Metteur en Scène et comédien, Ousmanou Sali est la nouvelle sensation de la scène théâtrale Camerounaise. Rencontre avec un virtuose des arts de la scène.
Alors que le succès le suit telle une ombre, difficile dès lors pour le comédien professionnel Ousmanou Sali d’avoir une minute de répit. Entre des représentations programmées longtemps à l’avance dans divers espaces culturels de Yaoundé, sa ville de résidence, et ses multiples déplacements professionnels à l’étranger ; ce prodige du 6e art et originaire du Nord Cameroun a plutôt un agenda bien chargé. Président fondateur du Zouria Théâtre, il est aussi membre de l’institut international du théâtre (ITI) organisation dont il est l’actuel secrétaire du bureau. Et malgré toutes ses multiples sollicitations, Ousmanou Sali a pu néanmoins trouver du temps pour venir passer des vacances en famille dans son Garoua natal. A cette occasion, il en a profité pour nous ouvrir les portes de son saaré et partager avec nous un moment convivial en sa compagnie.
C’est au quartier Soweto, que nous avons rencontrés Ousmanou Sali. Lui qui est né dans cette banlieue populeuse de la ville de Garoua le 27 Janvier 1978 ; il est une véritable ici. Un model de réussite tant son parcours dans le théâtre est plutôt exceptionnel. Tout commence en 1996 à l’Alliance Française de Garoua où le jeune Ousmanou débute son aventure sur les planches en tant que comédien au sein de la compagnie Albatros. Son formateur n’est autre que Espérance Fouhoul, ses camarades de scènes sont Oxygène Amada, Kalkaïssa Amadou ou encore Noel Tseffo. La même année, Ousmanou Sali fait sa première apparition en tant que comédien dans la pièce « Les tribulations de frère Jero » de Wolé Soyinka, mise en scène d’Espérance Fouhoul. Ce coup d’essai se révélera comme étant un coup de maître et très vite les créations s’enchaineront. En 2000, Ousmanou Sali connaitra le premier coup d’éclat de sa carrière avec l’obtention d’un épis d’argent (synonyme de la deuxième place. Ndlr) grâce à la pièce « Pas de bois de chauffage pour les bûcherons », une création collectivede la compagnie Albatros. Plus tard en 2009 il remportera le prix Kéki Manyo du meilleur comédien des Scènes du Théâtre Francophone dans la pièce « Les Martyrans » d’Edouard Elvis Bvouma. Un bonheur en entrainant un autre, la même année il est invité au festival des Arlequins en France où il fera une prestation majestueuse toujours dans la pièce Les Martyrans d’Edouard Elvis Bvouma.
Tel un lion à la recherche de nouveaux territoires à conquérir, Garoua semble très étroite pour contenir les ambitions du jeune Ousamnou Sali dont le nom circule déjà dans le milieu du théâtre Camerounais. En 2010 il décide alors de partir s’installer à Yaoundé, la capitale de la culture au Cameroun : « C’était une immigration économique, qui visait surtout à me rapprocher des hommes du métier parce qu’il ya plus d’activités artistique, plus de festival et beaucoup d’artiste du monde passe souvent par là. Alors que à Garoua on compte les projets internationaux, théâtralement parlent », confesse t-il. Il se souvient encore de ses débuts « difficiles » à Yaoundé, mais heureusement il a pu bénéficier du soutien de la famille Bvouma alors que lui-même reconnait qu’il ne gagnait « presque rien et plus je ne maitrisais pas la ville ». Aujourd’hui tout cela est un lointain souvenir pour ce professionnel rompu à la tâche et qui totalise à ce jour plus d’une vingtaine de créations en tant que comédien, quatre mise en scène parmi lesquels La fille au masque de bois de Amadou Hampâte Bâ et Haufarben dont il est lui-même l’auteur en 2013.
Mais ce succès Ousmanou Sali ne le doit pas seulement à et son talent ou encore au travail, il le doit également à son obstination. En effet, né dans une famille musulmane, il a dû se battre pour pouvoir faire du théâtre. Et pour cause : « Mon père n’était pas du tout d’accord parce que je viens d’une famille des commerçants et pour lui le commerce a plus d’avenir que le théâtre », nous avoue t-il. Car il faut bien le reconnaitre au Cameroun « combien on réussi leurs vie dans ce métier où tu n’a pas de retraite, pas de finance stable ? » Comme quoi, « rien n’est garanti dans notre métier, nous somme toujours nombreux au départ et peu a l’arrivée » conclut-il.
Toutefois, Ousmanou Sali reconnait beaucoup devoir au théâtre : « Le théâtre m’a permis d’améliorer mon français parce que sa demande beaucoup de lecture, j’ai visité de nombreux pays en Afrique et en Europe, j’ai rencontré des grands hommes de théâtre. Plus important, je ne mendie pas, j’arrive à aider ma famille et à nourrir mon petit garçon en plus de payer son école. Et j’ai pour objectif aussi de poser une fondation sur mon terrain acheté par l’argent du théâtre »
Malgré tout ce succès, Ousmaou Sali ne perd pas pour autant le Nord. Il nous a avoué travailler en ce moment sur un projet de lutte contre la consommation des drogues avec pour cible les jeunes de la région du Nord. A cela s’ajoute des projets de création en Allemagne et au Tchad. En plus de vouloir devenir un grand metteur en scène et comédien sur scène comme à la télé, il ambitionne aussi de se lancer dans l’audio visuel.
En attendant de prendre sa retraite tout en regardant grandir son fils, Ousmane Sali continu d’écumer les scènes aux quatre coins du monde, à éduquer et faire rire des milliers de spectateurs car lui-même le dit si bien : « rien ne vaut le sourire et le rire !»
Prix et distinctions:
2011 Lauréat du concours de la mise en scène au Goethe-Institut de la pièce : « Iphigénie en Tauride » de Johann Wolfgang von Goethe, avec le Zouria Théâtre.
2010 Canari du meilleur comédien du Festival des Canaris dans la pièce : « Le Don du propriétaire » de Wakeu Fogaing, mise en scène Oxygène Hamada.
2010 Canari du meilleur spectacle du Festival des Canaris dans la pièce : « Les Martyrans » d’Edouard Bvouma, mise en scène Serge Fouha
2009 Prix Kéki Manyo du meilleur comédien des Scènes du Théâtre Francophone dans la pièce : « Les Martyrans » d’Edouard Elvis Bvouma, mise en scène Serge Fouha
2006 Prix Kéki Manyo du meilleur comédien des Scènes Nationales du Théâtre Camerounais dans la pièce : « Le Coup de vieux « de Sony Labou Tansi et Kaya Makhele
2000 Epi d’argent du Festival National des Arts et de la Culture (FENAC) dans la pièce : « Pas de bois de chauffage pour les bûcherons » (avec le théâtre Albatros)
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