
À l’aube de ce mercredi, la slameuse camerounaise Lydol a fait un retour marquant sur les réseaux sociaux après des semaines de silence. Dans une vidéo sobre et poignante de 2 minutes 11 secondes, l’artiste apparaît le crâne rasé, les traits fermés, livrant un slam puissant. Mais loin de faire l’unanimité, ce comeback a immédiatement enflammé les réseaux sociaux.
Avec cette vidéo postée à 7h précises, Lydol a signé une réapparition artistique aux allures de renaissance douloureuse. Habillée de noir, libérée de ses célèbres locks, elle a livré un texte intense, marqué par la perte, le deuil et le doute. La symbolique du konkonlibong – crâne rasé – renforce cette volonté de rupture et de transformation. Pour ses partisans, ce geste témoigne d’un profond bouleversement intérieur, d’un besoin d’exprimer sa peine à travers l’art. « Puis un jour, une page se ferme… laissant derrière elle des espoirs, des souvenirs, des regrets, de la colère », déclame-t-elle.
Ce retour intervient moins de deux mois après un drame qui continue de secouer l’opinion publique : le meurtre du petit Mathis, âgé de 6 ans, poignardé à mort à Yaoundé par le père biologique de Lydol, sieur Nwafo. Un crime qui a bouleversé le pays et mis l’artiste malgré elle sous les projecteurs. Depuis le 27 mai, l’assassin présumé est incarcéré à la prison centrale de Kondengui, en attente de son procès prévu en novembre.
Cette tragédie, profondément personnelle, a mis Lydol dans une position délicate, confrontée à la douleur de l’opinion et à son propre chagrin. Et c’est précisément ce qui rend son retour si controversé. En quarante minutes, la vidéo comptabilisait déjà plus de 2 500 likes et 1 300 commentaires. Et les réactions sont profondément partagées.
D’un côté, de nombreux internautes expriment leur solidarité et leur respect pour une artiste qui tente de se relever : « Courage ma grande », « Tu as du talent, ne laisse personne te faire taire », peut-on lire.
Mais d’un autre côté, la colère et l’incompréhension restent palpables : « On n’oubliera jamais ce que ton père a fait à Mathis », « Pour quelqu’un qui savait quel démon était son père… tout ça, c’est du cinéma. » La coach Blonde dans un post accuse Lydol d’avoir profité du drame causé par son père pour relancer sa carrière, en camouflant son opportunisme derrière un slam qu’elle juge creux et manipulateur. Elle dénonce une insensibilité perçue comme inhumaine et exige qu’elle se retire de la scène publique, par respect pour la mémoire de l’enfant tué. Selon elle, son retour est prématuré, offensant, et perçu comme une insulte au deuil collectif. « (…) avec cette vidéo, tu es désormais plus coupable que ton propre père. Arrête cette carrière. On ne tue pas un enfant en mai, Et en juin, venir danser sur sa tombe. LE PLAN À ECHOUÉ Tes chansons sont maintenant à mes oreilles comme des laides incantations. De grâce fou nous le camp !»
Le débat est vif. Pour certains, le timing de son retour est malvenu, d’autant plus qu’il coïncide avec une autre tragédie : le décès d’Émile, le père d’Orphée, survenu la veille, un événement qui a ému le monde artistique camerounais.
Ce retour de l’artiste, à la fois fragile et audacieux, relance alors le débat sur la place de l’artiste face à la responsabilité morale.
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