Cameroun

Dr Arsène Etaba : « À un moment donné, j’ai réalisé que l’art ne sert pas uniquement à divertir, il peut aussi contribuer au développement…’

Après avoir performé TRANSFORMING MEMORIES vendredi 21 au Centre Culturel Quartier Mozart, le Dr Arsène Etaba, artiste, danseur, chorégraphe, performeur camerounais, s’est entretenu avec nous.

Salut Arsène, peux-tu te présenter à nous internautes ?

Bonjour, je suis le Dr Arsène Etaba, artiste, danseur, chorégraphe, performeur camerounais. Actuellement, nous travaillons sur le projet Transforming Memories, sous l’initiative d’Augustine Moukodi et Marianne Balle Moundoumbou, qui collaborent avec le Musée ethnologique de Berlin. L’objectif est de faire ressortir certains aspects des photographies prises en Afrique entre le 19e et le 20e siècle. À partir de ces travaux, elles ont invité plusieurs corps de métiers tels que : la chorégraphie, la photographie, le chant, le stylisme, et d’autres, afin de créer une plateforme qui interroge les non-dits et omissions, mais aussi des aspects comme l’artisanat et les rapports coloniaux. Le projet se base sur les archives coloniales des Mafa, un peuple d’Afrique orientale.

Concernant la chorégraphie, il s’agit d’analyser trois clichés pris pendant cette période. Ces photographies montrent des peuples africains et germaniques. Il faut analyser ces images et en faire ressortir les états du corps, les émotions et les non-dits. En fin de compte, nous voulons restituer cela par le corps, c’est-à-dire montrer ce que l’on ne peut pas toujours percevoir à travers les photos. Cela permettra de présenter comment les sociétés étaient organisées à cette époque. Ce sera un gros challenge, car nous avons très peu de temps. De plus, je travaille avec le chant, la photographie, et d’autres corps de métiers. L’objectif est de plonger le public dans cette expérience pour contribuer à une certaine guérison des impacts du colonialisme sur nos peuples

Au début de 2017, il y a eu un débat au Burkina Faso avec le Président français Macron. Est-ce que dans votre démarche, on va ressentir cet aspect-là ? Cet aspect de demande pour que nos objets reviennent ?

Merci beaucoup pour cette question. Bien évidemment, c’est une question d’actualité. Depuis 2017 et bien avant, la question du retour des objets de valeur dans leurs terres d’origine fait la Une. En tant qu’artistes, notre rôle est de contribuer à ce processus. Les objets qui nous sont propres doivent revenir dans leurs terres originelles. À travers ce type de projet et ces rencontres, nous ne pouvons pas physiquement faire revenir ces objets, car les parts sont partagées. Cependant, à notre niveau, nous contribuons fortement en utilisant le corps comme vecteur de transmission. Par exemple, nous allons présenter la force d’un masque qui se trouve de l’autre côté. Nous allons montrer la difficulté pour un Africain de ne pas pouvoir voir un masque qui était chez lui. Nous allons aussi aborder la mobilité artistique, et les rapports entre le Nord et le Sud, toujours en lien avec ces objets traditionnels. À travers nos œuvres performatives, nous souhaitons non seulement faire vivre ces éléments, mais aussi leur redonner de l’énergie et envoyer un message fort pour qu’ils fassent effectivement le chemin retour vers leurs terres d’origine.

Comment un docteur en pharmacie se retrouve dans l’art ?

Un docteur en pharmacie se retrouve dans l’art parce que j’ai une passion pour la danse et l’animation. À un moment donné, j’ai réalisé que l’art ne sert pas uniquement à divertir, il peut aussi contribuer au développement. Cela inclut des recherches scientifiques pour promouvoir la danse, particulièrement dans le suivi des patients post-AVC à l’hôpital Laquintinie de Douala. Là, nous avons compris que la danse peut être une source d’inspiration pour le développement des individus et aussi de l’économie du Cameroun.

Et vos parents, que pensent-ils de tout ça ?

Forcément, mes parents n’étaient pas d’accord au départ, mais comme je le dis toujours, c’est à nous, les jeunes, de leur montrer que cette démarche est bénéfique pour la société et même pour eux. Ce n’est pas seulement une affaire de musique, c’est une démarche de projet. Une fois que vous leur faites comprendre que c’est un projet, une entreprise, ils finissent par comprendre que c’est une voie qui peut porter des fruits.

 

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