La 14ème édition du Mango Night s’est tenue samedi 18 mai à l’Ifc de Yaoundé

Ils n’étaient pas très nombreux à venir découvrir ces talents de la capitale, mais le peu de public présent ce soir a pu vivre une véritable aventure musicale pleine d’émotion et dont la passion ne saurait être décrite ici. Bien sûr, la révélation n’était autre que le virulent Jaco, un jeune camerounais qui malgré son handicap, sur son fauteuil roulant, déblatère ses rimes et punshlines d’une façon à couper le souffle. Les messages qui s’en dégagent n’en sont pas moins illustratifs : « De grandes ambitions pour un pays si petit, je n’ai plus peur du vide je mets en pratique tout c’que j’ai appris (…) Ne t’inquiètes pas, m’avait-elle dit, je te porte dans mon cœur ; mais les fruits n’ont pas suivi la promesse des fleurs. Le principe d’œil pour œil ne laisse que des aveugles, tu l’as appris à tes dépends, je te le dis les yeux dans les yeux.» Ce jeune prodige épris du rap dès sa tendre enfance se veut le porte-parole, mieux, un éveil de conscience pour tous ceux-là qui auraient perdu espoir dans une société en mutation et où les valeurs se font piétiner par l’irrespect et le manque de considération ; il invite d’ailleurs d’aucuns de reconnaitre son potentiel et de le respecter pour, au lieu de le prendre en pitié. Jaco n’a pas été la seule belle surprise de cette 14^ème édition ; Christian Ikoumouet et son groupe Tambadjara (le tam-tam qui parle) auront eux aussi suscité plus que de l’admiration. Ce ressortissant du Mbam-et-Kim (dans la région du Centre au Cameroun) ne séduira pas que par sa belle et savoureuse voix. Ses thèmes auront marqué plus d’un au moment de son passage, embellirent d’une toukimusic (musique traditionnelle) que nous découvrirons séance tenante, mise en forme en langue OSaNanga. De « Wenga » (qui parle de réchauffement climatique et crises dans le monde entier) à « Ekpwéré » (qui parle des femmes qui n’arrivent pas à concevoir, mais ne devraient pas se décourager) : « Petite fleur stérile ne pleure plus, un jour viendra ; petite terre asséchée ne pleure plus car un jour il pleuvra » c’est d’ailleurs le titre retenu pour son prochain single qui arrive en Juin prochain. L’artiste nous promènera dans un univers d’histoires propres à nos coutumes d’un rare symbolisme. L’un des titres relatera l’histoire d’un retraité venu s’installer au village après sa retraite et qui avec sa pension retraite se croit permis d’arracher les femmes des villageois. Moustik le Charismatik nous embarquera à bord de son paquebot d’humour avant de disparaitre dans le vide.