
À seulement 32 ans, Mo Harawe est en passe de devenir l’une des voix les plus singulières du cinéma contemporain. Né en 1992 à Mogadiscio, en Somalie, et installé en Autriche depuis 2009, ce réalisateur, scénariste, directeur de la photographie et producteur est l’illustration parfaite de la richesse du métissage culturel. Avec son premier long-métrage, “The Village Next to Paradise”, sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard du Festival de Cannes 2024, Harawe offre une plongée émouvante et universelle dans les complexités humaines et sociétales de son pays natal.
Une vocation née de l’exil
Mo Harawe n’a pas grandi avec l’ambition de devenir cinéaste. C’est en arrivant en Autriche, confronté à la barrière de la langue et au déracinement, qu’il découvre dans le cinéma un moyen d’expression universel. “Je pense que le langage visuel est devenu ma manière de communiquer et de mieux comprendre qui je suis”, confie-t-il dans un entretien. Après avoir participé à divers ateliers de cinéma à Vienne, il commence à réaliser des courts-métrages, qui se distinguent rapidement dans les festivals internationaux.
Un cinéaste primé
En 2021, son court-métrage “Life on the Horn”, une réflexion poétique sur les défis environnementaux et humains en Somalie, remporte le Tanit d’Or au Carthage Film Festival. L’année précédente, il avait déjà marqué les esprits avec “Will My Parents Come To See Me?”, un film poignant sur les derniers moments d’un condamné à mort, qui décroche le Grand Prix de la compétition internationale au Festival de Clermont-Ferrand.
“The Village Next to Paradise” : une consécration à Cannes
Son premier long-métrage, “The Village Next to Paradise”, présenté à Cannes en mai 2024, marque une étape majeure dans sa carrière. Ce drame familial raconte l’histoire de Mamargade, un père célibataire, et de sa sœur Araweelo, confrontés aux défis d’un quotidien rythmé par la guerre civile et les catastrophes naturelles dans un village désertique de Somalie. Inspiré par ses souvenirs d’enfance et son désir de reconnection avec ses racines, Harawe décrit ce film comme “une exploration de l’amour, de la résilience et de la quête de dignité”.
Une empreinte artistique unique
Mo Harawe se distingue par son style visuel minimaliste et son approche narrative intuitive. Il accorde une importance particulière au casting, considérant qu’un bon choix d’acteurs représente “50 % du travail de réalisation”. Dans ses œuvres, il mêle une esthétique épurée à une exploration profonde des émotions humaines, rendant ses récits universels tout en ancrant fermement leurs racines dans la culture somalienne.
Un futur prometteur
Avec un palmarès déjà impressionnant et une reconnaissance croissante sur la scène internationale, Mo Harawe incarne une nouvelle génération de cinéastes africains qui redéfinissent les contours du cinéma mondial. Pour ce réalisateur entre deux continents, chaque film est une tentative de “mieux se comprendre et de connecter les gens à travers des récits humains”.
En sélection à Cannes, “The Village Next to Paradise” promet d’être une expérience inoubliable, consolidant la place de Mo Harawe comme une étoile montante du cinéma mondial.
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