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Mony Eka : un jour un jour, « sois comme toi-même »

Certes la jeunesse camerounaise et la jeunesse africaine est de nos jours en quête d’identité. Et comme j’avais déjà souligné, si la jeunesse se perd c’est parce qu’elle est en mal et en manque de repères. Les modèles, les vrais, existent peu. Et ce peu qui existe a battu en retraite, a jeté les armes avant d’avoir livré le combat pour le changement. La jeunesse montante a donc besoin de modèles à qui s’identifier. Elle a besoin d’exemple, pas pour les copier systématiquement mais pour s’en inspirer. Le problème aujourd’hui c’est que nous sommes dans une société régit par ce que Kamto a appelé un « confusionnisme axiologique », une ère où le faux est pris pour vrai et le vrai est pris pour faux pour le simple fait qu’il dérange.

C’est donc un projet louable pour tous les jeunes comme pour Mony Eka, de chercher des modèles véritables. Mais l’autre problème épineux qui se pose, est celui de l’identité. Chercher à devenir l’autre pour le simple fait qu’il a réussi dans un domaine comme dans un autre est une erreur tragique. C’est occulter la mission même de l’homme sur la terre. Chaque être est unique en son genre, il est quelqu’un d’exceptionnel, ses empreintes ne correspondent avec pour aucun autre, ni ses gènes, ni son histoire. Avec chaque homme nous apprend les philosophes, vient quelque chose de nouveau dans le monde, quelque chose qui n’a jamais existé. Et qui doit se mettre à jour pour le bien de la communauté. Il est temps d’apprendre aux jeunes que chacun d’eux a une mission, comme le dit Fanon, « il doit la remplir ou la trahir ». Et la trahir ici c’est la confondre avec celle d’un autre. Personne ne peut dire qu’il n’a eu de modèle ni de maitre qui l’a conduit sur le chemin de la réussite, mais l’objectif est toujours de se faire soi même, et de devenir ce pour quoi nous avons été appelé, de tout mettre en œuvre pour devenir la personne pour la quelle nous avons été crée. Le simple fait que je prenne, comme Money Eka, Zidane, Petit Pays, Richard Bona…pour modèles, ne doit pas me faire croire que ma mission est pareille à celle d’un l’un ou de l’autre.

Les jeunes doivent apprendre de nos jours, à vivre pour eux-mêmes. À faire des choses par eux-mêmes et être capable  de répondre de leurs actes. Même les parents ont toujours eu la propension à comparer leurs enfants soit à ceux du voisin, soit à leurs ainés. Au lieu de gagner du temps à leur apprendre à marcher sur un chemin qu’il aurait eux-mêmes frayé. C’est ce qui est en dessous du mot « démiurge » ou « révolutionnaire » : le démiurge est celui là qui est capable de créer ses propres valeurs, l’incarner et les suivre. Le révolutionnaire est celui là qui a l’aptitude de faire voir aux yeux du monde ce qui n’a jamais été.

Les modèles que Mony Eka fait voir dans son vidéogramme expliquent que notre société est en mal et en manque. Peu sont ceux qui sont issus de notre ère culturelle, il est allé chercher comme la plupart d’entre nous, les modèles sous d’autres cieux. Qui n’ont forcément pas réussit avec les outils dont nous disposons ici. C’est une preuve que notre société est malade d’elle-même, mais pour la guérir, la solution ne serait pas d’aller chercher remède ailleurs. Nous avons tout en nous et auprès de nous pour remédier à cette désagréable situation.

« Pourquoi pas moi ? », est une très intéressante question de départ posée par Money Eka. Et les jeunes de notre société ne se posent plus cette question ! Pour eux, tous ceux quoi ont réussi ici sont des francs maçons, des homosexuels, des sorciers et des extra. La découverte des modèles qui sont partis de « zéro » comme le dit l’artiste, est un moyen de se dire à soi même que tout est possible. Où j’adhère une fois de plus à l’approche de cet artiste, c’est là où il parle du « travail ». Je ne suis pas sur que les jeunes qui rêvent devenir comme Eto’o Fils ou Richard Bona, travaillent comme ceux-ci. Je ne suis pas sur que les jeunes qui rêvent devenir comme ces stars sont disposés et disponibles pour en payer le prix. Et c’est à ce niveau qu’innove Money Eka.

Notre société à rejeté dans le feu de la géhenne la « valeur-travail », c’est le culte de la gratuité qui est publié, c’est la paresse, c’est la dérobade, le camouflage… plus personne ne veut utiliser le chemin qu’il faut, on veut aller si vite, on veut vite devenir celui qu’on n’est pas. À voir ce triste tableau, nous pouvons conclure de ce fait que la corruption et l’inertie tire leur racine de cette strate. Il n’existe pas de recette magique pour la réussite. Que les jeunes qui s’endorment dans les bars, qui veillent dans les églises, qui montent et descendent dans laboratoire des sorciers le prenne en compte. Seul le travail conduit là où nous voulons aller.

Cette réplique à Mony Eka, n’est qu’une réplique à la jeunesse toute entière. Nos ainés ont échoués, ils se sont compromis, ils ont jeté l’éponge, ils n’ont pensé qu’à eux-mêmes. Ils ont fondé une société sur le mensonge et la salissure des glorioles. Ils ont renversé l’échelle des valeurs, le nord axiologique est ombragé, et l’avenir semble être compromis. Il est temps que nous soyons des modèles pour nous-mêmes, et pour les générations à venir. Il faut que nous dessinions un autre modèle avec lequel le Cameroun de demain doit se vêtir. Nous devons être les architectes de notre propre vie, les sculpteurs de nos propres pensées, et les Michel Ange de notre propre avenir.

Jeune ! « Deviens qui tu es », c’est sous cette belle formule de Nietzsche que je terminerai mes propos. Il veut nous enseigner par là que tout n’est pas fait d’avance, mais que tout reste à faire. Que le fait pour Platini d’avoir eu trois ballons d’or d’affilés ne doit pas empêcher Messi d’en avoir 4 vingt ans plus tard ! Pareil  toi qui rêve de jouer au Football d’en accumuler 5. Chacun doit marquer son temps de ses propres empreintes propres. Comme le dit Njoh Mouellé, il est temps que chacun puisse « frapper sa propre poitrine », non  plus celle d’un de ses idoles, d’un membre de sa famille, ni des ses aïeux, encore moins de ses connaissances. Chaque jeune doit pouvoir parler en son nom propre, porter sa propre identité et son propre nom. « Personne ne peut manger pour un autre, ni même boire ou penser pour un autre », nous sommes de ce fait condamner à être libre, et à marcher sur le chemin que nous aurons nous même frayé au préalable. La sagesse populaire ne dit-elle pas qu’ « à chacun son métier et les vaches seront bien gardées » ?

TATLA MBETBO FELIX/ Facebook.com

monsieur2035@yahoo.fr

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