C’est votre tout premier séjour en terre camerounaise ; avec le peu que vous avez pu voir, quel commentaire pourriez-vous faire sur la mode au pays ?
Pour moi, la mode camerounaise est comme un bébé qui vient de naitre, c’est-à-dire, comme un œuf qui vient d’éclore ; vous savez, le Cameroun n’est pas encore conscient du potentiel de la mode pour son développement. Je pense tout de même que les gens commencent à ouvrir les yeux (à peine), bref, c’est un secteur en voie de développement, et c’est déjà ça, mais il reste beaucoup à faire. Il faut garder un regard positif, car si on se fie à la racine (vu ce qui a été fait jusqu’ici), il n’y a pas d’erreurs majeures à corriger, il n’y a que des choses à créer. Donc je pense que quand les gens prendront conscience qu’il y a une nouvelle industrie qui peut aider le pays à plus se développer, les choses iront mieux pour le secteur.
Vous vous voyez aider les créateurs locaux ? Pourquoi pas, dans le cadre d’un partage de connaissances ?
Vous savez, pas mal de journalistes m’ont posé la question de savoir si je ne pouvais pas m’associer à des créateurs d’ici ? Je leur ai demandé à mon tour pourquoi faut-il absolument que je le fasse ? Mais écoutez, je suis là ; quand on dit « associer », ça veut dire quoi selon vous ? Honnêtement, je peux aider à l’apprentissage, seulement je ne pense pas que ce soit bien de mêler l’ADN de ma marque à l’ADN de leur marque, parce qu’il faut que les gens soient connus par leur propre style.
Quelque chose vous a-t-il inspiré une future création depuis votre arrivée au Cameroun ?
Ecoutez, moi j’ai un processus de création qui est très particulier, c’est-à-dire que, je ne me rends compte des choses qu’après ; au départ je n’en sais rien moi-même, il faut digérer et ce n’est qu’après que je réalise. Souvent, le processus d’une création nait d’une émotion. Moi c’est l’émotion qui m’aide à créer, et ce n’est pas par rapport à ce que j’ai vu ; peut-être que ce sera par rapport à une personne, un regard, un échange, mais pas forcément par rapport au Cameroun dans son ensemble, mais plus par une rencontre avec quelqu’un qui m’aura ouvert les yeux sur quelque chose et qui aura déclenché le truc. Généralement ça se prononce quand je suis dans l’avion du retour.
Qu’est-ce qui caractérise vos créations d’aujourd’hui par rapport à celles d’avant ?
Etant donné que j’ai travaillé pour moi-même et aussi pour d’autres maisons, je pense que l’une des choses qui soient importantes pour moi c’est d’être honnête dans mon processus de créativité ; je ne crée pas pour plaire, je crée ce que je suis. Quand j’étais chez Jean Louis Scherrer, je créais pour Jean Louis Scherrer, quand je chez BALENCIAGA, je créais pour BALENCIAGA. Aujourd’hui je crée pour moi-même, car « je » suis Stéphane Rolland. Après, les spécificités stylistiques c’est autre chose ; puisqu’on va parler de rigueur, de coupe, de sculpture, de minimaliste etc. Ma façon à moi de donner du pouvoir aux femmes à travers beaucoup de sensualité, de force et d’amour. Ce qui est important dans la mode c’est d’observer comment elle évolue dans le monde (aux Etats-Unis, en Asie etc.), quels sont les nouveaux marchés émergents et autres ? Pourquoi un créateur camerounais ne vendrait-il pas à Hong-Kong par exemple ? Vous savez, il ne doit pas se limiter à ne vendre qu’aux camerounais ; moi je ne vends pas aux français si vous voulez savoir, or je suis un créateur parisien, mais je vends partout dans le monde et très peu en France. Il faut également que le gouvernement camerounais accompagne ces créateurs.
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