Lors de son enlèvement, le père Georges Vandenbeusch, 42 ans, curé depuis 2011 de la paroisse de Nguetchewe, «se trouvait près de Koza dans l’Extrême-Nord du Cameroun, à 30 kilomètres de la frontière avec le Nigeria», à environ 700 km au nord-est de Yaoundé, selon le ministère français des Affaires étrangères.
La zone «était formellement déconseillée du fait du risque terroriste et du risque d’enlèvement», a ajouté le Quai d’Orsay.
Jeudi soir, le gouvernement de Yaoundé a dit craindre que les ravisseurs et leur otage n’aient déjà quitté le sol camerounais.
«Nous craignons qu’ils (les ravisseurs et leur otage) ne soient déjà hors de notre territoire», a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement, Bakary, sans mentionner le pays où se trouverait le père, mais en indiquant que l’enlèvement semblait «porter la signature» de Boko Haram.
«Cet acte porte leur signature (de Boko Haram). C’est une forte probabilité mais nos services de renseignements y travaillent pour en avoir le coeur net», a-t-il ajouté, précisant que l’enlèvement avait été commis par une «dizaine de personnes lourdement armées».
Plus tôt dans la journée, plusieurs témoignages avaient déjà fait état de la fuite des ravisseurs et de leur otage au Nigeria.
«Une valise vide sur la route du Nigeria»
«Il estimait devoir rester»
Selon le père Henri Djongyang, présent sur les lieux, les ravisseurs ont ensuite pris la direction du Nigeria: «Ils l’ont emmené dans la direction du Nigeria», a-t-il déclaré à la radio Europe 1.
Le père Vandenbeusch, 42 ans, «a été enlevé cette nuit vers 23 heures (22H00 GMT) par des inconnus armés», a raconté à l’AFP soeur Françoise, jointe au téléphone depuis Yaoundé, qui travaille avec le religieux et était présente dans le village lors du rapt: «il se trouvait chez lui dans l’enceinte de la paroisse» lorsqu’il a été kidnappé.
«Ils (les ravisseurs) s’exprimaient en anglais. Il nous a semblé qu’ils étaient venus à pied. Nous n’avons pas entendu de bruit de voiture. Ils ne portaient pas de cagoules», a ajouté soeur Françoise. «Ils nous ont demandé de l’argent».
Selon l’évêque de Nanterre (près de Paris), Mgr Gérard Daucourt – dont dépend le prêtre – «le père Georges a eu le temps de prévenir l’ambassade». «Une valise vide avec juste un chéquier au nom du père Georges a été retrouvée un peu plus tard sur la route menant vers le Nigeria», a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius a dit n’avoir, à ce stade, aucune précision sur l’identité des ravisseurs: «On est en train de préciser les circonstances de son enlèvement, essayer de retrouver qui l’a enlevé et tous les moyens sont déployés pour essayer de le retrouver et de le libérer».
«Il estimait devoir rester»
«Il lui avait plusieurs fois été précisé que c’était une zone dangereuse» et «on lui avait recommandé expressément de ne pas y rester, mais il avait estimé qu’il devait y rester», a ajouté M. Fabius.
Le président français François Hollande a lui appelé les ressortissants français à «ne rien faire qui puisse mettre en danger leur vie».
Le rapt du curé est survenu dans la région où sept Français d’une même famille, les Moulin-Fournier (un couple, leur quatre enfants, et le frère du mari), avaient été enlevés en février région lors d’une visite au parc naturel de Waza, réputé pour la richesse de sa faune. Ils avaient été libérés fin avril.
Leur rapt avait été revendiqué par Boko Haram, actif dans le nord du Nigeria, une zone troublée depuis plusieurs années par des attentats et des assassinats, violemment réprimés par les forces de sécurité nigérianes qui ont déclenché une offensive meurtrière contre le groupe il y a plusieurs mois.
Le prêtre s’occupait notamment d’aider les quelques 10.000 réfugiés nigérians ont fui au Cameroun.
Le nombre officiel de Français retenus en otages dans le monde est désormais de huit: outre Georges Vandenbeusch, quatre journalistes depuis juin en Syrie, Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres; un Français au Nigeria depuis décembre 2012, Francis Collomp; deux Français au Sahel, Serge Lazarevic enlevé en novembre 2011, et Gilberto Rodriguez Leal enlevé en novembre 2012.
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