliminé le myome qu’elle portait depuis plusieurs années. Étant atteinte d’un handicap moteur, elle laisse couler ses larmes et se questionne sur ce qu’elle serait sans cette campagne. « Je prie chaque jour qu’à travers ces envoyés de Dieu (Ong Fondation Gacha, ndlr), d’autres femmes qui souffrent des maladies compliquées recouvrent leur santé ».
Le Dr Père Barri se félicite de ce que tout se déroule bien à l’Hôpital protestant de Bangwa, qui présente une « organisation exemplaire ». L’équipe de Dexeus se compose de 20 membres : 10 spécialistes en chirurgie gynécologique, obstétrique et reconstruction plastique ; trois infirmières en salle d’opération, un anatomopathologiste, trois anesthésistes, deux pédiatres et une coordinatrice de projet.
Dans leurs valises, il dit avoir ramené du matériel médical et une partie des médicaments pour le suivi des patients. Les malades pris en charge sont pour la plupart des femmes souffrant de masse du sein et ou de l’appareil génital, notamment les fibromes, les kystes et tumeurs bénignes de l’ovaire ou de l’utérus; des prolapsus utérins ; les femmes qui perdent des urines ou des selles par le canal génital, ou tout trouble affectant l’appareil reproducteur féminin ; Pathologies liées à la chirurgie plastique et reconstructrice : correction des cicatrices (cicatrices rétractiles dues à des brûlures, chéloïdes) ; maladies pédiatriques qui ne nécessitent pas d’intervention chirurgicale.
Jusqu’ici, la campagne se déroule sans encombre grâce aux mesures diplomatiques prises par les ambassadeurs du Cameroun en Espagne et de l’Espagne au Cameroun. Les dirigeants de l’Ong Fondation Jean-Félicien Gacha leur expriment leur gratitude. Ils soulignent que l’orientation de la Fondation est fondée sur des missions et des valeurs liées à l’éducation et à la diffusion du savoir, qu’elle a constamment fait évoluer et maintenir pendant plus de vingt ans, en résonance avec cette devise inspirée par le crédo du regretté Jean-Félicien Gacha : « Il faut aider les autres, écouter les autres, respecter les autres, guérir les autres et surtout aimer les autres ».
« On fera plus de 100 patients opérés en deux semaines »
En réaction au travail qu’ils effectuent, Dr Père Barri, directeur de l’Hôpital Dexeus de Barcelone assure que plus de 100 patients seront opérés en deux semaines. « Depuis plus d’une semaine déjà, on travaille énormément. On a réussi à amener beaucoup de matériel hospitalier, mais croyez-moi, on ne pourrait rien faire sans le soutien de l’équipe locale de Bangwa. Notre équipe a l’expérience de faire des missions humanitaires en Afrique depuis 2003, donc ça fait environ une vingtaine d’années. Et l’Hôpital protestant de Bangwa c’est le seul, l’unique, le meilleur endroit qu’on a jamais trouvé. Parce que c’est très bien organisé, il a un présent, il a un futur. La plupart des expéditions qu’on avait faites, l’hôpital était ouvert quand on arrivait et fermé quand on partait. Ici, on sent qu’il y a vraiment qu’il y a une progression depuis qu’on est venu en 2023, il y a des choses que l’on a appris, sur lesquelles on a échangées, et on sait finalement ce qu’on veut. »
« On est très content aussi de pouvoir partager nos séances de chirurgie avec nos internes de Barcelone. C’est une opportunité pour eux d’apprendre des pathologies qu’on ne voit pas normalement dans notre entourage. On fera plus de cent patients opérés en deux semaines. Actuellement, on est à peu plus de la moitié. On fait beaucoup de chirurgie gynécologique, chirurgie mammaire, chirurgie prolapsus par voie basse, et on a fait beaucoup de chirurgie réparatrice aussi, des patients qui ont des plaies, des brûlures, des malformations faciales. Oui, c’est le type de pathologie qui a été très bien recruté par l’équipe locale, et c’est ce qu’on avait prévu de trouver, avec un grand volume et complexité. On est content », a-t-il conclut.
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