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Michel Bohiri : « avec Delta, c’est des relations de profonde admiration et de respect mutuels… »

C’était   un 18 avril à Gagnoa, ville principale de la Boucle du cacao qui est la capitale de la région du Fromager située au centre ouest de la Cote ivoire Que naquit Bohiri Gohoré Michel de son vrai nom artiste comédien depuis les années 90 plus  précisément en 1985 l’année du déclic de son aventure. Ça fait vingt sept ans déjà que son combat humoristique dur. Michel  Bohiri nous a accordé  cet entretien en exclusivité.

Salut Michel comment allez-vous ?

Je vais toujours bien, Sylvin! Tout se passe dans la tête. De toute façon on n’a véritablement  pas de choix hein!  On est déjà né, on ne peut plus reculer…ahahaha!…restons positifs, mon cher!

Reconnu comme étant un artiste comédien  humoriste Michel  pouvez-vous nous en dire plus sur toi?

Merci du compliment, Sylvin Mbarga! En effet j’ai suivi une formation classique au métier de comédien à l’institut national des arts du spectacle, puis à l’école nationale supérieure (D’Abidjan), après mon Bac A2.

On ne sait combien de temps va dure cet entretien cela ne vous dérangerai  pas si l’on se  tutoie ?

Ne nous en privons pas! Ce serait tellement immédiat et chaleureux… (Rires).

1985 c’est  la naissance de l’histoire d’amour avec la comédie est ce que tu peux nous dire comment cela a commencé ?

J’étais certes déjà en contact avec le théâtre depuis mes années de lycées et collège, mais c’est à mon entrée à la Fac des lettres, et la rencontre avec un grand homme de culture (Mory Traoré), réalisateur, cinéaste, metteur en scène, écrivain, journaliste doublé d’un excellent formateur (il donnait à l’époque des cours de cinéma à l’université d’Abidjan), que le déclic s’est véritablement crée, et que la passion s’est renforcée. Son admiration jamais avouée m’a mis en confiance, et je me suis dit que je ne devais pas rater l’opportunité de servir une vocation…pour la petite anecdote, je jouais encore au lycée quand un jour un de nos profs de philo m’a abordé pour m’offrir la possibilité de faire une formation de comédien à Dakar, étant donné que l’école de théâtre d’Abidjan était fermée depuis 5 ans…Moi je tenais plutôt à obtenir mon Bac, moi aussi, et être étudiant, avec tout ce que cela impliquait comme prestige!(rire) Mais une fois à l’université, je retrouve le théâtre en face, et je le découvre dans tous ses aspects, dans toutes ses formes d’expressions, et c’était fascinant, avec surtout un formateur très passionné, méthodique et méticuleux….je n’avais plus d’autre temps. Le destin venait ainsi d’être scellé: à la fin de l’année scolaire je passe avec succès le concours d’entrée à l’institut des arts du spectacle.

Nous sommes dans les années 90 alors que les parents rêvaient de voire leurs enfants avocats, ministres ou docteurs les tiens étaient ils contre ou pour quand tu as décidé de faire de la comédie ton gagne-pain ?

Tu dois imaginer que j’ai dû braver beaucoup  de pressions de toutes parts! Par exemple mon grand frère qui m’a pratiquement élevé à Abidjan était interloqué quand je lui ai annoncé ma décision de ne  plus continuer à la Fac des Lettres…dans l’immédiat il n’a rien dit. Et il ne m’a plus adressé la parole pendant toute une semaine, parce que selon ce qu’il a confié à sa femme plus tard, je jouais avec mon Bac!…rires…il a tenté de m’en dissuader en me promettant son soutien total pour embrasser tout autre corps de métier qui pouvait me plaire…Mais j’ai eu la chance d’avoir des parents qui ne se sentent pas à l’aise quand ils me contrarient…je suis en quelque sorte leur enfant gâté…rires…j’avais donc décidé d’entrer à l’école de théâtre, et non sans crainte, ils m’ont laissé faire. J’ai l’impression que même aujourd’hui hélas, on ne voit que la fonction ludique du théâtre en Afrique. Je me souviens encore des mises en garde délicates de ma grand-mère qui n’arrêtait de me dire: "tu peux toujours continuer de réfléchir….le théâtre, ce n’est qu’une activité de jeunesse".

Mari frivole d’Akissi Delta et meilleur ami de Michel Gohou dans le téléfilm « ma famille » tu as connu un fort succès grâce à ce  feuilleton, parle nous un peu de cette aventure ? Et pourquoi as-tu arrêté le tournage alors que vous étiez déjà à la cinquième saison ?

Ma Famille, c’est un projet d’Akissi Delta. Elle l’a mûri aussi longtemps qu’elle cherchait des moyens pour sa réalisation, mais en même temps elle prenait des notes pour son casting. ce fut un défi à la fois collectif et individuel: collectif, parce que c’était la toute 1ère production de série télé privée de la place, alors qu’il y en avait déjà au moins 2 autres qui étaient adossées aux moyens de production , à la logistique de la télévision nationale, et qui avaient déjà fidélisé depuis au moins une décennie l’audience traditionnelle de cette télé. Défi individuel, parce qu’à part Gohou, Nastou et Amélie qui étaient déjà rendus célèbres par leurs productions au sein des GUINOLS, et de Delta bien sûr, tous les acteurs de notre série étaient d’illustres inconnus qui n’avaient chacun qu’une seule préoccupation: ne pas laisser l’opportunité de faire découvrir sa passion! Ce fut une très belle aventure. La production est encore aujourd’hui arrêtée sur décision de la production, et je n’en sais pas davantage, hélas!

Quel sont les relations côté professionnel que tu as  gardé avec le reste du groupe plus particulièrement Akissi Delta?

Sur le plan professionnel, nous avons gardé des relations de disponibilité permanente. Et plus particulièrement avec Delta, c’est des relations de profonde admiration et de respect mutuels.

Voila aujourd’hui 10 ans que le téléfilm est sorti et selon les rumeur d’Abidjan la majorité d’acteurs qui y figuraient  avaient signé certains  pactes pour que le film ne puisse plus avoir beaucoup de  succès .Certes, la vie et la mort sont la destinée de chaque homme, mais dans  votre milieu, l’on parle toujours d’un mal mystérieux, dévoreur d’argent, qui laisse sans ressources, amaigris et fini par emporter les artistes donc Victor Cousin et Rogine Zouzouo  plus connus sur leur  différent nom d’acteurs (Bagnon et Marie-Laure). Peux-tu nous en dire quelque chose à ce sujet ?

Attention aux excès, Sylvin! C’est vrai que les artistes passent pour des êtres assez sympa dont la disparition marquent les esprits de tous leurs semblables, même ceux qui ne les admirent pas particulièrement. Et si pour ceux des plus populaires d’entre eux, l’existence très médiatisée passe désormais sous l’effet de la loupe de l’attention et de la conscience générale, ils n’en sont pas moins hommes. Il leur arrive aussi donc de perdre la vie, et pas plus! La mort laisse toujours apparaître un vide qui suscite beaucoup  d’interrogations, surtout en Afrique, mais je pense que les gens ont fini par se faire à l’idée que nul n’est éternel, et on a alors évité aisément les extrapolations tendancieuses. C’est facile et très léger, et je m’excuse d’exprimer un certain agacement devant la question! je trouve un peu absurde qu’on raconte qu’un comédien scelle un pacte aussi vital pour le succès médiatique ou commercial d’une production qui ne lui appartient pas, et qui n’est qu’une brève escale de sa carrière…Personnellement je ne suis pas dans le secret d’une telle transaction mystique. Dans l’exercice de ce métier, je ne sers que ma passion. Sachez que je joue d’abord pour mon plaisir personnel. Et pour faire plaisir à moi-même, je n’ai pas besoin de compromettre mon existence! Tellement paradoxal! (rires). Nos amis qui nous ont abandonnés en chemin ont été arrachés à notre affection par des maladies cliniquement diagnostiquées. Et le secret de leurs bulletins de santé fait partie de leurs réserves d’informations. Le seul fait de n’y pas avoir accès ne rend pas systématiquement mystique la cause de leur mort. plaidons, svp, pour le respect et le repos de leurs âmes!

Apres 27 ans de carrière quels sons les résultats quel bilan ? Combien de trophées ? 

Oui, j’ai eu beaucoup de trophées et de distinctions dont le plus émouvant reste pour moi encore aujourd’hui, "le KILIMADJARO" du meilleur comédien de Côté d’Ivoire, décerné en 1995 (7 ans avant Ma Famille) à l’issue de la saison théâtrale, pour saluer mon interprétation de Juan Salcedo Alvarès, dans "Montserrat" d’Emmanuel Roblès

Et si l’on te demandait de laisser le cinéma  pour autre chose quel sera ton choix ?

ahahah! Je suis vraiment désolé, mais je ne suis pas en transit dans ce métier qui reste mon choix. C’est ma vocation!

Quel est actualité de Michel ?

Je prépare activement un tournage en tant qu’acteur dans une grande série togolaise, un autre tournage en tant que directeur d’acteurs, et une création de spectacle pour une tournée internationale

Marie ? Père de  combien d’enfants ? Avec ton emploi  du temps bien plein quel est la place qu’occupe ta famille dans ta vie?

Je suis marié et père de 2 enfants: un garçon qui vient d’obtenir son Bac D, et une vieille fille de 4 ans et demi (rire). C’est vrai qu’à cause de mon boulot j’ai un programme assez imprévisible. Mais ma famille reste un refuge pour moi. C’est pourquoi d’ailleurs je ne l’expose pas aux médias.

Et si tu étais président de la Côte d’ivoire que feras-tu la vraie paix dans ce beau pays ?

J’engagerais humblement le dialogue social

Et comment ce porte ton frère et ami Michel Gohou ?

Il va à merveille, mon ami, mon frère, et je n’en suis que très heureux!

Penses-tu que le cinéma en Afrique évolue ?

Le cinéma africain regorge d’atouts et de potentiels! il peut bien imposer son point de vue et faire entendre son son, pourvu qu’il brise ce complexe qui le maintient devant le miroir de l’autre…

Michel Culturebne.com te dit merci de nous avoir accordé cet entretien. Bon vent à toi dans tes projets.

C’est plutôt moi qui vous remercie!

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