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Atebass : « Au Cameroun, on ne fait pas la promotion de la culture. On essaie de multiplier ses petits sous »

Les membres de ce groupe sont connus aussi pour le look particulièrement remarquable. Atebass en est un des représentants. Honoré en 2011 comme parrain de la 13ème édition du Festi Bikutsi, le musicien demeure autant ingénieux et égal à  lui-même. Atebass a gratifié le public d’une de ses magiques prestations lors de la cérémonie d’ouverture du Festival international des Musiques Bantoues au Palais des Congrès. La basse comme fil conducteur de son talent, il nous raconte les prochains projets qu’il végète. L’inspiration intarissable, Atebass est un gigantesque puits de savoir de l’univers Bikutsi. L’entretien en intégralité avec le patriarche est ici.

Bonsoir Atebass, vous êtes un virtuose de la musique camerounaise. Vous avez fait les belles heures et années du Bikutsi, en parcourant le monde avec votre groupe « Les Têtes Brûlées »  à l’époque. Mais que faites-vous aujourd’hui ?

En réalité la musique c’est aussi le spectacle… Pour le moment, je m’atèle à mettre sur pied un studio d’enregistrement. En même temps, une fabrique de support de musique. C’est-à-dire que tu viens chez moi, tu enregistres ton album et tu sors directement avec ton produit fini. Je suis en contact avec une association française qui s’appelle au Bas os. Nous sommes entrain d’envisager comment faire l’échange d’artistes. Tantôt les artistes camerounais vont en France, et les artistes français viennent au Cameroun. Donc, c’est ça le projet actuel. J’ai aussi le projet de mettre sur pied mon cabaret. Mais pour le moment, il faut encore plusieurs accessoires pour mieux se préparer. A partir de l’année prochaine se sera prêt.

Il est difficile de s’entretenir avec vous sans revenir, sans évoquer cette belle époque là ! Mais que deviennent Les Têtes Brûlées aujourd’hui ?

Tous les membres des têtes brûlées, en dehors de Zanzibar (RIP, ndlr) sont au Cameroun, à Yaoundé. Nous sommes invités à Douala le mois prochain pour les 80 ans de Manu Dibango, en Décembre. Ceux qui veulent encore nous vivre pourront venir du côté de Douala.

Avec le fil des années, Atebass vous êtes le même. Le même look, la même apparence. Bref, une identité remarquable. Est-ce toujours le souvenir des ces années là ou bien c’est un look adopté à vie ?

Non, quand on adopte on le porte toute la vie, c’est aussi cela. Et, puis le reste de changement ça n’a rien à voir avec le look. Le look reste le look, c’est la personnalité ! Donc, j’ai conservé ce look parce qu’il a été conçu par moi-même, et je le garde jusqu’aujourd’hui.

Quel est votre avis sur le Bikutsi qui se fait désormais parce qu’il faut dire que vous avez fait des scènes énormes de l’autre côté, Outre-Manche, des tournées uniques, rempli des stades… Vous avez fait des choses plus qu’énormes grâce à votre talent le groupe « Les Têtes Brulées » ?

Dans la vie, il y’a toujours ce qu’on appelle le ying et le yang. Parmi les jeunes, il y’en a qui font bien. Il y’en a qui se débrouillent, il y’en a qui ne veulent pas approfondir le travail pour être bon ! Donc, je peux dire que ça évolue tant bien que mal !

Le Festi Bikutsi en est à sa 15ème édition, d’après l’expérience de ce festival que vous connaissez très bien, votre vision de patriarche de la musique camerounaise, quel est votre sentiment, quelle est votre opinion à propos de ce rendez-vous annuel des Musiques Bantoues ?

Le festival Bikutsi, comme celui-là, reste le seul que nous avons sous la main jusqu’à présent. Ça fait 15 ans. J’ai été parmi les premiers musiciens qui ont animé cette affaire. Moi, je tire le chapeau à l’organisateur ou aux organisateurs de ce mouvement parce qu’un pays plein d’artiste comme nous, un pays culturel comme le nôtre, ne saurait tenir sans un festival ! Moi, je tire le chapeau à ceux qui ont eu cette idée… ça avance et j’apprécie quelque chose dedans c’est que les organisateurs ont fait venir tous les meilleurs artistes, tous les grands artistes, tous les doyens qu’on connait, à Yaoundé, si je peux le dire. Parce qu’aujourd’hui dans certaines organisations, on invite que ceux qui ont de nouveaux produits sur le marché. En réalité, ce n’est pas ça la culture. Quand vous allez en Amérique, j’y ai été. On joue par exemple les morceaux que nous avons suivi en 1950 et les morceaux qu’on a suivi hier ! Tout se joue et puis, chacun trouve son compte. Au Cameroun, on ne fait pas la promotion de la culture. On essaie de multiplier ses petits sous ! Et, ça se passe comme ça. Autrement dit, l’avenir nous dira.

Vous déplorez un phénomène vraiment déplorable dans la musique camerounaise aujourd’hui, est-ce le groupe les Têtes Brûlées ou Atebass tout seul prépare un album ?

Je suis rentré de l’étranger, j’ai réalisé un album. Hélas, le producteur a eu de petits problèmes financiers. On n’a pas pu faire la promotion comme ça se devait. Bèh, il y’a un nouvel album et je compte relancer la promotion à partir de janvier si les moyens tombent !

Quel est le titre de cet album ?                      

J’ai fait le featuring avec Jacky Biho. Le titre far c’est comme les gens aiment entendre. Le titre far c’est « Dis-moi ». il s’agit d’un garçon qui demande à la fille pourquoi est-ce que t’as passé trois heures de temps devant le miroir pour faire le nyanga, pour te faire belle, et quand tu passes devant moi, je t’appelles tu ne t’arrêtes pas. Pour qui est-ce que tu as fait ce nyanga ? C’est ça le thème du sujet quoi !

Quel est votre mot de fin ?

Le Cameroun n’a pas d’entrepreneur culturel. Si nous prenons nous-mêmes la chose en main, cela va avancer. Et si les camerounais ne savaient pas qu’il faut un entrepreneur culturel, nous en avons besoin pour qu’on soit plus avancé.

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