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Taphis : « Il est temps d’exposer nos disques d’or hors des disques dur »

La compilation « Vibrations Urbaines », sortie il y’a quelques jours, en est donc à son tout premier volume. Taphis, les pieds entre des projets, réussit à se poser cette fois-ci pour s’exprimer et partager avec nous cette riche expérience et ce nouveau signe du temps qui s’affirme comme la montée en puissance d’une génération talentueuse et endormie. Taphis Offishal a ainsi choisi votre portail pour parler de fond en comble de ce projet initié par lui-même.

Bonjour M. Isidore Tameu, tu l’un des instigateurs de la compilation « Vibrations Urbaines », mais dis-nous d’où part l’idée du concept ?

Le concept « Vibrations Urbaines » découle d’un constat très clair. Au Cameroun, nous avons beaucoup de talent. Nous avons une production musicale soutenue et de qualité mais nous n’avons pas d’espaces où nos artistes peuvent s’exprimer et vendre leur produit, étaler leur talent auprès du public. Alors, l’idée du concept Vibrations Urbaines est de pouvoir leur offrir une tribune où ils pourront exposer au mieux leur savoir-faire, vendre la destination Cameroun, en termes de musique. Vendre le talent camerounais, vendre le contenu camerounais qui est très intéressant. Et montrer qu’aujourd’hui, nos jeunes peuvent faire du contenu qualitatif et de façon quantitative, qu’on peut défendre à l’international. Donc, beaucoup de nos jeunes aujourd’hui font des chansons mais n’ont pas la chance d’être produit. Beaucoup de jeunes font des tubes mais il y’a trop de disque d’or dans nos disques dur. Il est temps de pouvoir donc exposer ces disques d’or hors des disques dur. Pouvoir leur offrir une tribune, pouvoir sensibiliser nos medias, nos animateurs, qu’il est temps de pouvoir vendre notre contenu local. Trop de nos artistes souffrent d’un manque de visibilité. Trop d’artistes étrangers se font la part belle dans nos espaces de communication. Il est temps de pouvoir aussi donner la chance et l’occasion à nos artistes de pouvoir s’exprimer acquérir en visibilité et de pouvoir vivre de leur talent.

Dans la compil, on dénombre une moyenne de 27 artistes pour 20 sons. Comment cela s’est-il passé pour rencontrer tous ces artistes ?

Mon travail ma permet aujourd’hui de voyager dans l’ensemble du pays, constamment. Donc, en une année je peux faire quasiment le tour du Cameroun deux fois. Et ce qui me permet de rencontrer les artistes issus de divers horizons et de diverses sensibilités. Et à chaque fois au cours de mes voyages, j’écoute de très belles chansons. Mais, par manque de moyens ou par manque de budget, ces artistes là qui font parfois de très belles chansons n’ont pas l’opportunité de pouvoir se vendre à des chaines nationales et internationales. Alors, je me suis dit pourquoi pas rassembler tous ces talents autour d’un projet. Ce qui fais que dans ce projet, vous allez retrouver des chansons issues des diverses régions du Cameroun, issues de diverses sensibilités musicales, issues d’une diversité de genre, parce qu’on trouve des garçons, des filles ; issues de types de langue parce qu’on trouve l’Anglais et le Français, on trouve les langues locales. Donc, cette compilation là, représente en fait l’unité nationale, représente la diversité nationale, représente la jeunesse camerounaise dans son ensemble. Et le titre est très fort. Et représente toute la vibration que l’on retrouve dans les milieux urbains au Cameroun : d’où le nom Vibrations Urbaines. Donc, si tu veux vibrer comme un camerounais, comme la jeunesse camerounaise, tu écoutes « Vibrations Urbaines » et là, tu retrouves toutes les sensibilités qu’on retrouve au Cameroun ; à savoir le Coupé-Décalé, le Rap, l’Afro-Pop, la Soul, le R&B, la Rumba. Il y’a beaucoup de jeunes qui écoutent ces chansons, que ce soit en boite, dans les clubs, quand ils sont dehors, même à la maison. Et là, nos jeunes camerounais arrivent à l refaire ces chansons là à des sauces locales ! Aujourd’hui, on retrouve des artistes comme Ghislain Dimai qui fait de la Rumba à la sauce camerounaise. On retrouve par exemple le groupe Jem’m qui fait ce qu’ils appellent de l’Afro-House. Et puis, pleins d’artistes comme Lyflo, qui font de l’Afro Pop très originale… Donc, c’est intéressant et pertinent de pouvoir montrer que waouh, nos jeunes sont arrimés dans un contexte de mondialisation et arrivent à pouvoir intégrer tous ces courants de musique urbaine mais à la sauce locale, d’où « Vibrations Urbaines ». D’où l’importance de pouvoir réunir toutes ces tendances là autour d’un projet. C’est un projet ambitieux mais aussi une plateforme de 27 artistes, 20 titres

Réunir autant d’artistes n’est évidemment pas chose facile mais n’y a-t-il pas eu une direction musicale particulière par rapport à cela ?

Justement, il y’a déjà eu une direction artistique du projet à la base. Parce que lorsque tu vas rencontrer des DJ en boite, lorsque tu vas rencontrer des animateurs à la radio ou dans les snacks bar, qui sont des vecteurs de communication auprès de la population, ils vont te dire les camerounais ne font pas assez de musique qui danse, assez de chansons où les gens peuvent s’amuser. Puisque c’est le volume 1, on a décidé de regrouper tous ces jeunes là en fonction de leur sensibilité musicale… Le problème à la base, c’est qu’on dit que les camerounais n’arrivent pas à faire des chansons sur lesquelles les clients ou alors le public peut danser. Alors, on regroupe donc tous ces jeunes là, selon une direction artistique bien précise. Donc, des sons de Dance Floor, des sons où on peut essayer  de se détendre. C’est sur ce canevas là que nous avons fait un casting d’artistes. Tous ces sons, quand vous allez écouter la programmation, c’est assez Dance Floor. Sur 20 titres, vous avez des titres qui vous donnent l’envie de pouvoir danser. Aujourd’hui donc, grâce à cette compilation, un DJ en boite de nuit ne va pas manquer de titres camerounais à faire danser les jeunes qui viennent s’amuser. Donc, c’est en fait ça la direction artistique qu’on a voulu donner pour le volume 1. Pouvoir montrer que les jeunes peuvent faire de la musique de réjouissance, de la bonne musique, de bonne qualité, et pas forcément la où on parle du ventre et du bas ventre.

Dans la compil, on retrouve des noms peu connu et d’autres pas du tout, est-ce que vous avez voulu donc mettre en lumière certains talents et pérenniser celui d’autres ?

Effectivement, c’est même aussi en fait ça le concept à la base de la compilation « Vibrations Urbaines ». Pouvoir donner une tribune aux jeunes, qui ont du talent et qui n’ont pas forcément les moyens et les opportunités pour pouvoir se vendre. C’est une compilation de découvertes. On fait découvrir des jeunes qui ont du talent et qui méritent d’avoir un aura sur le plan national et international. C’est pour ça que la playlist est constituée d’environ 80% de jeunes artistes, qui sont pour la plupart inconnus du grand public. Et qui mériterait d’après notre jugement, d’après notre équipe, d’être connu et pouvoir exposer leur savoir-faire. Parce que c’est dommage ! On n’a besoin que notre paysage musicale puisse se régénérer parce qu’ailleurs, chaque année, il y’a de nouvelles stars que l’on découvre… Pourquoi est-ce qu’on restera au Cameroun avec les mêmes têtes, les mêmes personnes sur les scènes ? C’est important de pouvoir créer une nouvelle génération d’artistes et de pouvoir les exposer, de pouvoir vendre leur talent. C’est aussi ça l’objectif : donner l’opportunité à ces jeunes là de pouvoir occuper aussi l’espace et pouvoir aussi vivre de leur passion. Et prouver au public que ce n’est pas que les anciens qui peuvent faire de la bonne musique mais aussi les jeunes.

Dans cette collaboration, on dénote la présence de X-Net Phone avec Taphis Events. Parlez-nous de cette collaboration, comment s’est-elle faite ?

A la base, j’ai monté le projet. Alors, je me suis dit un tel projet, aussi ambitieux, ne peut pas être porté par une seule personne. On a besoin de réunir des camerounais autour d’un tel projet. C’est pour cette raison que j’ai essayé d’appeler des contacts. J’ai eu la chance et l’honneur d’être reçu par Monsieur Benjamin Lekoua, qui a trouvé le projet très intéressant et a décidé de pouvoir soutenir cette compilation, à travers sa marque de téléphone X-net Phone, qui est le premier téléphone camerounais. Donc, associer une marque camerounaise à un projet de camerounais, c’était très intéressant. C’est montrer qu’une entreprise citoyenne, pense à soutenir sa jeunesse. Donc, c’est dans ce cadre là que X-net Phone a décidé de pouvoir nous octroyer des facilités pour pouvoir imprimer des supports et pouvoir communiquer comme il se doit.

Combien coûte la compil et combien gagne chaque artiste ?

Déjà, la compilation est disponible dans toutes les boutiques L&F Computer du Cameroun un prix de 1000 F Cfa. Et les artistes, ce qu’ils gagnent déjà c’est en renommée, en crédibilité et en visibilité à la base. Et en plus de cela, tous les bénéfices de cette compilation seront reversés à parts égales à tous les artistes qui font partie de la compilation. Parce que, ce n’est pas un projet humanitaire, mais c’est un projet salvateur. C’est un projet ambitieux et qui a pour objectif de pouvoir aider l’artiste dans le fond et dans la forme. L’aider à avoir la visibilité et l’aider à vivre de son  art. Nous ne somme spas là pour faire du commerce, nous ne sommes pas une maison de production où on va se tailler la part du lion, 100% de bénéfice et autres ! Non ! On ne touche aucun bénéfice sur ce projet. Les bénéfices rentreront dans la poche des artistes. Les revenus engendrés par ces bénéfices vont soutenir la communication autour de ce projet. Plus on vend les CD, plus on aura suffisamment d’argent pour pouvoir faire la promotion de cette compilation. Nous ne souhaitons pas s’arrêter là ! Nous souhaitons continuer sur plusieurs volumes, parce qu’au Cameroun, nous avons des gisements d’artistes qui ont du talent et qui valent de l’or.

Un  dernier mot ?

Ouais, déjà j’aimerais saluer ici CulturEbene.com, qui ne cesse de soutenir la culture camerounaise. Et ce n’est pas le fait du hasard que CulturEbene est classé numéro 1 sur tous les référencements possibles dans le monde, peut-être en ce qui concerne la culture camerounaise. Donc, c’est un honneur et un plaisir de savoir que ce projet de compilation « Vibrations Urbaines » est soutenu par des medias crédibles. Donc, je tiens aussi à remercier tous ceux qui, ce sont déjà déplacés pour se procurer les CD. Ensemble nous sommes plus forts,  ensemble on peut construire une culture camerounaise plus forte, pérenne et pouvoir permettre à nos artistes de pouvoir vivre de leur art. Le meilleur est à venir et l’avenir s’annonce bleu ! 

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