A la place d’Hillary Clinton, on se ferait du mouron. OK, Trump est en chute libre dans les sondages. Grâce notamment à Michelle Obama. Mais, précisément, à force d’excellence, la First Lady pour encore trois mois finit par faire de l’ombre à la prétendante démocrate à la présidence. Et le sentiment d’une maldonne, d’un mauvais casting, de faire son chemin : Hillary la froide technocrate-vieille routière du pouvoir, va être élue laborieusement, faute de mieux, alors que Michelle l’ardente de 52 ans suscite l’élan.
C’est le cas depuis l’arrivée des Obama à la Maison Blanche, mais il est démutiplié depuis jeudi dernier et «le discours de Manchester». Ce jour-là, dans le New Hampshire, Michelle Obama a réagi au bourbier sexiste dans lequel s’est enferré Trump, à la suite de la vidéo de 2005 dans laquelle il se vante d’avoir agressé sexuellement d’une femme mariée, et à la multiplication de témoignages de femmes affirmant avoir été victimes du républicain. «Assez, c’est assez. […] Je n’arrête pas d’y penser. Cela m’a ébranlée au plus profond de moi d’une manière que je n’aurais jamais imaginé.»
Solennelle et frémissante à la fois, rhétorique et sensible, intellectuelle et intuitive, Michelle Obama a martelé sa colère mais raisonnablement, intelligemment, implacablement. Sa voix parfois a tremblé, sans entamer sa clarté. Avocate déjà réputée bonne oratrice, Michelle Obama a atteint ce jour-là une grandeur politique et charismatique, celle des «grands hommes» qui cimentent une nation. La dignité personnifiée, son mètre quatre-vingt vibrant au rythme de ses arguments jusqu’au bout des ongles dûment manucurés, elle a éclaboussé de toute sa classe la crasse de Trump.
Depuis, à domicile comme à l’étranger, c’est un tombereau de vivats. De la louange à la déclaration d’amour, dans le New York Times Magazine par exemple, qui la met en une façon diva du r’n’b, avec textes enflammés d’intellectuels ou d’artistes à l’appui (l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, la journaliste et féministe Gloria Steinem, l’écrivain Jon Meacham, l’actrice Rashida Jones). Idem sur les réseaux sociaux, telle Joan Baez via Facebook («En voyant votre visage et en entendant vos mots, j’ai ressenti mes propres blessures, terreurs, et les larmes me monter aux yeux»).«Michelle présidente !» circule déjà, alors même que cela reconduirait l’occupation du pouvoir par une lignée, un des reproches faits à Hillary. On croyait l’aura de Barack Obama unique, un sortilège, une alchimie. Michelle détient aussi la formule.
Sabrina Champenois Rédactrice en chef,
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