Christian Ingani : « J’ai fait la promo de Fally Ipupa et je dirige Tresor Mvoula, Roga Roga… »

Il est, sans jeu de mot, la tête pensante de la musique made in Congo-Brazza ! C’est par sa main magique que passe une floraison de succès dans le domaine. Christian Ingani est bel et bien ‘’l’homme à battre’’ et son ingéniosité dépose toujours son empreinte savante sur les chemins de pleins d’artistes. A la tête de la maison très en vogue, DRTV Production, Christian Ingani s’est ouvert à nous, lors de son court séjour au pays des Lions Indomptables.

Bonsoir Christian Ingani, bonne arrivée au Cameroun ! Comment allez-vous ?

Ça va très bien, merci !

Christian Ingani, ‘’l’homme à battre’’, le multidimensionnel, le très nécessaire et j’en passe… Tu es cité partout dans la musique congolaise en général. Pourquoi et comment se fait cette dimension légendaire ?!

(Rires) J’ai commencé avec Extra (Extra Musica, Ndlr) dès les débuts, j’ai pas mal façonné les artistes du Congo Brazza… Et quand j’ai pris la relève du côté du Congo Kinshasa, j’ai connu Fally quand il était dans Quartier Latin avec Koffi. Donc son premier album avec David Monsoh, il y’a eu un peu de touche de ma part en ce qui concerne la promo. Après, j’ai pris Ferre (Ferre Gola, Ndlr) quand il a quitté Les Marquis. Donc, tous les albums de Ferre jusqu’aujourd’hui, c’est moi qui est fait. J’ai distribué Wazekua (Felix Wazekua, Ndlr) ; bref pas mal d’artistes au niveau de la RDC. Donc, à chaque fois que je touchais un produit, c’était les meilleures ventes, le top de l’artiste. C’est pourquoi beaucoup m’ont surnommé ‘’L’homme à abattre’’ : pas quelqu’un qu’on doit tuer mais quelqu’un qui atteint toujours les records. Et aujourd’hui, on m’appelle ‘’TGV’’, ‘’le très nécessaire’’ parce que je suis toujours en avance…

Trop d’avance comme Rolls Royce sur moto comme dirait Ipupa !

Voilà exactement ! Je dirige une maison de production qui est la DRTV Production. On a Extra Musica, Roga Roga, Trésor Mvoula, Roméo Gardan,… On a pas mal d’artistes. Et mon combat aujourd’hui c’est de promouvoir la musique du Congo-Brazzaville d’où la lancée de Tresor Mvoula qui fait des merveilles partout en Afrique.

Vous promouvez la musique du Congo-Brazzaville mais il faut tout de même vous tapez sur les doigts, vous les Congolais de Brazza pourtant vous avez beaucoup de gros talents chez vous ; parce qu’après Extra Musica, ça a énormément piétiné derrière hein ?! Mais Tresor Mvoula est venu relever le niveau. Pourquoi ça traine tant le pas ?

Problème de conscience ! Les musiciens du Congo-Brazza, beaucoup aiment trop s’identifier aux autres. Ils ne veulent croire en leurs valeurs si bien que c’est difficile de travailler avec eux. Quand ils voient que les autres ont les maisons, les véhicules, ceci cela, ils pensent qu’ils peuvent l’avoir en mettant une chanson sur le marché. Qu’on se lève le matin on claque les doigts, alors que c’est tout un travail, il faut aller progressivement. Moi, quand j’ai lancé Tresor Mvoula, j’ai fait une année avec ‘’Tchoko Tchoko’’ avant que ça décolle ! Et on est en train d’aller progressivement. C’est quelqu’un qui s’est mis dans la tête, l’esprit camerounais, l’esprit ivoirien, l’esprit nigérian, l’esprit des musiciens qui sont patients, qui savent ce qu’ils veulent. C’est ce qui manque chez nous à Brazzaville. Tout le monde trouve qu’il est déjà arrivé au top alors qu’il faut aller doucement. C’est ça le problème. J’ai beaucoup travaillé pour les artistes qui ne sont pas de chez moi. Et aujourd’hui j’ai décidé de faire des artistes de chez moi, ceux qui peuvent atteindre le même niveau et après je vais m’ouvrir à l’Afrique. Mais, n’empêche que lorsque j’entends que Lady ponce est sur le marché, je n’attends pas de l’appeler pour récupérer son clip et faire la promo à Brazza. C’est mon rôle et c’est l’Afrique qui gagne.

Vous n’attendez pas que Lady Ponce vous contacte ou vice versa pour faire sa promo à Brazza, c’est ce qu’on appelle véritablement les États-Unis d’Afrique !

Justement c’est ça ! C’est l’Afrique qui gagne. Il faut que la musique africaine puisse aller de l’avant ; d’où on doit s’entraider. Aujourd’hui, ceux qui ont fait Tresor Mvoula, ce n’est pas les congolais de Brazza. Tresor Mvoula, c’est quand c’est arrivé au Cameroun, en Côte d’ivoire, tout le monde a accepté, ainsi de suite. Et les nouvelles d’ici vont à Brazzaville. C’est là où on reconnait ses valeurs.

Tresor Mvoula sacré révélation Afrique centrale à la cérémonie de récompense Canal 2’Or. C’est une consécration sur laquelle vous surfez pour mieux attaquer l’avenir, vous accaparez d’autres univers ou bien c’est simplement une consécration comme une autre ?

C’était l’objectif. Déjà qu’il faut savoir que depuis 93, au niveau de Trace, Tresor était troisième meilleur révélation africaine. Après 2013 jusqu’en 2014, il ne fait que rafler les trophées au niveau du Congo Brazzaville. Donc, trois fois Tam Tam d’Or, deux fois Sanza. Et aujourd’hui, il y’a l’ouverture à l’international où il vient d’avoir le Canal 2’Or. Pour moi, c’est un plus pour l’avenir. Je viens d’apprendre qu’il est nominé pour les Kunde au niveau du Burkina Faso (sourire) ! C’est parti pour l’international en ce qui concerne les sacres.

Quels sont les jeunes talents que Christian Ingani promeut en ce moment du côté du Congo Brazza ?

Il y’en a beaucoup, on observe. J’ai pas mal d’artistes que je vais lancer bientôt mais j’aimerais que Tresor puisse avoir plus d’avantages pour que les jeunes qui vont venir, suivent l’exemple. Quand Tresor va atteindre son apogée, là les jeunes viendront suivre son exemple… Mais il faut dire qu’en dehors de lui, il y’a Roga qui vient de lancer l’album ‘’Contentieux’’ qui est sur le marché. Tresor a suivi l’exemple de Roga, et ces jeunes vont suivre l’exemple de Tresor !

Merci Christian et bonne chance avec toute cette légendaire carrière.

C’est moi, surtout que j’ai l’habitude de vous lire et félicitations pour ce que vous faites pour le monde culturel.