InsideInterview

Samuel Nja Kwa : « J’ai des projets pour des artistes camerounais…»

Journaliste et photographe émérite, il vient de commettre un livre retracant près d’une vingtaine d’années de rencontres inédites avec des gros noms de la musique mondiale. Samuel Nja Kwa nous compte son histoire, ou plutôt son livre : Route du Jazz.

Vous venez de commettre un livre fort édifiant sur vos expériences avec des artistes et musiciens qui aujourd’hui sont des légendes. S’il fallait nous dire deux mots sur ce magnifique catalogue riche de photos inédites, que nous diriez-vous ?

Disons que le livre porte le nom Route du Jazz ; j’y compte en images et textes mes rencontres avec les musiciens africains et afro (américains, cubains, brésiliens) dont on décèle avec beaucoup de plaisir l’africanité dans leur musique. Cette aventure remonte à 15-16 ans, quand je travaillais encore pour des magazines de culture. Donc à chaque fois que je m’entretenais avec des artistes ou que je couvrais des festivals, on était toujours surpris de constater que j’étais le seul journaliste noir, du coup ça créait des liens. De temps en temps il m’arrivait d’exposer ces moments, et on me faisait toujours la remarque selon laquelle il fallait bien en faire un souvenir un jour. Alors il y a deux ans, je m’y suis mis, j’ai décidé d’en faire un livre, et voilà le résultat. Il est officiellement sorti en Mars 2014.

Et s’il fallait partager avec nous l’un des  souvenirs les plus marquants de vos rencontres ?

Je vais par exemple prendre le cas Manu Dibango, qui d’ailleurs se trouve être le préfacier de ce livre, je le qualifie comme quelqu’un qui est au carrefour de toutes les musiques. Il faut rappeler qu’il arrive en France alors qu’il n’a que 18 ans, et c’était au lendemain de la seconde guerre mondiale et à l’époque la musique prend une certaine ampleur, et à côté il y a les américains qui débarquent en France avec du Jazz, et là il y a tous ces noirs en France qui adoptent l’attitude américaine. Manu a fait le choix du saxophone, et il m’a le plus impressionné car c’est l’un des premiers noirs d’Afrique à avoir été reconnus par l’Amérique du point de vue musical. Il a pratiquement fait le tour du monde, mais surtout de l’Afrique car il a laissé ses empreintes en Côte d’Ivoire, au Congo car il a joué aussi avec Tabuley Rochereau, le Grand Kallé etc. Aujourd’hui à 82 ans, c’est la bibliothèque de la musique africaine, donc pour moi c’est l’une des rencontres les plus importantes et passionnantes de ma vie. Je citerai aussi Miriam Makebah qui s’était exilée aux Etats-Unis et par la suite avec son mari avaient été virés de là pour la Guinée, bref ce sont des figures fortes qui me rappellent de très belles choses, sans oublier mon ami Ray Charles.

On note une forte coloration jazzy dans votre œuvre, pourquoi ?

Pour la simple raison que j’ai grandi avec ; je suis né en France, et mon père à l’époque était étudiant, c’est un médecin en passant, bref chaque fois qu’il finissait d’étudier, il écoutait du jazz et j’ai été bercé dans cette musique. Le reste ce sont mes multiples voyages qui y ont contribué, mais j’écoute beaucoup d’autres musiques, surtout quand j’arrive au Cameroun. Je ne manque pas d’aller partout : Bangoua, Bertoua, Bafoussam, je connais bien le pays.

Vous jouez d’un instrument ?

Oui de la guitare, mais j’estime qu’à chacun son domaine, je ne suis pas musicien mais journaliste et féru de la musique. Donc c’est à mes temps perdus que je me prête à cet exercice.

Sinon, comment s’est faite votre évolution ?

Disons que j’ai grandi normalement ; après l’obtention de mon back en France je me suis rendu à Montréal pour des études en sciences politiques pendant cinq ans, et par la suite j’ai entamé ma très longue aventure dans le monde comme journaliste. Je n’ai jamais appartenu à un organe de presse, j’ai toujours fonctionné en freelance.

Vous êtes également photographe professionnel ; avez-vous travaillé avec des artistes camerounais dans ce cadre ?

Oui, bien sûr, j’ai travaillé avec Richard Bona, Coco Mbassi, j’ai fait les pochettes des deux premières albums de Jay Lou Ava, Dora Decca j’ai fait la pochette de son dernier album, j’ai travaillé avec des géants comme Bekoko Aladin, Messi Martin, bref ils sont nombreux. J’ai d’ailleurs un projet avec des artistes camerounais, mais vous ne le saurez que le moment venu.

Viendrez-vous vous installer au pays ?

Euh, non c’est pas sûr (rires). Là ma vie est en France, je suis marié à une française et père de trois enfants.

Commentaires

0 commentaires

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux:

📸 INSTAGRAM: https://instagram.com/culturebeneofficiel
🌐 FACEBOOK: https://www.facebook.com/culturebene
🐤 TWITTER: https://twitter.com/culturebene
📩 EMAIL: culturebene@declikgroup.com
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Bouton retour en haut de la page