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Valérie Duval : « On ne valorise pas le mannequinat et la culture au Cameroun »

Sa silhouette et ses mensurations de reine de beauté ne passe jamais inaperçus. Des podiums aux plateaux, il lui a fallu un tout petit saut. Valérie Efouba Duval enfante il y’a 6ans mais son air de pouponne, son expérience fait montre des ambitions qu’elle caresse jalousement pour sa jeune carrière. Il y’a quatre ans, le mannequin coulisse facilement vers le 7ème art. Pour percer le mystère sur la jeune mannequin-actrice, nous avons opté pour un tête-à-tête qui vous fera plaisir.

Tu es une jeune actrice camerounaise, parles nous de toi ?

Voilà, j’ai 25 ans. J’ai un fils de 6 ans, je suis dans le cinéma. J’ai débuté avec la mode. J’ai été mannequin pro. Mon dernier podium d’ailleurs c’était le Annual Show et Afrik Connection. Et après, je me suis lancée dans le cinéma que j’ai toujours aimé en 2009 avec le réalisateur Eloundou Eya, « Sur les chemins de la gloire », une série de 12 épisodes, qui a été diffusée sur la Crtv. Après, ce même réalisateur a lancé « Balle perdue » qui passe en ce moment sur la même chaine.

Tu as débuté par une carrière de mannequin, raconte nous tes premiers pas dans le mannequinat.

Ça n’a pas été facile ou difficile en même temps. C’est allé très vite. On a toujours apprécié la personne que je suis, mon physique ! Je fais carrément 1m83 pour 62 kilos (rires). C’est vrai que j’ai augmenté un tout petit peu mais bon… Je me suis lancée dans la mode, je me suis plutôt bien en sortie, j’ai tout fait, tous les grands plateaux du Cameroun : Afrik Connection, Annual Show, La nuit des Stars, K Walk, etc. Il y’a plein d’événements en tout cas. Mais maintenant, j’ai arrêté d’abord la mode, je me suis mise au cinéma où je me suis vraiment trempée les deux pieds et les deux mains (rires).

Pourquoi as-tu arrêté d’exercer dans la mode ou le mannequinat ?

Tout simplement parce qu’on ne valorise pas le mannequinat, la culture ici. On est tout le temps entrain de négliger tout ce qu’on peut faire. Et après, c’est un monde un peu difficile et complexe. Pour des raisons personnelles aussi, j’ai un tout petit peu arrêté. Donc, je ne sais pas encore si je vais reprendre la mode, mais j’ai des propositions. Ça dépend des événements, peut-être un de ses quatre, je vais reprendre la marche. Pour le moment, je suis encore dans le cinéma.

A quel âge as-tu commencé dans la mode ?

J’ai véritablement commencé dans la mode en 2004 avec une agence, Mégane Fashion Agency. Mon manager c’était Mike… j’ai donc arrêté en 2011.

Désormais tu es dans le cinéma en tant qu’actrice professionnelle, partages avec nous tes premières années dans le 7ème art.

J’ai toujours aimé le cinéma. Alors, je ne savais vraiment pas comment intégrer ce merveilleux monde. Mais, la chance m’a souri, c’est arrivé d’une façon inopinée. J’ai travaillé avec un premier réalisateur, Steve Essimi où il a fait un  long métrage… D’ailleurs, je ne sais pas ce qui s’est passé de ce projet là. Mais, je me suis lancée véritablement avec le réalisateur Eloundou Eya et c’est où ma carrière décolle. Et, elle décolle véritablement avec « Balle perdue », la série qui passe en ce moment sur la Crtv. Après, j’ai fait la rencontre d’autres réalisateurs, Chantal Youdom où j’ai fait « Au cœur de l’amour », qui passe sur TV5 et en ce moment sur Canal2, où je suis actrice principale parce que je remplace l’actrice précédente qui était Rouène. Je travaille avec des réalisateurs connus, professionnels, c’est une chance pour moi d’ailleurs. J’espère travailler davantage et avec différentes personnes. Pourquoi pas dans l’international, c’est mon rêve … !

Tu nous as fait part tout à l’heure d’un problème récurrent en Afrique ou ailleurs, dans certains milieux. Celui que rencontrent pleins de jeunes aussi bien menu, bâti que toi, qui aspirent à la gloire, c’est-à-dire ton apparence. Est-ce qu’on t’apprécie plus par rapport à ton apparence que par ton/tes talent(s) ?

Bon voilà, je n’ai pas encore rencontré cela dans le milieu du cinéma. Je suis abordée à cause de mon talent, à cause de mon travail. Voilà, tout simplement. Mais, j’espère que je n’aurai pas à rencontrer ces difficultés là, où un réalisateur s’arrêtera juste à mon physique et qui me posera des conditions. Comme on dit ‘condition canapé’ ! J’espère bien ! Mais sinon je travaille uniquement par la reconnaissance de mon travail, mon rendement. Et d’ailleurs, ça me fait plaisir parce que je ne me passe pas pour celle qui a un beau physique et, etc. C’est vrai que le physique joue ! Il y’a des personnages où on cherche la fille mince, la fille grande. Mais après, ça reste professionnel et c’est ce qui me fait plaisir et j’espère que ça restera toujours comme ça.

Tu fais partie de la jeune génération d’acteurs camerounais qui se cherche une place dans le monde du cinéma. Il y’a pourtant plein d’anciens, de vieux qui continuent leur bonhomme de chemin, y’en a-t-il que tu apprécies ? Et quels sont tes idoles dans ce monde du cinéma ?

Ils sont nombreux que j’apprécie mes collègues avec qui j’ai travaillé. Je vais citer Alain Bomo, qui est un grand frère et qui est un collègue ; j’ai travaillé avec lui sur un projet pendant un an, deux ans… Il m’a beaucoup soutenu professionnellement. Et après, la jeune génération d’acteurs, Blanche Bana, Thérèse Ngono, Stéphanie Adjon, … Ils sont nombreux hein. Ce sont des personnes que j’apprécie beaucoup. Nous évoluons dans un système d’harmonie, de familiarité, de convivialité, de famille, … Donc, j’apprécie énormément et je souhaiterais que ça reste ainsi.

Valérie Duval, pourquoi ce nom là précisément ? Pourquoi Valérie Duval tout court en tant qu’actrice? Il faut le rappeler que ça ne passe tout de même pas pour un nom de noir !

C’est vrai en plus, je suis confrontée à ça tous les jours de ma vie! Parfois, on pense même que je suis mariée à M. Duval. Mais non, je ne suis pas mariée, je suis encore célibataire (rires). En fait, je m’appelle Valérie Efouba Duval. C’est ce qui est écrit sur mon acte ! Et puis, moi je n’ai pas de pseudo dans le cinéma ou comme les autres le font, alias tel … Je m’identifie tout simplement par mes prénoms … C’est là, le nom et les deux prénoms que mes parents ont eu à me donner. J’ai de la chance, parce que ça fait une très bonne composition et voilà (rires).

Tes parents sont black ?

Oui ! Paix à leur âme, j’ai perdu mes deux parents. Je suis orpheline. C’est triste mais c’est la vie. Oui, ils étaient tous les deux camerounais et « Béti », « Eton ». Je suis une fille Eton 100%, en passant (rires).

J’espère que je vais échapper aux fameuses 5minutes de folie ?

(Rires) Non, non, non c’est sans souci. Et puis, je dis tout le monde a 5 minutes de folie hein ! Il suffit juste qu’on réveille ce truc là et voilà ! C’est vrai que je suis un peu impulsive, mais c’est un truc que je maîtrise et qui est même peut-être fini. Je sais être patiente… J’essaie de garder le sourire parce que c’est ce qui fait avancer, c’est ce qui fait en sorte qu’on ne stresse pas parce que si on se met à être négatif, je vous assure que ça nous détruit. Ça change tout : la mine, le quotidien et tout, ça n’apporte que le négatif. Alors, je fais l’effort de rester positive et de garder le sourire.

Il y’a une tendance des stars camerounaises à cumuler les talents. N’as-tu pas des ambitions d’évoluer peut-être dans la musique ou autre chose ?

Tout à fait, si. Mon rêve c’est de faire la musique parce que j’ai une petite voix dans la tête qui me dit chante, chante, chante ! Mais c’est plutôt spirituel ! J’ai envie de faire dans la spiritualité, dans la musique spirituelle, chrétienne ! Mais je ne sais pas encore comment ça se passe. J’ai déjà essayé à écrire mais je ne sais pas encore comment véritablement procéder. Mais bon, je me dis le temps va faire le temps et faire ses choses et puis, après ça va exploser. J’y pense et je rêve de faire dans la musique parce que ça me parle et j’adore, j’aime la musique chrétienne, le gospel pourquoi pas… Et peut-être avec le temps je vais évoluer.

Quelle est l’appréciation que tu portes à l’égard du cinéma au Cameroun ou en Afrique?

Je pense déjà que c’est bien ce qu’on fait parce qu’on ose. C’est un pas ! On le fait plutôt bien. Il y’a des critiques mais avec le temps ça s’améliore. Par exemple le cinéma en Afrique de l’Ouest, au Nigéria, ça s’améliore, c’est waouh ! C’est vu partout dans le monde. Je demanderai à mes grands frères réalisateurs camerounais, c’est de mettre beaucoup de rigueur et de professionnalisme et de travail dans leur projet, et aussi nous les acteurs. Je pense qu’avec ça, tout ira pour le mieux.

Détaille-nous ton rôle dans la série « Balle perdue ».

Je m’appelle Carole, je suis une fille assez dévergondée, capricieuse, en fait pas toujours gentil hein ! Gentil à la maison mais quand je suis à l’extérieur, je fais autre chose, que des bêtises. Et puis, je suis toujours en palabre avec ma sœur ainée Dora parce que je veux aussi ma part d’héritage ! Voilà, je ne sème que du trouble. La série parle de l’héritage, nous sommes une famille polygamique. Nos parents sont morts et Dora, l’aînée est à la tête de tout, et nous on revendique nos parts : mon frère Eric (Alain Bomo), ma sœur Linda (Lynn Esther Ndong).

Quelle est ton rôle donc dans « Au cœur de l’amour » ?

Mon rôle c’est Rouéna, je remplace l’actrice principale. J’entre dans la série par une chirurgie esthétique, je deviens Rouène. Je suis amoureuse d’un jeune garçon Tom, on rencontre plein de difficultés mais à la fin, tout fini par s’arranger (rires) et, j’espère (rires) ! Je laisse le suspens. Là-bas, je suis plutôt la fille gentille, amoureuse !

Y’en a-t-il d’autres ?

J’ai plutôt fait des longs métrages, des courts métrages avec Yves Dime qui sont passés dans des festivals, à Vu d’Afrique, avec Agnès Youngang, Pierre Loti, euh vraiment assez hein !

Quelle est le genre cinématographique que tu préfères ? Des fictions, des Biopics, ou seulement des séries ?

Je préfère évoluer dans tout ! Mon rêve, c’est d’intégrer tout, et tout genre de personnage, parce que ça m’aidera à enrichir mon talent. Je pense que faire différents trucs aussi nous changent…

Ton dernier mot que tu aimerais partager avec nous ?

C’est encourager les jeunes à ne pas se décourager, suivre sa voix si justement on la sent, si elle nous parle, si on veut se détourner de quelque chose, si cette chose est positive, alors qu’on la fasse. Et que les grands frères nous encouragent, qu’ils nous soutiennent, et qu’on essaie vraiment de valoriser la culture. Que ce soit la musique, le cinéma, la peinture, l’art, … tout. Qu’on puisse aussi valoriser notre pays dans le monde et qu’on essaie aussi de lever la tête !

Nous allons te remercier de nous avoir accordé ce petit temps de ta journée, d’avoir partagé ta petite expérience avec nous, on a plus qu’à te souhaiter bon vent, à amener davantage de l’avant la culture camerounaise, le cinéma camerounais dont tu es héritière parmi tant d’autres.

Je dis merci à vous parce que c’est grâce à vous que nous on vit. C’est grâce à vous si on est connu, les médias, vraiment un grand merci ! Moi aussi j’espère aller de l’avant, valoriser mon pays, et travailler dans différents pays, avec différentes personnes.

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