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« Au secours, Je suis patron » de Viviane Biwolé : ce qu’il faut faire aux premières heures de sa nomination

Ce contexte assez particulier est celui d’un travail qui devient de plus en plus rare et surtout de mauvaise qualité. Mais dans ce contexte d’oisiveté ambiante et de débrouillardise poussée à l’extrême, existe une minorité de travailleurs pas comme les autres. Ce sont ceux que les gens d’ « en bas » qualifient le plus souvent de privilégiés, ceux qui par un décret sont nominés à tel ou tel poste comme « patron ».

Ce que l’auteure constate avec dextérité, c’est que dans nos sociétés et aussi un peu partout ailleurs, les nominations font toujours suites aux journées interminables de réjouissances. Plusieurs autres profitent de l’occasion pour non seulement « renouer le contact », mais aussi essayer de se positionner auprès du nouveau promu. Ce dernier doit aller ensuite rencontrer le « boss », pour le remercier de lui avoir témoigné sa confiance en le nommant ainsi. Mais ce que plusieurs ne savent pas, et que l’auteure n’a pas hésité à rappeler, c’est qu’une fois cette période (parfois assez longue) de réjouissances passée, vient un moment d’isolement, de solitude voulu ou pas, par le nouveau patron. C’est alors qu’il se pose à lui-même des questions presque kantiennes : Que faire ? Comment, ou et avec qui ?

Dès les propos liminaires de l’auteure, elle pose ces questions comme étant des questions essentielles qui taraudent l’esprit des nouveaux patrons dès les « premières heures » de leur nomination, non sans en décrire l’image fondamentale. Mais ce qu’on constate au regard du fonctionnement de nos structures : entreprises, ministères, universités…c’est que l’impression qui se donne à première vue est celle d’une navigation à vue de ses managers. En plus, si la société camerounaise fonctionne mal, c’est justement parce que ses structures fonctionnent avec la même maladresse, ou alors certaines parties de ces structures. Dans la mesure où toute société est un ensemble systémique, où chaque structure a son rôle à jouer, et l’absence ou alors la défaillance d’une seule compromet celui de l’ensemble.

C’est face à cette situation, désavantageuse pour la course vers la réalisation de sa « vision 2035 », que Viviane Biwolé propose cet ouvrage salvateur pour tout manager dans notre société. Loin d’être une recette magique pour les managers en panne d’inspiration, cet ouvrage, comme le souligne bien la préfacière, est un appel lancé aux dirigeants usant encore des méthodes désuètes de gérance, de comprendre qu’il y’a un « besoin d’aggiornamento » qui s’impose dans cette « civilisation de l’urgence ».

Ce qui étonne dans cet ouvrage, c’est que l’auteure traite des sujets que rencontrent quotidiennement les managers, mais qui semblent leur être étrangers depuis la nuit des temps. Des gestes élémentaires que négligent ces « meneurs » tout en oubliant qu’ils sont déterminants pour le rayonnement de la structure. Comme par exemple prendre connaissance de l’organigramme, avoir une vision, avoir des projets, savoir les monter et les diriger, définir bien les tâches, les évaluer. Et surtout éviter les fautes managériales comme la trop concentration du pouvoir décisionnel et fonctionnel, les fautes de gestion, la corruption et autres.

-Le deuxième étonnement contenu dans cet ouvrage, est alors l’inauguration d’un nouveau type de management pour nos sociétés africaines. Pourtant les nouveaux patrons avaient toujours pensé que dès qu’on vient d’être nommé à un poste, la première théorie à appliquer est celle de la « table rase » ; ce qu’en sciences sociales, on qualifie de « parricide » définit comme le « meurtre du père » ou attitude qui consiste à se séparer de ceux qui ont eu à nous précéder dans notre domaine. L’auteure souligne ici que le bon manager s’inscrit dans la continuité de la vision de son prédécesseur, même si à un moment donné il doit pouvoir changer de méthodes.

-le troisième point qui étonne dans ce livre, au milieu de plusieurs autres point dont nous faisons sciemment de ne pas évoquer ici, c’est celui de l’évaluation du patron. L’auteure y insiste parce que nous l’éludons -volontairement ou pas- dans nos structures. En réalité ce n’est pas dans nos habitudes d’évaluer son patron, de lui faire des reproches. Car parfois et toujours, les patrons instaurent un climat autoritaire autour d’eux qui occulte toutes tentatives d’évaluation. Et au-delà de ça, l’auteure insiste sur l’autoévaluation, celui du retour rétrospectif du patron sur lui-même, une autocritique permanente.

L’autre nouveauté de ce livre est qu’il s’adresse à tous les managers de notre société à la fois : allant du Président de la République, au chef d’entreprise, passant par les ministres, les recteurs et doyens d’universités, les directeurs généraux…Sans avoir besoin de le crier sur tous les toits, cet ouvrage un jour ou l’autre, aujourd’hui ou demain, non seulement va contribuer de manière significative à modernisation de nos modes de gestions, mais aussi sera, pour la majorité des patrons qui veulent sortir du carcan de l’inanité, un livre de chevet.

 

Quelques citations :

–              «  que faire aux premières heures de la nomination ? Telle est la question que se posent tous les promus, quels qu’ils soient, tous les niveaux hiérarchiques confondus » P.15

–              « après la joie et les festivités qui suivent la diffusion de la nomination et l’instant de l’installation au poste, vient le moment de l’isolement et de la réflexion » P.16

–              « la qualité des organisations est dépendante de la qualité des managers chargés de les diriger » P.18

–              « les acteurs peuvent mieux dominer leur métier si leurs responsabilités sont plus étendues » P.43

–              « les individus dans les organisations ne travaillent pas seulement pour leur patron, mais pour toutes personnes à l’intérieur ou à l’extérieur de l’organisation », P.45

–              « il est difficile d’être manager sans avoir été soit même employé sous l’autorité d’un manager » P.50

–              « en effet, l’amélioration de la compétence du manager s’appuie sur l’évluation des différentes parties prenantes à son action : client, fournisseur, employés, etc. » P.54

–              « celui qui monte en autorité et reçoit une charge importante doit s’inscrire dans la continuité de celui qui l’a précédé » P.60

–              «  la plupart des causes d’échec ou de succès des organisations provient en majeure partie d’une absence de projet ou de formulation inadéquate de celui-ci » P.97

–              « pour asseoir son leadership, le manager devra capter l’attention de l’entourage, communiquer l’essentiel de la situation, se maitriser, être attentif et développer une écoute active, assumer sa responsabilité et prendre des décisions opportunes » P.176

La dédicace aura lieu le mardi 03 juin prochain au Hilton Hôtel de Yaoundé. Nous vous recommandons ce livre qui ne coûte que 10 000 f cfa aux Editions Clé.

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