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Killamel : « Je fais face à tellement d’adversaires dans ce milieu…»

Franc-parler, pertinence lyrique, personnage très en verve et déterminé, tous ces qualificatifs  seraient loin du compte pour décrire ce Muna Sawa. Il nous tardait alors de nous entretenir avec ce prodige du Rap camerounais et nous partageons cet échange avec vous.

Dis-nous tout d’abord comment tu as ressenti ta tout première tuerie « Vert-Rouge-Jaune dans le noir » à travers le pays ?

Je pense que c’est à Dieu qu’il faudra la poser parce que lui seul sait pourquoi chez certains il y a l’accroche et chez d’autres pas. Donc moi je fais ce que j’ai à faire, j’enregistre mes chansons et tout… ; la réaction du public est chimique, ça prend ou ça ne prend pas, c’est si simple que ça. Sinon, il se trouve que dans mon cas, à chaque fois que je fais des trucs le public  accroche et c’est tant mieux.

On remarque dans tes textes une certaine spécificité que tu accordes à ton appartenance à l’ethnie Sawa…, tu parles de ta « sawanité » ; que cherches-tu à prouver ?

(Rire), ce n’est pas que je veuille prouver quoi que ce soit car dans prouver c’est comme si j’avais des choses à montrer aux gens et ce n’est pas le cas. Avant de m’appeler Killamel mon nom c’est Ndoumbè, c’est-à-dire que c’est un fait ; le Cameroun est reparti en 10 régions, et avant d’être camerounais on vient tous d’une région précise mais la politique veut nous faire accepter le contraire. Il est alors important de savoir que le Cameroun en tant que République n’a que 52 ans, pour dire qu’avant l’indépendance on existait déjà. Donc je suis un Douala et fier de l’être, je ne vois pas la raison pour laquelle je devrais faire des plans mathématiques ou tracer des équations pour avoir à le dire tout haut. Notre grand problème en Afrique aujourd’hui est que nous nous ignorons suffisamment, on ne sait rien de notre culture, on ignore complètement l’histoire de nos villages, de nos villes, je ne parle même pas de notre pays. Killamel je m’assume, et je veux que ça se ressente dans ce que je fais, fier d’être Douala, ensuite d’être camerounais, et enfin d’être africain.

Dans l’une de tes chansons tu dis je cite : « Je n’ai pas besoin de boussole car je n’ai pas perdu le Nord, ce n’est pas un retour aux sources on ne les a jamais quitté…je suis fier de ma sawanité », explication ?

(Rire) là je voulais juste dire que même s’il m’arrivait d’être super riche demain, je garderai les pieds sur terre, donc ce n’est pas l’argent qui me définirait, et aussi que nous comprenons mal le concept de mondialisation en Afrique ; pour moi ça voudrait dire apporter sa partition au concert des nations, or nous nous n’apportons rien au contraire, nous ne faisons que copier. Dans mon premier album j’étais dans une bulle bien précise, je ne suis pas venu me faire voir mais montrer que j’avais des choses à dire. Donc j’ai rien à prouver à personne, je me présente tel que je suis.

Et pour parler de ton nouvel album « Kova Nova », quels sont les thèmes qui reviennent, combien de titres dispose-t-il et comment se le procurer ?

Il coûte 1000 frs et vous pouvez l’avoir sur tous les réseaux KamerAttitude ou via le numéro de Valdez qui est le 96 02 20 72 ; il  comporte 14 titres comme c’était le cas du premier, je ne sais pas ce que j’ai avec le chiffre 14 pourtant je suis né un 9 Juin (rire), il se trouve qu’au niveau de mes livraisons j’aime bien servir au public 14 joyaux, 14 pépites. Pour ce qui est des thèmes développés dedans, je dirais déjà que dans Kova Nova il y a « Nova » qui est une étoile très lumineuse, c’est la lumière en fait ; là je suis dans une logique de passage de l’ombre à la lumière. Là je me compare à une étoile filante qui, peu importe l’épaisseur des nuages, achève sa course. Vous savez nous sommes dans un milieu où, franchement je ne comprends pas pourquoi…, peut-être parce que j’ai chanté des « mami wata me nourrit » ou autre chose, mais je fais face à tellement d’adversaires dans ce milieu.

Qu’est-ce qui pourrait expliquer ce fait ?

Je ne sais vraiment pas pourquoi ; j’ai jamais convoité la femme de quelqu’un, je ne dois pas le moindre franc cfa à quelqu’un…

Peut-être parce que tu rappes bien ?

Peut-être (rire), qui sait ; mais franchement je n’arrive pas à me l’expliquer. Alors j’ai intitulé mon album Kova Nova, car peu importe l’épaisseur des nuages, j’achèverai ma course.

Beaucoup trouvent ta plume très pertinente, dans quel état d’esprit te mets-tu avant de te pencher sur ta feuille ?

Parlant de feuille, je vais vous surprendre, mais je n’en ai pas besoin, pour la simple raison que je n’écris pas mes textes, je mémorise mes paroles. 9a va faire quatre ans que je n’écris pas, j’ai essayé de développer ma mémoire, car j’ai compris qu’aucun disque dur ne sera aussi costaud que le cerveau humain. Apprenons à utiliser nos mémoires.

Est-ce à dire que tu n’as écris aucune chanson dans Kova Nova ?

Je puis vous l’assurer, de toutes les chansons de cet album aucune n’a été écrite sur papier ; c’est-à-dire que si je meurs aujourd’hui, on ne trouvera aucun manuscrit de mes chansons.

Tu risques frustrer certains rappeurs avec ce discours, Killamel ?

Non, chacun a ses méthodes, il y’en a qui se sentent à l’aise en studio quand ils ont du papier devant eux, et je respecte ça. De tout ce que je fais, je n’ai jamais cherché à me comparer à un autre, ce travail revient au public, moi je fais ce que j’ai à faire c’est tout.

Merci pour ton temps Killamel…

Ecoutez, c’est moi qui suis très honoré par une telle sollicitude.

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