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Affaire Koah : La preuve par SEF que nous sommes «footus»

Déçu par ses Lions et frustré par ses «politichiens», le peuple déchainé s’est goulument gavé de sexe (celui de Koah) et de sang (celui d’Eto’o et des «autres coupables»). Tel un dispositif monstrueux, les médias se sont installés dans l’entrejeu pour nourrir l’insoutenable.  Radios, presse écrite, internet, affichage, ….tous les supports ont été mis à contribution pour que la distraction étrangle la raison et plonge le peuple dans la dysfonction narcotique. Au plus fort du bal de charognards, on a entendu un journaliste camerounais à la notoriété établie oser la question : «Combien de fois, Madame, vous faisiez l’amour avec Samuel Eto’o ?». De manière évidente, ce n’était plus seulement la recherche d’information qui guidait les actes. C’était surtout et avant le voyeurisme sous sa forme la plus abjecte. La plus infecte, aussi. Car là se situe précisément le véritable scandale de l’affaire Etoo-Koah : dans la mise à mort consensuelle et médiatiquement prolongée des derniers tabous de notre société. En exposant joyeusement l’intime sur l’espace public, nous avons définitivement franchi le Rubicon de l’interdit.

Adultes et jeunes peuvent-ils s’échanger par Bluetooth ou via Facebook des images de nu ? En se servant de Nathalie Koah, notre société a répondu «OUI». Peut-on discuter de partouze au marché ou au cours d’émissions radiophoniques matinales ? Nous avons massivement répondu «OUI». Des unes de journaux, des plateaux de télévision et autres sites web de chez nous peuvent-ils tout montrer/écrire ? Là encore, en véritables courtiers de l’émotion, nous avons unanimement répondu «OUI». La recherche éhontée de la sextape Etoo-Koah sur Internet, le partage scabreux de la transcription des sextos des deux amants, la foule de courtisans sans scrupules dans l’un ou l’autre camp ont bruyamment illustré notre inclinaison à la déviance. Pis, le silence sonore des autorités religieuses, des communautés éducatives, des ONG de défense des droits de l’homme, des structures étatiques de régulation de la communication ne s’est pas seulement voulu suspect. Il s’est, à minima, révélé symbolique de l’incurie et, à maxima, prodrome de l’effondrement des valeurs sous nos cieux.

Avec l’affaire Etoo-Koah, nous avons allègrement dépassé le stade des jeux de mots imagés de Pedro du Cameroun ou de K-Tino (l’ancienne). Nous avons clairement montré que la lascivité retenue de Lady Ponce,  Tchakala VIP ou Jocelyne B-Zar ne nous suffit plus. Nous avons établi que nous sommes un peuple favorable à la désacralisation de la nudité féminine. Une entité qui s’amuse de la violation des lois par la police et du retournement de veste de journalistes corrompus. Un groupe humain qui approuve le récit public de pratiques sexuelles intimes et valorise le multipartenariat. Une nation qui encourage la déperdition scolaire des filles avides du faste facile et factice d’une vie bling-bling, etc… L’addiction à la violation des normes/valeurs s’est accrue, précipitant la mort du tabou et boostant l’industrie des pulsions. Industrie ? Pas vraiment. Chez nous, on s’encanaille par unique et banale envie de jouissance. On se masturbe des scènes, des mots, des évènements, des opportunités du moment… et ça s’arrête là. Dans l’affaire Etoo-Koah, on a bien vu les medias ameuter les masses et promouvoir le «spectacle du vice». Il s’est, en quelques semaines, crée un marché de consommation du vice avec une offre exhibitionniste et une demande voyeuriste soutenue par les fans, les «anti», les polémistes, les moqueurs, etc. Journalistes et marketeurs n’ont malheureusement pas su rentabiliser l’opportunité. Koah ne sera jamais Zahia (de Ribery). Allhamdoulillah !

Pour finir, recentrons les choses : l’affaire Etoo-Koah ne constitue pas la plus grande affaire de mœurs de l’histoire du Cameroun. Simplement, par ses nombreuses métastases (cupidité, sexe, domination, narcissisme, mensonges, corruption, trafic d’influence, violence, cynisme), elle s’impose à nous comme étape ultime du franchissement des barrières de la décence. Un cocktail explosif vieux de 7 ans. Qui montre que, chez nous, l’écroulement des dispositifs de contrôle des pulsions et le délitement graduel des valeurs ont commencé depuis fort longtemps. Mendo Ze l’avait peut-être pressenti en lançant «Déviances». Assoiffé de sang et de sexe, le peuple a brulé «le trop moral Professeur» sur l’autel des pulsions. Aucune programme TV n’a, en effet, été raillé au Cameroun comme «Déviances». Au plus fort de l’esbroufe morale, le pourfendeur des déviances a même été moqué puis présenté comme le symbole parfait de…la déviance (serpentologue). Dans l’histoire récente du pays, rarement arrêté ministériel a été aussi contesté que celui ambitionnant de combattre l’indécence vestimentaire. Le peuple de males ne pouvait longtemps souffrir du spectacle de strings ostensiblement brandis. Dans les villes où elles sont appliquées, peu de mesures préfectorales sont autant combattues que celles instruisant la fermeture des bars à partir de 22 heures. A chaque fois, aussi incroyable que cela paraisse, il se trouve des voix, parmi les plus insoupçonnables et les plus écoutées, pour avaliser notre collective inclinaison à la débauche. A chaque fois donc, nous levons les barrières et repoussons les bornes de l’acceptable. Apologie de l’alcoolisme à la télé («la bière, c’est combien ici. On va toujours boire !»)?  Et alors ? «Tu bois, tu meurs. Tu ne bois pas, tu meurs». Banalisation du drapeau national par des joueurs censés revêtir les mêmes couleurs ? Et puis quoi encore ? «Qui est plus patriote que qui ?»

Ils sont visiblement loin, Louis de Koum et son «Interpellation», Mono Ndjana et ses «Chansons de Sodome et Gomorrhe», One Love et son «Chanteur porno, tu exagères». Tous les prescripteurs, tous ceux qui se risquent à nous rappeler que nous valons mieux que des animaux risquent le lynchage médiatique. Ce sont des attardés. Des marginaux. Des gens venus d’ailleurs. Qui n’ont rien compris à l’évolution. A la modernité. Au developpement.

On n’arrête pas le développement. Mais, «U Nguo Ya, Cameroun ?»

Nick B. 

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