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N2A Teguil : « Le 13 décembre un nouveau type de tchadien naîtra au Ballet national »

N2A peux tu te présenter à nos lecteurs?

Ngueita Allahsko Alfred à l’état civile, en abrégé N2A, je suis artiste rappeur tchadien. J’ai embrassé l’art très tôt, la danse traditionnelle plus précisément. J’intègre alors une troupe de la place et c’est bien après que je mets à la danse hip-hop avec les potes du quartier. Cette passion a aussi été possible grâce à la création du centre Don-Bosco où nous avons pu y pratiquer notre art. A force de danser et écouté des rappeurs à la plume affutée tel que Awadi, assister aux concerts de mes aînés artistes de la place, je décide d’embrasser le micro. C’est ainsi qu’en 2006 je fonde avec des amis le groupe SDF qui malheureusement ne fera pas long feu. En 2007 je tente à nouveau l’expérience avec un second groupe mais l’aventure tourne court. Je décide de faire carrière solo et je me retrouve au Nigeria en 2009 où j’enregistre « cri haut », mon premier single. Suivra en 2010 « anti tristesse », puis « filles branchées » en 2012. La même année je suis lauréat de NdjamVi et j’ai été plusieurs fois finaliste Ndjam hip-hop. En 2013 je mets sur le marché l’album « fils d’ici ». Mon maxi « populasson gay korrr » sort en 2017 et il y a quelques semaines j’ai entamé la promo de mon single « son excellence blamsia », extrait du maxi.

Peux tu justement nous parler un peu plus en détail de ce maxi ?

C’est un maxi single sorti sur le marché il y’a un ans déjà et intitulé « populasson gay korrr akouma basma korrr » qui signifie en arabe locale la population crie, l’État doit écouter les cris. C’est un maxi composé de 04 titres et très engagés, avec des chansons telles que « populasson » où encore « zaalhan » qui est veut dire fâché et qui est une reprise d’un des titres du célèbre rappeur Sultan. Vous avez aussi la chanson « pascal » qui parle de la solidarité africaine et rend hommage aux guerriers qui sont partis, et enfin « daala organisé ». C’est un maxi single avec des écrits très revendicateurs.

Ce maxi single est également à l’origine de tes démêlés avec les autorités tchadiennes. Que s’est-il passé ?

C’est une entorse à la liberté d’expression. Le 29 octobre 2018 je reçois un appel anonyme à 11h et mon interlocuteur au bout du fil voulait se procurer mes CD. Je lui répondu que je n’ai pas le stock à la maison mais c’est plutôt dans les points de vente. Une heure plus tard après l’appel, des policiers débarquent chez moi à bord de 06 véhicules avec un mandat d’amener et de perquisition. Chez moi ils vont ramasser tous les t-shirts, les CD et ils m’exigent de repartir avec eux. Une fois à la police judiciaire ils me font comprendre que j’ai été interpellé sur ordre des responsables de la PJ pour incitation à la haine suite à la phrase « Hakouma basma Koor » (gouvernement écoute les cris du peuple). Jai passé 24h en cellule et le lendemain j’étais devant le procureur de la république Youssouf Tom qui a déclaré qu’il n’a pas trouvé de preuves suffisantes et a classé le dossier sans suite.

Le 13 décembre tu seras en concert au Ballet national dans le cadre des 24h des Korrr. Peux tu nous nous en dire davantage sur le concept ?

Je suis un artiste engagé qui milite pour le bien-être de la population, le respect des droits de mon peuple et je suis la voix des tchadiens sans voix. Je m’adresse aux décideurs, aux hommes politiques sans hypocrisie et c’est ce qui a été la cause de mon arrestation. Le concert du 13 décembre sera historique. 24h des korrr ou 24h des cris, de pleures car les tchadiens ont mal. Ce concert c’est pour exprimer notre mal-être, dénoncer les maux et dire à nos dirigeants quelles sont nos doléances pour améliorer nos conditions de vie. Nous allons dénoncer, critiquer et surtout proposer pour un Tchad nouveau, avec un nouveau type de tchadien, plus patriote et intègre.

Malgré tous les maux qui minent le pays de Toumaï, crois tu qu’un autre Tchad soit possible ?

Un autre Tchad est possible avec un nouveau type de tchadien. Si le tchadien change de mentalité et cesse de vivre comme un étranger dans son propre pays alors les lignes bougeront. Il faut que le tchadien soit amoureux de son pays, oublions les intérêts personnels au profit du collectif. Prônons le vivre ensemble, brisons les barrières et sachons dire non quand nous ne sommes pas d’accord, et cela sans avoir besoin de prendre les armes pour régler nos problèmes.

Un dernier mot ?

Soo saloumou a tous ceux qui croient en mon engagement. Merci à toutes les personnes qui m’accompagnent dans ma carrière, mon partenaire officielle la « Populasson » et mon sponsor éternel Dieu. Un message à la jeunesse africaine, soyons responsables et posons des actes. Sachons dire non quand ça ne nous arrange pas et applaudissons quand c’est bien car l’avenir de ce continent repose sur nos épaules. Merci Culturebene pour cette considération.

Propos recueillis par Ebah Essongue Shabba

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