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Sessime : « Je suis impatiente de chanter sur du Bikutsi… »

Guedou Sessime a l’ambition et le talent féroce de la jeune africaine qui caresse vaillamment les artères de sa passion musicale par la force de son parcours déjà élevé. Elle fait partie de la grande équipe d’artistes qui écume les scènes en la faveur du Festival Africa Fête Itinérant. Cette fois ci, c’est au tour du Cameroun, l’Afrique en miniature de lui ouvrir ses portes durant le Festi-Bikutsi 2014.

 

Salut Sessime, bienvenue au Cameroun, bienvenue dans la patrie des Lions Indomptables. Tu es là dans le cadre du FestiBikutsi, festival qui rassemble les musiques bantoues avec le projet Africa Fête Itinérant. Comment se passe ton séjour au Cameroun ?

Génial ! J’ai été accueillie avec le Ndolè ! (rires) et le Bikutsi qui donne déjà une très bonne image de ce à quoi on peut s’attendre au Cameroun. Ça se passe très bien et je suis venue avec les autres festivaliers qui sont venus également du Sénégal. Et avec le Nkul Obeng, on a fait déjà un premier concert de ce qu’on a monté depuis Dakar. Et là on est en train de travailler sur des chansons Bikutsi qu’on est en train de monter. Les chanteurs Bikutsi vont nous montrer et nous, on va essayer de chanter sur du Bikutsi. J’ose croire que ce sera un peu facile parce que le Bikutsi ressemble un peu à un rythme de chez moi qu’on appelle le Tèkè. Mais je suis impatiente de chanter sur du Bikutsi !

Vous êtes tous ici à Lada en résidence. Comment se passe-t-elle ?

Super bien ! Au Village Artistique, on a nos chambres, la salle de répétition, la salle à manger aussi ; on s’occupe très bien de nous. Madame Babéni Léontine et sa sœur, franchement ce sont des dames battantes, qui sont des exemples pour nous en tant que femme ! Elles se battent très bien, Léontine du côté de l’organisation et sa sœur du côté de la bouffe. On mange très bien ! Lorsqu’on se lève le matin, ceux qui ont l’habitude de faire du sport, ils le font et ensuite on se retrouve en salle de répétition. On discute également beaucoup et j’espère que je ne vais pas partir d’ici avec l’accent camerounais parce que je suis en train d’être contaminé par ça (rires) tout doucement et je peux dire que le lieu choisit pour la résidence est franchement très bon parce que c’est reculé. On a le calme, on n’a pas peur de déranger les voisins à cause de la musique. C’est vraiment ce qu’il faut et j’exhorte les gens vraiment à les soutenir.

L’an dernier Africa Fête Itinérant était au Benin chez toi ! Comment ça s’est déroulé là-bas ?

C’était un peu comme au Cameroun. Nous, on n’a pas eu la chance d’avoir un camp où tout le monde s’est réuni. Tous les festivaliers étaient éparpillés un peu partout dans des hôtels et c’est de ces remarques et critiques là qu’Africa Fête Cameroun a décidé de nous mettre ensemble. Parce qu’en étant ensemble, on partage plus de choses ensemble et c’est différent de quand chacun est dans son hôtel et on se retrouve pour manger. Ça c’est un point fort pour le Cameroun. A Cotonou, on a fait des chansons sur des rythmes béninois. Ils ont mangé également béninois, camerounais et sénégalais… Les jeunes dans le milieu des médias, de la chorégraphie, etc se sont montrés ouverts à cette collaboration avec les étrangers.

Feras-tu partie de l’aventure à Marseille ? Toi qui étais là à Dakar et aujourd’hui à Yaoundé.

Mais oui, le FAFI réunit 3 pays africains et un européen: le Benin, le Sénégal, le Cameroun et la France avec Joos qui nous rejoint à mi-parcours. Donc tant que l’édition n’en vient pas à sa fin, je serai toujours là pour représenter mon pays. On a fait l’étape de Dakar. Je suis là maintenant au Cameroun. Il n’y a pas de raison que je ne sois pas là à Marseille également au côté de toute cette belle diversité culturelle.

Vous avez présenté un show au public camerounais à l’IFC de Yaoundé, comment as-tu ressenti la réaction du public ?

On a fait des chansons dans des rythmes béninois et c’est ce qui a été arrangé à Cotonou. Et cette fois ci c’est ce qui a été fait avec des musiciens camerounais  et l’arrangement béninois, esquisser des pas de danse sur des rythmes béninois, ils ont dansé sur des rythmes béninois, sur du Kâkâ, sur du tèkè qui ressemble un tout petit peu au Bikutsi et ils ont aimé le spectacle. J’ai chanté dans ma langue certaines chansons, les autres également sont allées dans leur langue. La musique a été la langue universelle qui a réuni tout le monde… Et de nos émotions et de nos gestuelles, ce qu’on avait comme message à leur donner. Donc, avec la musique il n’y a pas de frontières, le Cameroun m’a montré cela pendant notre prestation la dernière fois à l’Institut Français.

C’est l’unité africaine qui est révélée ici. Mais en même temps quelle est l’appréciation que tu fais de la musique camerounaise, après le peu de temps que tu as effectué ici déjà ?

Je suis très contente des camerounais en ce sens que j’entends du Bikutsi partout où je passe ! Mettons en exergue notre culture. Et je suis vraiment fière de voir que quand je vais au Sénégal, il y’a du Mbalax, je viens au Cameroun le Bikutsi a sa place. Dans les cabarets, je n’entends que du Bikutsi, dans des taxis, que du Bikutsi. J’ai eu la chance de suivre Mani Bella également à Cotonou, qui était passé pour un concert là-bas. Tu sens que le pays vit, culturellement parlant. Il y’a une danse ou un rythme qui est mis en avant et tout le pays s’accorde dessus. Il n’y a pas de ségrégation. Et tout le monde est accord. Il y’a de très bon musiciens. J’avais déjà les échos comme quoi il y’a de très bons bassistes au Cameroun. Je suis venue, j’ai vu que c’était ça. A Cotonou, il y’en a mais beaucoup pas comme ici. Il n’y a pas beaucoup de jeunes musiciens qui s’intéressent beaucoup à la musique donc c’est très serré. Mais ici j’ai vu qu’à chaque coin de rue, c’est large et ils sont très très bon. Je suis vraiment contente et j’ai envie de revenir passer un séjour carrément au Cameroun (rires).

Et peut-être te marier au Cameroun (rires) ! Le Cameroun est donc véritablement une terre musicale. Mais dis-nous perso comment se comporte la musique de Sessime au Benin, à l’international ?

Nous, on a une diversité de rythmes à Cotonou. Moi, je vais dans un rythme un peu plus Afro Rock, Afro Urbain, dans des colorations plus urbaines… J’ai une empreinte de la tradition de chez moi dans mon style, quoiqu’elles sont très modernes. Moi, j’appelle mon style Afro Pop Rock. Aujourd’hui, j’ouvre mes bras aussi à l’Afro Urbain. Je pense que le monde évolue et pour pouvoir vivre de son art, il faut pouvoir s’adapter à ce qui se fait à l’international, tout en passant des messages conscients. Je chante beaucoup l’espoir, le courage, etc. Des thèmes dont on a besoin en Afrique pour pouvoir aller de l’avant. Moi, j’ai commencé avec des concours d’interprétation, j’ai fait la chorale, j’ai fait des orchestres à Cotonou. Donc, j’ai fait du Live pendant longtemps. Ensuite, j’ai été révélée par un concours télé réalité chez moi : Star Promo en 2007 qui était dans une couleur R&B. ensuite, en 2011 j’ai sorti mon 2ème album qui a été la grande révélation à Cotonou. J’ai pu obtenir la plupart de toutes les gratifications.  Ça a été comme un boom. J’ai obtenu la plupart des trophées ; ça a été le Kora du Meilleur Espoir Féminin de l’Afrique en Décembre 2012 à la dernière édition des Koras à Abidjan. J’ai été finaliste des Prix Découvertes RFI en 2013. C’est Smarty qui est sorti gagnant mais bon j’étais dans la course. J’ai été également nommée aux Afrimaa à Dallas. Je continue mon bonhomme de chemin comme on le dit et j’essaie aujourd’hui d’externaliser mes œuvres. J’ai fait quelques festivals en Afrique à Cotonou, au Niger, à Bruxelles je suis allée également pour jouer. Mais aujourd’hui, j’ai décidé de me faire connaitre sur les médias africains ; pour qu’on me connaisse un peu plus en Afrique, parce que c’est ça l’objectif d’Africa Fête. Faire circuler les artistes africains en Afrique d’abord. Parce qu’on tourne beaucoup à l’extérieur mais on ne nous connait pas en Afrique. La nouvelle génération d’artiste devrait comprendre ça et c’est dans cela que j’investis aujourd’hui avec mon staff, dans la communication en Afrique pour me faire connaitre.

Au vu de ton parcours, on peut dire que tu es une artiste confirmée au Benin et bientôt en Afrique. Et quelle est ton mot de fin dans le cadre du FestiBikutsi 2014 et Africa Fête Itinérant ?

Je dis d’abord merci à Africa Fête Itinérant d’avoir pensé à moi pour représenter le Benin dans cette belle aventure. Je suis vraiment contente de voir comment nous nous comportons entre nous. Je savais et j’ai découvert qu’en Afrique il n’y a pas de frontières. Il n’y a que des frontières politiques et avec la musique on montre que… Je suis venue au Cameroun, je pensais que j’étais à Cotonou, les maisons, les architectures, les routes, c’était un peu comme au Benin donc, je me sens chez moi ici et ça c’est le point fort à soulever pour Africa Fête, c’est de montrer aux africaçins qu’il n’y a pas de barrières. On est un, qu’on est uni et qu’on solidaire, indivisible. C’est donc comme cela qu’on ira de l’avant. L’Afrique c’est le continent du futur. On a compris maintenant et il faut qu’on le comprenne davantage.

Merci Sessime !

Merci à CulturEbene parce que franchement je connais le site depuis Cotonou et je suis contente de rencontrer l’équipe de jeunes talents et qui font ce qu’ils peuvent avec professionnalisme pour que la culture africaine aille de l’avant.

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