
Photographes, cinéastes, comédiens, stylistes… se sont retrouvés au Centre Culturel Quartier Mozart le vendredi 21 mars pour travailler sur le projet Transforming Memories, une initiative d’Augustine Moukodi et Marianne Balle Moundoumbou.
Le titre parle de lui-même : les artistes peintres interprètent les archives, qu’elles soient visuelles ou sonores. Ce projet repose sur des recherches et sur des archives détenues par le musée ethnographique de Berlin.
« On a déjà cet héritage-là, qui nous appartient aussi. Qu’en fait-on ? Le laissons-nous enfermé dans ce musée, là-bas ? Ou bien le ramenons-nous chez nous pour le faire revivre à travers l’art et d’autres disciplines ? Quel est l’objectif caché derrière cette démarche, au-delà de son aspect artistique ? Est-ce de faire revenir ces objets sacrés ? »
s’interroge Augustine Moukodi.
Toutefois, Transforming Memories n’a pas pour vocation de rapatrier les objets volés d’Allemagne au Cameroun.
« Non, ce n’est pas notre démarche. Il existe déjà une initiative en ce sens, portée par l’État et les communautés, qui se battent pour faire revenir ces objets et entités au Cameroun. Marianne et moi travaillons essentiellement avec des photos et des éléments sonores trouvés dans le musée ethnographique de Berlin. Nous avons choisi ce musée en particulier, mais il y en a bien d’autres contenant des archives similaires. L’objectif est aussi de raconter cette période coloniale, de rendre visibles ceux qui ont existé à cette époque. Nous explorons plusieurs catégories : l’architecture, les chefferies, l’artisanat… On parle beaucoup des objets et des entités, mais rarement de ceux qui les ont fabriqués. Ces personnes ont vécu, et à travers les photos que les artistes ont découvertes aujourd’hui, nous cherchons à mieux comprendre leur existence. »
a déclaré Madame Moukodi.
Les artistes, historiens, anthropologues et architectes font partie des spécialistes sélectionnés pour ce projet.
« Nous allons travailler avec des étudiants en architecture, qui nous raconteront l’histoire de l’architecture camerounaise depuis l’époque précoloniale jusqu’à aujourd’hui, en analysant les influences et en imaginant ce qu’elle aurait été sans cette domination extérieure. Ce projet touche de nombreux domaines, mais aujourd’hui, nous nous concentrons sur les artistes, car notre recherche repose sur la thématique des quatre éléments, alliés aux quatre aires culturelles du Cameroun. »
ajoute Augustine Moukodi.
Les expositions qui jettent un regard sur le passé sont rares. Encore plus rares sont celles qui adoptent un regard de transformation, en suivant une démarche réfléchie.
« Nous nous tournons vers le passé pour mieux comprendre le présent et bâtir l’avenir. C’est exactement ce que nous faisons. Les quatre éléments sont au cœur de notre réflexion : l’air, l’eau, le feu et la terre. Ils constituent une base universelle de la vie, mais leur signification prend une dimension particulière au Cameroun et, plus largement, en Afrique. Ces éléments se retrouvent toujours, peu importe l’aire culturelle étudiée.
À partir de cette base, nous avons défini différentes catégories d’analyse. Ce travail nous permet de nous regarder dans un miroir, qui, avec le temps, a été déformé par les préjugés, le racisme et le sexisme. Nous voulons transformer ce miroir, non pas en un simple reflet illusoire, mais en une image fondée sur des bases scientifiques. »
Vivement que cette exposition se tienne !
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