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Diable de dieu ou les mémoires d’un roi Béti

A propos de l’auteur

Erick-Achille Nkoo est né en 1982 dans le petit village de Nkolya dans l’arrondissement de Nkolmetet au centre du Cameroun.  Professeur des sciences de l’éducation et de la culture, et enseignant de la langue arabe, Erick-Achille Nkoo est passionné de l’écriture, il est auteur d’un roman, d’un recueil de poèmes, et de plusieurs essaies.

Résumé de l’ouvrage :

Diable de dieu ou les mémoires d’un roi béti apparait comme un roman particulièrement intéressant à lire. L’auteur y aborde des fléaux sociaux et des questions  développementales qu’il mêle à l’amour.  Ce roman nous emmène au cœur des traditions sacrificielles jadis pratiquées en Afrique. En guise de remerciement à un dieu chamanique et  sanguinaire, le roi, intelligent et instruit, se voit obligé, selon la tradition, d’immoler sa fiancée. Devant l’insistance des anciens du village, le roi s’engage alors à sacrifier son unique amour. Afin d’éliminer le diable de dieu, le roi devra valser avec la psychologie des villageois et ruser en immolant un bélier à la place de Tene  sa fiancée. Avec l’aide du père camillo, le roi enverra sa bienaimée en Europe pour y faire des études de médecine. Quelques années plus tard, elle y revient nantie de savoir qu’elle mettra au service du développement du village. A la longue son savoir  finit par convaincre les villageois au détriment de certaines mauvaises traditions.  Comme pour dire, seule la science et une volonté politique franche peuvent-nous sortir du sous développement.

Quelques morceaux choisis

Le développement remarquable et euphorique du hameau avait installé une croyance aveugle en ce diable de dieu et un amour chamanique pour lui. Les villageois convaincus que c’était un dieu tout puissant, ils lui accordaient soumission, honneur et fidélité morbide. Ils étaient prêts à se sacrifier pour le bien du village. Pour eux, les portes du paradis seront ouvertes à tous ceux qui se sacrifieront pour une cause commune. Ils étaient certains d’être sur le chemin de la vérité. Je remettais en question l’église qui en fait a un rôle prépondérant à jouer dans l’éveil de la conscience des hommes.  La religion pour moi est un système de valeurs sociales fondé sur la morale ; elle prône l’existence d’une divinité créatrice  et par conséquent, l’adhésion aux préceptes de la dite divinité. Ses missions consistent entre autres à réguler la société ; d’éveiller sa conscience spirituelle, de l’encadrer  et de l’orienter  vers un épanouissement certain et un idéal social et divin. Cela étant, la religion ne s’aurait se dissocier des autres éléments qui contribuent au bien être social et spirituel tels que l’éducation, le développement communautaire, l’agriculture, la politique et l’économie. Cependant, ses missions premières semblent avoir cédé  à des considérations de nature moins sociales d’une part, et de nature plus divine d’autre part, remettant en débat le fameux « béni soit celui qui croit sans avoir vu » invite péremptoire au sommeil intellectuel et à toute forme de nonchalance. La religion peut elle alors sortir ces villageois de cette piètre situation ?

Une tradition qui ne correspond pas à mon idéologie. D`ailleurs, mon père de son vivant m’avait toujours fait des remontrances acerbes à cet effet. Pour lui, ma connaissance et mon savoir étaient sans amour pour les siens donc sans intérêt. Quant à lui, il incarnait la coutume qui l’a fait naître et pour laquelle faire le clown est signe de sagesse. Etrange sagesse que d’être dans les étreintes d’amour de ce dieu qui n’aime que les sacrifices.

Mon père était donc décédé. La triste nouvelle m’était parvenue des semaines après son départ pour le pays de nos ancêtres.  Il était même accompagné de deux de ses épouses parées chacune de bijoux de la dernière noce. Cela était l’une des exigences de la tradition, même un fils digne ne pouvait y changer quoi que ce soit. Parmi les « heureuses » élues figurait ma bien-aimée mère. Un grand homme peut-il mourir seul ? Ne lui faut-il pas dans la tombe ses épouses les plus aimées et ses esclaves serviteurs, fidèles accompagnateurs même dans la tombe ?  En fait pour les miens, un roi ne meurt pas il dort tout simplement, son esprit est vivant et avec nous, tout comme son fantôme a la potentialité de revenir effaroucher les villageois et même de passer des nuits dans sa demeure de ce monde.  Sur son sépulcre étaient déposées trois lampes à incandescence  que l’on éclairait tous les soirs. Hommes, femmes et enfants allaient de temps à autre se recueillir sur sa tombe lui chantant une oraison funèbre.

Hélas, mon père n`était plus de ce monde, me voilà donc successeur de cette coutume mienne et il fallait m’en affranchir. Son héritage m’était échu. Ses biens et le reste de ses femmes devenaient mon patrimoine. Je passerais désormais des nuits « paradisiaques » avec celles qui m’ont vu grandir et je jouirais pleinement des biens qu’il possédait. J’ai donc tout pour être heureux  même si à mon avis, le bonheur se perd quand on acquiert le pouvoir

La responsabilité des rites m’incomberait désormais. Je serai le souverain sacrificateur.  Après mon intronisation, je ferai ipso facto mon premier holocauste au dieu diable de la forêt. Mais quoi de plus incontournable que cette tradition! Force sera donc de puiser dans cette tradition  partagée par ma tribu. Moi qui m’étais juré de refuser toutes les compromissions de  cette tradition? Moi! C`est vrai, je viens  de rater ma vocation. Mais. Je prône tout de même l`unicité de Dieu. Pourquoi vais-je faire des immolations à un « créateur » qui consume ses créatures ? A une divinité qui se nourrit de sang? Pourquoi vouer des cultes à un dieu inculte et vaniteux ? Après tout il valait mieux  rester serein et civilisé comme un bon béti. Je m’ébrouai afin de calmer cette vaine révolte  qui de temps á autre m’aliénait

 Le jour de mon intronisation sonna le glas de la petitesse de ma suprématie et de mon autorité. Le pouvoir et la tradition du canton d’Ongola m’avaient été conférés en présence du chef des chefs. C’est en fait un poste éligible et renouvelable tous les cinq ans; ce qui est une preuve concrète que la démocratie a toujours été présente chez les bétis et ce, depuis la création du monde. La cérémonie d’intronisation s’était déroulée comme le prévoyait la tradition Béti. J’étais persuadé que les choses allaient tourner court compte tenu de ma doctrine qui ne répondait pas aux attentes des villageois. J’étais inquiet, anxieux et craintif. Y a-t-il une seule personne qui n’ait jamais craint quelque chose? Sûrement personne. Car la crainte et l’inquiétude sont signes de sagesse. La crainte de Dieu c’est le commencement de la sagesse. 

Le jour du sacrifice approchait et le comité des sages avaient choisi d’immoler Tene une jeune fille d’une beauté angélique et d’une innocence immaculée. Tout le monde commentait sa beauté et son sens du savoir-vivre. Ses longs cheveux noirs luisaient sous la caresse des rayons du soleil, produisant des couleurs semblables à celle de l’arc-en-ciel. Ses yeux marron et opaques reflétaient à la fois une douceur et une naïveté rehaussée par l’innocence de son sourire et la barre dentaire visible entre ses incisives supérieures.

J’étais ainsi brisé par les difficultés de la vie. Me tordant doucement les mains, j’aspirais une profonde bouffée d’air moisie. Je me sentais complètement affaibli par la pensée de rater mon coup

Je rentrai péniblement, la tête penchée, dans les sous bois obscures touffus, humides, et alambiques. Une odeur bizarre des lieux s’empara de moi. Voilà que mon Protecteur, le père Camillo m`attendait avec un bélier ligoté, muselé……..

Ma manière substantielle de penser ma tradition n’avait pas changée. Pour moi, c’était une tradition assassine et bizarre.  Une tradition qui a enterré ma mère vivante. Une tradition qui peut-être ne méritait pas de disparaître complètement mais plutôt qui méritait, parce que sanguinaire, d’être débarrassée de ce caractère effroyable et malsain. J’y voyais malgré tout, quelque chose de bien. Une essence non pas parfaite mais à parfaire. Pour être franc, le seul reproche approuvable que j’avais contre cette tradition n’était rien d’autre que son apparence  sanguinaire.

Achat et vente

Paru chez EdiLivre
Prix: 11,92 €
ISBN : 9782332496171

Consultez l’ouvrage en ligne

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