L’atmosphère se prêtait au contexte : un tableau noir au fond de la salle, une table sur le côté, sur laquelle sont posés une bouteille d’eau, une mallette et quelques outils pédagogiques, puis non loin de là une chaise. En face, les chaises occupées par le public font offices de bancs et ces derniers, d’élèves. Oui, nous étions en plein dans l’ambiance d’une classe de CM2, le jour de la rentrée et Mme Marguerite prend connaissance de ses élèves. Ce qui frappe au premier regard, l’âge avancé de cette dernière ; Madame Marguerite a visiblement dépassé la limite d’âge pour enseigner, mais s’y cramponne avec force. Encline à un monologue parfois exacerbant, elle s’adressait ex cathedra à ses élèves, une situation qui lui conférait une autorité et un pouvoir dont elle tue une sorte d’autosatisfaction. Ses méthodes d’enseignement, dure et aussi violentes qu’absurdes, imposaient une omerta à ses apprenants : « c’est moi le maître, c’est à moi de parler (…) et on ne vous demande pas de commentaire… » Cette imposition de sa vision du monde à ses élèves, exprimée en de termes crus au travers des différentes matières dont elle a la charge (biologie, mathématiques, histoire ou encore catéchisme) et l’autorité dont elle use et abuse l’exposent dés lors à une paranoïa certaine : « Taisez-vous vous êtes tous des salopards… » « La biologie n’est pas une histoire de cul… », « Eh ! La demoiselle là, t’es une pute (…) bandes de pédés… », « Il y en a dans la salle qui se nomme Saint ou Jésus ? »…
Pour comprendre les ressentiments, l’insensibilité ou les excès de cette institutrice, il faudrait alors remonter dans les années 1970, date à laquelle fut écrite la pièce par Roberto Atkayde, auteur Brésilien né en 1949 à Rio de Janeiro grandit dans la junte militaire au pouvoir. Ce dernier supportait mal les contraintes et l’autorité imposées à l’école, qu’il considérait aliénantes et opprimantes. Mais à bien regarder, la sévérité et la rigidité qui semble avoir une emprise sur le personnage, laissent en réalité apparaître sa fragilité, car englouti lui aussi et prisonnier de ce système qui l’a claquemuré, lui ôtant toute liberté. Les propos de Mme Marguerite ici interpellent et incitent à réfléchir sur le pouvoir et ses abus, car à travers ce texte incisif au langage parfois cru et froid, l’auteur donne le ton d’une dénonciation d’un monde injuste où les systèmes politiques dictent leurs lois au prix des violences et humiliations, au détriment de la « liberté ».
Une mise en espace d’Alvarez Dissaké, par la compagnie Les Phoulosphes.
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